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DE LA SUPPURATION DES OREILLES. 81

IL eft

CHAPITRE X I.

De la Suppuration des Oreilles,

Left fi ordinaire de voir de petites véficules & de légères ulcérations derrière les oreilles des enfans, que les pères & mères les connoiffent trèsbien. En général, ces maux n'ont befoin que d'ê tre lavés avec de l'eau froide, ou couverts d'un linge rouffi, pour empêcher que le bonnet ne s'y attache, & ne caufe de la douleur à l'enfant : d'ailleurs on doit les regarder comme très-utiles, fur-tout pendant les douleurs inteftinales, ou l'éruption des dents. Néanmoins il furvient quelquefois aux enfans corpulens, fur-tout vers la dentition, une espèce d'ulcère qui exige de l'attention, car il s'étend en defcendant le long du cou, caufant beaucoup de douleur ; & avec une fuppuration qui gagne de plus en plus.

En pareil cas, on doit commencer la cure par un véficatoire appliqué fur le dos, pour attirer la férofité qui fe jette fur les parties affectées. J'ordonne communément une poudre apéritive teftacée, compofée avec la rhubarbe & la mufcade: je joins à cela un peu de mercure doux,

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ou de cinnabre d'antimoine

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ou d'éthiops (1) minéral. Ce dernier m'a paru beaucoup plus utile dans les maladies éruptives des enfans de cet

(1) Rofeen confeilloit de s'abftenir de tout répercuffif, capable de fupprimer cette humeur. « Si l'écoulement n'eft » pas encore établi, dit M. Hamilton, il faut bien laver », la partie & la bien effuyer; quelque chofe qu'on ait

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dit de contraire pour autorifer cet écoulement. Mais s'il "eft une fois établi, il eft dangereux de le fupprimer, » avant d'avoir pratiqué un autre égout. Si cependant " on craignoit que la matière ne tendît à faire éruption » ailleurs, il faudroit la favorifer avec prudence; mais » tenir la partie toujours bien propre. Pour y porter >> remède & faire ceffer le mal, on lavera la partie » affectée avec une légère folution de fucre de faturne; », & s'il eft befoin, on y appliquera enfuite un peu de » cérat, tenant le ventre libre modérément, (c'eft le pré»cepte des anciens pour tous les cas ulcéreux ou qui >> rentrent fous ce genre. Hippocr. de ulcerib. ) avec de » petites dofes de rhubarbe & de magnésie; ce font" là les principaux remèdes. Cependant on observera » qu'ici, comme à toute autre partie, à l'aîne, aux aiffelles, "il ne faut employer les préparations de plomb qu'avec

réferve; car il y auroit du rifque à les continuer long» tems. Abforbées par les pores, elles occafionneroient

des tranchées, des coliques, & même des attaques de » fpafmes, p. 285. Le grand point eft d'empêcher ou d'arrêter l'inflammation, fans quoi il n'y a pas de guérison à elpérer. Hippocr. de ulcerib. En general, c'eft ici un de ces cas où il faut favoir être utile, ou ne faire prefque

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âge, qu'on ne le croit vulgairement; mais on emploiera, fur-tout avec fuccès, un liniment mercuriel fur les ulcères : quoiqu'ils paroiffent fouvent enflammés, cela ne leur fait aucun tort. Voici une très-bonne compofition pour ces vues: prenez

de Mercure doux ou calomel zi à zii;
d'Onguent de fleurs de fureau zi.
Faites un liniment.

On étendra ce liniment fur un linge double

rien, de peur de devenir nuifible. Hippocr. Epid. L. 1. Stat. 3 vers la fin.

Les anciens auguroient bien de ces éruptions pour l'avenir. Ces petits ulcères à la tête, aux oreilles, & à toute autre partie du corps; la bouche abreuvée de falive, le nez rendant beaucoup de mucofités, leur faifoient meme préfumer que jamais ces enfans ne feroient attaqués de mal caduc. De morbo facro. Hippocr. Foës, p. 304. M. Armstrong obferve très-judicieusement, qu'un air froid. peut fupprimer cette évacuation falutaire; & que dans ce cas-là, ou en l'arrêtant par un topique, la matière peut fe jetter fur les inteftins, & caufer des convulfions. Rofeen & d'autres en ont vu les yeux fort offenfés. L'un & l'autre ordonnent un véficatoire derrière l'oreille, ou entre les deux épaules, pour fuppléer à l'écoulement. Du refte M. Undervood fuit, en général, ce que dit M. Armstrong, P. 177,

pour en appliquer deux fois par jour; & l'on en verra des effets plus réels que de toutes les fomentations, & de tous les onguens. Au moins m'a-t-il toujours réuffi dans les cas où l'on m'affuroit que les ulcères s'étoient étendus de plus en plus, & profondément, pendant l'usage de différens autres topiques.

Je n'ai jamais remarqué aucune mauvaise fuite de ce traitement: les enfans ont joui d'une auffi bonne fanté que fi leurs ulcères étoient restés ouverts. Or on fait que quand ils font d'une nature bénigne, la nature ne les forme que pour garantir ces individus d'autres inconvéniens, dont je vais parler.

CHAPITRE XI I.

Du Vomiffement.

LE vomiffement n'eft affurément pas un déran

gement ordinaire dans les enfans,confidéré comme maladie; à moins qu'il ne foit lui-même le fymptome d'une maladie, ou la conféquence d'un dérangement mal traité. Les enfans en fanté ne font pas difpofés à vomir fouvent, fi l'eftomac n'eft pas furchargé, dans ce cas ils rejettent le lait auffi-tôt qu'ils l'ont pris, & même fans qu'il y ait aucun changement, mais ceci n'eft pas non plus une maladie, & n'exige pas les foins que (1) recommandent quelques écrivains. En

(1) Quoique les réflexions de l'auteur foient dictées par la prudence, il n'eft pas moins vrai que le vomiffement, qui eft prefque toujours fymptomatique dans fes commencemens, peut dégénérer en une maladie très-férieufe, & qu'il mérite la plus grande attention, « & qui, dit très-bien » Roseen, p. 296, exige les fecours les plus prompts: pour » ne rien dire de la perte que fait néceffairement le corps, lorsque les alimens ne peuvent y refter; ni combien » les humeurs deviennent acrimonieufes lorfqu'elles ne " font pas renouvellées par un nouveau fuc nutritif ». Celse avoit déjà fait cette réflexion, affuefcit corpus non ali ; & ob hoc infirmum erit, &c. Liv. 1, chap. 3.

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