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CHAPITRE X.

Eruptions cutanées.

Les enfans font fujets à différentes éruptions

cutanées anomales, dans le premier mois de leur naiffance, & jufqu'à ce que leur dentition soit complétement terminée. Les premieres tiennent de la nature de celle dont j'ai parlé dans le chapitre précédent. Les enfans qui en font attaqués ont en général leurs inteftins dans le meilleur état ; car l'éruption, comme je l'ai dit, porte au dehors les acides dont ces enfans abondent.

Il en paroît une espèce (1) vers le temps de

1.

(1) L'auteur s'accorde ici avec M. Armstrong fur les points les plus importants: il a eu raifon de fuivre un habile maître qui a bien vu. Mais M. Armstrong remarque quelques circonstances qui méritent une attention particulière. Dans le cas de dentition, il peut arriver que l'enfant » ait de la fièvre (ce qui n'eft pas rare), pendant la nuit, "qu'il fait conftipé, que fes felles aient une odeur fétide » infolite. En pareil cas., on fuivra le traitement indiqué » pour la fièvre hetique de la dentition (on le verra "plus loin). Il faut auffi s'informer fi cela ne vient pas » d'un vice fcrophuleux, fcorbutique, vénérien.

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» Quoique j'ai eu nombre de ces maladies à traiter, je

la dentition; & quelquefois lorfqu'ils font convalefcens d'une fievre, où qu'ils viennent d'être

» n'ai encore pu me former, à cet égard, une méthode >> curative bien régulière. J'ai été obligé d'effayer différens » moyens pour arriver à mon but. Si les croûtes font », molles, & caufent un prurit, & que l'enfant ait le ventre > refferré, j'ordonne, foir & matin, l'éthiops minéral, » ou le lait de foufre, à dofe convenable, pour tenir le » ventre libre. Si l'éruption eft très-sèche, fquammeuse, » & que l'enfant ait un an ou plus, j'ordonne le quart » d'un grain, jufqu'à un grain de kermès minéral, felon

l'âge & les forces du fujet; on ajoute cela au lait de » soufre, ou bien on le mêle avec des poudres teftacées, fi » l'enfant eft d'un tempérament relâché. Quant aux enfans >> très-jeunes, j'ordonne de très-petites dofes de vin anti"monié, foir & matin, en augmentant goutte par goutte, jufqu'à ce que la prise du matin caufe quelques petites »›naufées,

"

› Durant tout le cours, je purge une fois au moins par » semaine, infiftant fur le régime le plus ftrict. Si l'enfant » eft à la mamelle, je défends à la nourrice les viandes "falées ou graffes, & toute liqueur fpiritueufe. Quelque" fois l'humeur de l'éruption eft violente, & le vifage défiguré. Les parens veulent qu'on faffe difparoître très» promptement cette difformité. Alors j'ai vu de bons » effets d'un véficatoitè à l'occiput, ou à la nuque; & j'entretins l'écoulement un peu de temps. Mais à préfent, je préfère d'appliquer le véficatoire fur la tête, » entre le front & la fontanelle, fur-tout quand les yeux " font affectés: ce qui me réuffit très-bien. Voici la recette

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délivrés d'affection douloureufe aux inteftins elle a toute l'apparence de la précédente; & fans

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d'un véficatoire, que je préfère à celui de la pharmaco

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de Cantharides en poudre, une once;

Faites bouillir dans demi-livre d'eau de fontaine
Réduifez à quatre onces";

Ajoutez de bafilicum jaune, quatre onces;

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Faites cuire jufqu'à ce que toute l'eau foit évaporée.

Lorfque les croûtes font très-humides, & les parties » affectées difpofées à refter dans un état de crudité »j'emploie l'eau végéto-minérale de Goulard en lotion, &

avec fuccès. Les préparations de plomb étant en général "reconnues dangereuses, j'eus de la peine à me décider sur » l'usage de ce topique ; mais les cures nombreuses dont ❤il parle, m'autorisèrent ; & j'en vis les meilleurs effets.

