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Je n'en fais mention, que parce qu'elle est trèsordinaire, & que les parens qui ne la connoiffent pas pourroient s'en alarmer.

Il y a une autre éruption fort commune, que les médecins appellent vulgairement Croûte de lait. Malgré fon apparence fort défagréable, elle n'eft pas plus dangereufe que la précédente : elle prévient même les autres dérangemens. Tous les enfans que j'en ai vu atteints en grande quantité, étoient de petits individus très-robuftes; & ils ont très-bien fait leurs dents. Elle paroît d'abord au front, occupe la moitié du vifage, en forme de grandes croûtes détachées, & a toute l'apparence de celle de la petite vérole, lorsque celleci a commencé à tourner. Il n'y a que peu de chofes à faire ici; mais dans les cas critiques, il faut entretenir un véficatoire continuel. Ces

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» fortes, & même très-violentes, lorfqu'elles font groffes » ou qu'elles allaitent. Quant aux alimens folides, elles en » conviennent; mais il en eft peu, parmi elles, qui convien» nent de l'ufage qu'elles font de ces boiffons violentes » telle que l'eau-de-vie, &c. Cependant, j'avoue qu'il y a » moins d'affections cutanées dues à cette caufe, parmi les » enfans de ces femmes, qu'on pourroit naturellement le » préfumer dans une ville telle que Londres ».

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Rofeen a fait voir, par les effets, combien il eft dangereux pour les enfans que les nourrices boivent de l'eaude-vie & autres liqueurs femblables, p. 6, &c.

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croûtesdifparoiffent d'elles-mêmes lorfque l'enfant a fait trois ou quatre dents; quoiqu'elles fe foutiennent quelquefois pendant plufieurs mois. J'ai remarqué que les poudres teftacées, & divers altérans ne produifirent aucun effet. Je voulois me rendre aux defirs de gens de qualité, qui veulent toujours voir difparoître promptement ce fymptome. Derniérement on me confulta pour un enfant qui avoit pris un grain de calomel, ou mercure doux, pendant plufieurs mois & fans aucun avantage, que celui de n'en avoir heureufement pas reffenti de mal: ce qui eft bien rare, lorfqu'on adminiftre des médicamens actifs fans néceffité.

Cette éruption paroît quelquefois d'affez bonne heure; & en a impofé à ceux qui ne font pas habituellement parmi les enfans. On l'a prife pour un effet du virus (1) vénérien : j'eus occa

(1) L'auteur a raison, fans doute. Mais outre ce que je viens de produire de M. Armstrong, & fans citer Rofeen, chap. 27, voici ce qui eft arrivé à un enfant de feize mois & demi. Ce fut à cet âge qu'il lui parut à la tête plufieurs boutons un peu durs, fur-tout près de l'apophyse mafoïde & fur le front, après une espece de croûte laiteufe qui avoit difparu en grande partie. La nourrice n'y avoit presque pas fait attention, lorsqu'un de ces boutons s'amollit & fuppura: bientôt cinq autres fuppurèrent,

fion d'en voir un exemple il y a peu de temps. Je confeillai de tenir feulement le ventre libre avec

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ou plutôt répandirent une espèce de fanie affez claire: ce qui ceffa, moyennant quelques topiques que cette femme y mit à différens intervalles. Deux mois après, la tête fe couvrit encore d'une autre croûte, comme laiteuse, & l'enfant fouffroit beaucoup lorsqu'on lui touchoit la tête : fil parut quelques croûtes fur le front, & même fort sèches je vis l'enfant à ce période. Après les informations les plus exactes, j'eus lieu de foupçonner que le mari de la nourrice avoit encore, dans les humeurs, un refte de virus vénérien, quoiqu'il fe portât bien en apparence, & que fa femme ne fe fût jamais apperçue d'aucune marque externe de cette maladie chez elle.

Je confeillai de retirer l'enfant, & fans rien dire à fes père & mère du mal que je foupçonnois chez lui, je lui fis prendre deux bains chauds tous les jours pendant une femaine, quelques boiffons légèrement apéritives, & les pilules fuivantes, que j'apportai toutes faites.

Recette.

d'Extrait de piffenlit, un fcrupule.

d'Extrait de ciguë, autant,

de Gomme gutte, deux grains.

de Mercure doux, fix grains.

Mêlez bien, en triturant, pour en faire vingt-cinq pilules.

L'enfant en prit une foir & matin pendant les quatre premiers jours. La première, dans deux cuillerées de bouillon léger; la feconde, de même, après-midi, ou le foir en allant au lit. Le cinquieme jour il commença à en prendre deux

un peu de magnéfie; le mal, loin d'empirer, difparut comme d'ordinaire, lorfque l'enfant eut fait quelques dents.

Dans toutes les maladies éruptives de cet âge, il faut foigneufement éviter que l'enfant foit frappé du froid; & lui tenir le ventre libre. S'if fent du mal à l'eftomac, un peu de magnéfie, de poudres teftacées, ou de poudre compofée de

le matin & le foir, & continua ainfi : je fis préparer trois fois la même dose. Sans l'affamer, je le mis à une diète légère les tubercules & les croûtes difparurent. Le mal étoit donc le produit d'une caufe bien différente que les affections que décrit Celfe, Liv. 7, chap. 6. Il faut toujours fuivre le confeil de Celfe dans la diète qu'on prescrit aux enfans malades: Dandaque opera eft, quantùm fieri poteft, ut inter opportunam abftinentiam, cibofque opportunos nutriatur. Liv. 3, chap. 7 ; & ne pas perdre de vue les aphorifmes 13 & 14, Sec. 1, d'Hippocrate. On voit par-là le milieu qu'il faut prendre, à l'égard des enfans, dans cet autre avis très-sage d'un des plus anciens Médecins : Morbi quicumque ulcerum genere continentur, & reliquo corpore fupereminent, unà cum medicamento fame curandi funt. De Loc. in Hom. Hippocr. Foës. p. 420. « Dans toutes » les maladies qui font comprises fous le genre des ulcères » & qui font éruption à la fuperficie du corps, il faut » joindre la faim aux. médicamens pour les guérir". Cependant, l'abstinence qui convient dans les cas d'ulcères récens, n'eft pas toujours auffi néceffaire pour ceux qui ont déjà fubfifté quelque tems. Hippocr, de ulcerib.

contrayerva jointe à ces médicamens, pourra s'employer de temps en temps avec avantage. Si l'éruption rentre précipitamment, on lui fera prendre quelque grains de la confection cordiale, dans de l'eau fimple de menthe.

Siles croûtes deviennent très-sèches & dures, ce qui arrive quelquefois, fur-tout quand elles se portent jufqu'au fommet de la tête, on pourra les oindres légérement d'un peu de crême chaude, mais feulement par petite partie à la fois : lorfqu'elles font très-humides, & caufent de la douleur en s'attachant au bonnet, il faut y jetter un peu de (1) poudre à cheveux, les couvrir d'un linge un peu rouffi. C'est tout ce que j'oferais y faire; car en fupprimant une éruption confidérable à la peau, il pourroit en résulter les plus dangereux effets.

(1) Point de poudre. Je dirai pourquoi plus bas.

CHAPITRE

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