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Il ne me refte qu'à parler des aphtes noires; maladie fort rare, comme on en convient, parmi les enfans de cet âge. Le docteur Armstrong avoue qu'il n'a jamais eu occafion de les voir. Je n'en ai vu qu'un feul exemple dans un enfant trèsvigoureux. Quand on a nettoyé l'eftomac & les inteftins, je crois qu'une décoction de quinquina, foutenue d'un peu de confection cordiale, fera le meilleur moyen curatif. Cela eft même quelquefois néceffaire dans le traitement des aphtes ordinaires de la plus mauvaise espèce, lorfque les efcarres qui fe forment font épaiffes, opaques, & d'une teinte noirâtre. Ce fymptome est toujours de mauvais augure.

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CHAPITRE

CETTE

Efflorefcence bénigne.

I X.

TTE efflorescence (1) fe manifefte ordi nairement par de petites taches, & fe borne

(1) M. Hamilton définit ce que l'auteur appelle ici red-gum, « une efflorefcence de petits boutons rouges, qui » paroiffent fur nombre d'enfans presque auffi-tôt qu'ils » font nés: cela paroît & difparoît même plufieurs fois » fans inconvénient, pendant la lactation. On n'y apper»çoit aucun des symptomes de la rougeole: il ne s'agit » que de tenir le ventre libre, & de prendre garde que » l'appartement & les habits de l'enfant ne foient trop » chauds, ». P. 286.

C'est une de ces efflorefcences que les Grecs appelloient exanthifmes, pour les diftinguer des vrais exanthèmes plus permanens & plus caractérises; mais on a plufieurs fois confondu ces dénominations & ces affections parmi les modernes, quoique mal-à-propos. Le nom de red-gum, qui fignifie proprement gencive rouge, défigne spécialement des taches rougeâtres qui furviennent aux gencives d'un enfant, à la fuite d'un lait acrimonieux, ou devenu tel par fa réfidence dans la bouche de l'enfant, fur-tout quand on l'endort avec le tetton dans la bouche. Alors ce mal eft idiopathique, & n'a d'autre fiège que la partie affectée. Galien avoit connu cet effet d'un lait de mauvaise qualité

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au cou & au visage, au moins le plus fouvent. Quelquefois elle fe porte aux mains, aux jambes,

Quant à l'éruption dont parle l'auteur, elle eft le plus fouvent due au peu de foin qu'on a de bien laver un enfant, & pendant plufieurs jours après fa naiffance. L'humeur muqueuse qui enduit la peau, & l'a pénétrée pendant neuf mois, n'eft pas fi facile à déterger qu'on le penfe ;¡ l'épiderme cn cft au moins très-long-temps abreuvé. Je la regarde même comme la principale matière de toutes les efflorescences ou éruptions, à laquelle l'enfance eft fujette. On peut la regarder, fi l'on veut comme un effet de la force du fujet qui en est affecté: mais la nature feroit difpenfée de cet effort, fi on le prévenoit par des lotions fuffifantes, & des bains tièdes, dont je parlerai dans un autre endroit. Si ces éruptions bénignes ne font pas une maladie, elles peuvent y donner lieu, & même à de trèsférieuses. Un air frais ou froid fuffit quelquefois pour produire, en pareil cas, une fâcheufe révolution. En voici un exemple pris de M. Armstrong.

· P. 97. « Il y a quelques annnées que je fus appelé pour » un cas de cette espèce. Un enfant d'environ fix femaines » fut pris d'un dévoiement avec des tranchées, par la » rentrée d'une femblable efflorefcence. Cette petite fille 2 étoit fort mal depuis deux jours, quand je la vis la

première fois; & même fur le point de mourir. Elle » avoit le vifage livide, tiré, les yeux fixes, vitrés: elles » ferroit les poings avec des mouvemens convulfifs. Dès » que je connus la caufe de fon état, je la fis mettre dans » un bain chaud jufqu'à la poitrine, & bien frotter au ›› ventre, aux membres, pendant qu'elle étoit dans le

& s'étend même par tout le corps, comme de larges mouches, dont la furface s'élève en certains cas elle paroît auffi en forme de petites puftules, remplies d'un humeur limpide, & quelquefois purulente. Enfin, je n'ai jamais trop fu quel nom lui donner, que celui de rougeur confluente des gencives, lorfqu'elle fe manifefte à cette partie feule, ou peu après avoir paru ailleurs; mais elle n'eft jamais inquiétante.

Les différentes espèces de cette éruption viennent de la même caufe que les aphtes, & ne méritent prefque pas le nom de maladie; vu que c'est un effort favorable de la nature qui fe débarraffe de quelque acrimonie: conféquemment, c'est un effet de la force de la constitution, au lieu que les aphtes en font ordinairement un de fa foibleffe. Dans le premier cas, la nature jette au dehors, & à la furface, la matière qui l'offenfoit elle le fait plus complétement que

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» bain. A peine y eut-elle été quelques minutes, que fon » vifage prit un air agréable; fes yeux devinrent affez » vifs; & elle regarda autour d'elle comme fi rien ne » lui étoit arrivé : on l'enveloppa dans de la flanelle chaude: » mise au lit, elle fua beaucoup, & dormit plufieurs heures. "Lorfque la fueur fut paffée, je fis appliquer un véfica»toire entre les épaules. L'efflorescence ne reparut pas » néanmoins l'enfant recouvra toute fa fanté ».

dans le fecond. Lorsque cette éruption-là eft peu de chofe, il n'y faut aucun remède.

D'après ces détails, je vois que les écrivains n'en ont pas ordinairement fait mention, Je n'en aurois pas parlé non plus, fi je n'avois eu le deffein de tranquillifer les parens, qui, quelquefois en conçoivent de grandes inquiétudes, furtout fi cette éruption s'étend au loin, & devient confluente. Il faut feulement tenir l'enfant modérément chaud; autrement, l'éruption venant à rentrer, la matière fe jettera fur les premières voies. Il en réfültera une maladie, des cours de wentre, jufqu'à ce qu'elle reparoiffe à la circonférence du corps: affez fouvent même des aphtes, on leur prompt retour, fil'enfant n'en a été guéri que depuis peu de temps.

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