Si l'éruption eft violente, ou déjà ancienne, ou ac• “compagnée d'une fièvre hectique, de felles fétides, ce qui » arrive fouvent, je n'emploie aucun topique (excepté "le véficatoire fur la tête ), que quand le corps a été

tant

bien nettoyé, & la fièvre diffipée. Je fais la plus grande "attention à la diète, & je donne, à cet égard, les ordres les plus ftrics. Je défends toute nourriture animale, » que la fièvre perfévère, & que les felles font mauvaises & fétides. Cette dernière circonftance doit être foigneu fement obfervée dans les maladies des enfans.

"Si l'éruption a quelque apparence de virus vénérien,

être plus particulière à une partie du corps qu'à l'autre, elle fe manifefte plus fouvent au cou &

» ce dont j'ai vu des exemples dans la baffe claffe du » peuple, j'ordonne le mercure alkalifé à petites dofes » commençant par deux ou trois grains, foir & matin ; » j'augmente la dofe par degrés, jufqu'à cinq ou fix grains, » ou même plus, felon l'opiniâtreté du mal, l'âge, la » conftitution du malade, ayant foin de tenir le ventre » libre. En général, j'ai remarqué que cela réuffiffoit très» bien; je l'ai même ordonné dans prefque toutes les » espèces d'éruptions, lorfqu'il n'y avoit pas de fièvre » & avec le plus grand fuccès, foit feule, foit combiné 22 avec la magnéfie, ou le lait de foufre, ou la poudre » d'écailles d'huîtres, felon l'état des inteftins. Je pref» crivis, dans ces intervalles,. une pilule de calomel & », une infufion de rhubarbe, lorsque les felles avoient une >> mauvaise couleur ou une odeur fenfiblement fétide..

» Entre les différentes caufes de cette affection de la " peau, je dois remarquer ici les fuivantes, dont aucun » auteur n'a fait mention. La première eft ce que nous » appellerions chez nous furfeit, en françois furcharge, a ou excès dans le boire ou le manger le mot grec >> répond à la lettre au mot anglois). Cet inconvé

nient arrive à une femme, lorfqu'étant enceinte, elle 22 a bu, fans difcrétion, une trop grande dofe de quelque fluide ou liqueur foible, comme de lait, de petite bière, » & cela froid, ayant très-chaud. J'ai remarqué que cette éruption cutanée des enfans, à cette époque, étoit prefque toujours due à cette imprudence des femmes enceintes or cette affection eft extrêmement opiniâtre

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au vifage. Cette éruption eft réellement falutaire, & même critique, il ne faut qu'éviter le froid.

» La même indifcrétion dans une femme qui nourrit pro» duira le même effet fur l'enfant il en arrivera autant » du lait trop échauffé, ou trop long-tems gardé, que les " pauvres gens donnent imprudemment à leurs enfans "pour les foutenir pendant qu'elles font allées travailler.

» Je fais mention de ces circonftances pour engager les "mères, ou les femmes qui nourriffent, à éviter ces irré"gularités. Outre ces affections cutanées qui en résultent » pour les enfans, elles produifent encore affez fouvent » des effets funeftes & fubits, tant pour elles , que pour » les enfans qu'elles allaitent.:

"Il paroîtra moins étonnant qu'une boiffon copieuse de quelque foible liqueur, prife froide par une mère ou une, nourrice qui a chaud, puiffe donner lieu à une » éruption fur le corps d'un enfant, fi l'on confidère » combien il se voit de gouttes-rofes, ou de vifages remplis » de boutons, de puftules enflammées, qui ne font dues » qu'à cette caufe, & qu'on a bien de la peine à guérir: mais j'obferverai ici, que quand une mère ou une » nourrice commettent ces erreurs c'eft le plus fouvent fur l'enfant qu'en paroiffent les effets, fans que la mère » ou la nourrice en foient aucunement affectées. Au moins ai-je lieu de croire que cela eft ainfi arrivé, toutes les

.

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fois

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que j'ai vu cette éruption due à une femblable » imprudence.

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» Ces affections cutanées ont encore lieu par une autre caufe dans la baffe claffe du peuple. Les femmes y » prennent des alimens groffiers, indigeftes, des liqueurs

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