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procurer. Je fais bien que je ne pourrois peutêtre pas m'oppofer efficacement aux préjugés; néanmoins je ferai ici une ou deux réflexions qui m'ont toujours paru du plus grand poids.

Le docteur Armstrong a déjà difcuté en habile homme, il y a environ vingt ans, l'objection prife du peu de capacité que les enfans ont de donner quelques éclairciffemens directs fur leurs maladies. Le même a fagement obfervé qu'on rencontre la même difficulté dans nombre de maladies les plus dangereufes parmi les adultes, & à tous les périodes de la vie. Ces maladies demandent cependant les fecours les plus effectifs : telles font les attaques de frénéfie, de délire & quelques efpèces de convulfions, les diverses affections de gens imbécilles & hypocondriaques : cependant toutes ces maladies ont quelquefois été traitées avec fuccès, fans excepter même les dernières dont je viens de parler ; & l'on a rendu ces mélancoliques à leurs familles, à la fociété.

En fuppofant donc que les enfans foient incapables de fournir, à un Médecin, les moyens d'établir un avis; à quel âge les enfans peuventils être confiés à fes foins? Car il eft certain qu'à l'âge même de cinq ou fix ans, il peuvent encore induire en erreur celui qui ne s'en rapportero it qu'aux détails qu'ils font de leurs fouffrances. On conviendra que leurs idées font trop confuses

pour présenter aucune notion distincte fur leur état; voilà pourquoi, s'ils ont l'eftomac malade, ils difent qu'ils ont du mal, & le mal eft pour eux une maladie. Souvent ils ne font aucune réponse à des queftions générales; & fi on leur demande s'ils ont du mal à tel endroit, c'eft celui-là qu'ils nomment, quoique l'on s'apperçoive après qu'ils fe font trompés.

Mais malgré tout cela, j'oferai dire que les maladies des enfans font fuffifamment indiquées par leur contenance, leur âge, les symptomes apparens, les détails qu'on obtient de ceux qui les foignent, ou qui les élèvent, ou par les pères & mères : on n'a donc pas befoin qu'ils défignent leurs maux auffi précisément que peuvent le faire les adultes. Je me crois d'autant mieux fondé dans mon affertion, que jamais je n'ai été moins embarraffé à prendre un parti, & à ordonner des remèdes, que pour les maladies des enfans ; & jamais le parti que j'avois pris ne répondit fi bien à l'opinion que j'avois conçue fur le fiège & la nature du mal. Il eft prefque généralement vrai que chaque maladie ou dérangement s'énonce comme de foi-même, & que ce n'eft plus qu'au Médecin à favoir bien faifir l'expreffion de la nature dans le mal qui fe présente: or, les maux des enfans ne s'énoncent pas moins clairement que ceux des adultes.

Quelque limitées que foient les connoiffances de l'homme fur chaque objet particulier, il y a néanmoins, en Médecine, comme dans toutes les différentes branches des fciences, des principes & certaines lignes de démarcation, à la faveur defquelles un homme expérimenté pourra marcher avec sûreté entre les deux dangereufes extrémités de faire, ou trop, ou trop peu; & il arrivera heureufement au terme tandis que d'autres s'en écarteront, faute de favoir les appercevoir & les fuivre.

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Qu'on me permette donc de faire ici cette demande. Eft-ce l'éducation, eft-ce l'obfervation & une longue expérience qui peuvent mettre un homme en état de furveiller les enfans, & de traiter leurs maladies? Affurément, des praticiens éclairés peuvent prétendre à cette prérogative, à l'exclufion des femmes & des charlatans.

Après avoir établi ma propofition avec toute l'impartialité poffible, & l'avoir traitée avec l'attention dont elle étoit fufceptible, j'obferverai que files maladies des enfans font plus faciles à connoître qu'on ne le croît, le nombre en eft auffi beaucoup (1) moindre leur cause

(1) C'eft auffi ce que dit M. Armstrong, après Harris, que cite notre auteur. Les enfans, ajoute M. Armstrong ne font pas fujets à ce nombre de maladies aiguës &

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plus (1) uniforme, & le traitement, au moins en général, beaucoup plus fimple qu'on fe l'eft imaginé.

Pour le prouver, autant que pour établir une pratique raisonnée, je vais en confidérer les caufes & le diagnoftic, ou la nature particulière, avant de paffer aux détails de la cure.

Je ne m'arrête pas ici au grand nombre des caufes éloignées; mais je me borne aux confidérations-pratiques du fujet même, pour indiquer les différentes occafions qui peuvent y donner lieu, & en marquer les fymptomes. Je me crois donc difpenfé de parler des divers changemens que la nature opère pendant la croiffance d'un enfant, tandis qu'il paffe fucceffivement d'un période à un autre; ce qui fait fans doute, une cause éloignée de plufieurs des maladies de cet âge.

Les caufes les plus ordinaires résultent de l'abondante fecrétion des glandes car, en général, les enfans ont, proportionnément, les

chroniques des adultes, &c. Les maladies héréditaires ne se manifeftent qu'en très-petit nombre dans l'enfance, &c. p. 9.

(1) Un des plus anciens Médecins pensoit de même à l'égard de toutes les maladies. Eft tamen una & eadem omnium morborum idea & caufa. De Flatib. Hippocr. Foës. p. 296, Ediț, 1621, Francofurti. C'est celle que je citerai,

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glandes (1) beaucoup plus groffes que les adultes. Je puis, à cet égard, nommer le thymus, & •particuliérement le pancréas & le foie mais, outre ces glandes, il y en a un nombre infini dans la bouche, la gorge, l'oefophage, l'eftomac, les inteftins, defquelles il découle continuellement un fluide dans les premières voies. C'est, fans doute, une fage précaution de la nature. Je ne puis donc me rendre au fentiment du docteur Armstrong, qui prétend que l'humeur gaftrique rend le chyle moins propre à être porté dans les organes de la feconde coction; mais comme on ne fuit pas exactement l'indication de la nature dans la manière de conduire

(1) Ce qui fuit, jufqu'à la page 12, eft la théorie de M. Armstrong; mais l'auteur n'étant pas ici du même fentiment fur l'effet de l'humeur de l'eftomac ou falivaire, voici ce que dit M. Armstrong : « J'ai observé, ci-devant, » que les fecrétions glandulaires, plus ou moins vifqueufes, "font beaucoup plus abondantes chez les enfans que chez » les adultes. Pendant que les enfans fuccent & tirent le » lait, les glandes de la bouche & de la gorge font preffées par la contraction des mufeles, & répandent » ainfi copieufement ce qu'elles contiennent or, cette » humeur fe mêlant avec le mucus de la gorge & de » l'eftomac, donne au lait une confiftance glaireuse, ce » qui l'empêche d'être absorbé fi facilement par les vais» fe aux lactés, &c,»

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