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pas toujours apperçu. Dans la Médecine, comme dans tous les afts, l'analogie (1) est une fource intariffable d'erreurs, & le fujet de mille débats qui ne jettent pas une étincelle de lumière dans les principes de l'art. Je citerois, à cet égard, un de ceux qui se font beaucoup occupés des maladies de l'enfance. Rofeen, non Rofeen, n'a pas fait affez d'attention à ce point effentiel. Plus fait pour obferver les cas particuliers, que pour en généralifer les rapports, & en déduire par conféquent des principes lumineux, il a peu diftingué les maladies des enfans du premier âge ; & prefque par-tout illes perd de vue, pour s'occuper de celles des adultes. Je n'avois que trop fenti ce défaut, lorfque je fis la traduction de fon ouvrage. J'ai voulu laiffer juger le public, & j'ai vu qu'on penfoit comme moi, malgré les juftes éloges qu'on a donnés à fon travail,

(1) Cette vérité eft fortement inculquée dans les mémoires de Stockholm. 1784, p. 278. Vi ej altid bare domma efter analogie, jom fo bedragit off.

Harris eft le premier qui ait affez bien entrevu jufqu'à quel point les maladies de l'enfance fe différencioient de celles des âges fubféquens. Malheureufement il eut à lutter contre les théories les plus abfurdes, & fut plufieurs fois entraîné par les erreurs de fon fiècle.Sydenham combattoit en même tems avec de glorieux fuccès les principes erronés de l'école de Galien ; & l'on peut affurer que les adultes lui ont encore plus d'obligation que les enfans n'en ont eu à Harris. En effet, qu'on juge Harris fans prévention, l'on verra qu'il n'évite, en nombre de cas, un extrême, que pour se jetter dans un autre. Contraint de combattre les plus dangereux préjugés & d'interroger la nature par des expériences fouvent fort critiques il voyoit la Médecine des enfans prefqu'au même état où étoit la Médecine, à peine naiffante, à (1) Crotone

(1) Voyez M. Meyner Profeffeur à Gottingue : Hiltoire de l'origine, des progrès & de la décadence des fciences & des arts, en Grèce & à Rome. T. 1, p. 480. Il femble que ces Philofophes aient débuté par la pratique de Cybèle, qui, au rapport de Diodore de Sicile,

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parmi les difciples de Pythagore. Il fe fit des monftres des acides de l'enfance, prodigua les abforbans; heureux avec les fujets fains & robustes, mais nombre de fois dupe de fon hypothèse, à laquelle il ne manquoit cependant que d'être limitée. Son ouvrage le prouve affez.

Le principe qu'il avoit adopté pour base, étoit de corriger d'abord les acides nuifibles ou viciés, même dans les cas les plus critiques, & où il faut favoir agir fans trop raifonner; enfuite il procédoit aux évacuations. Mais par quels moyens? Avec des dofes de purgatifs, qui fouvent fe feroient trouvé fortes pour un adulte:mais n'oublions pas le bien qu'il a fait. Malgré fes erreurs, il a mis les Médecins fur la véritable route. D'après fes théories, on a fu mieux juger des acides de l'enfance, & employer plus à propos les moyens qu'il a indiqués: on les a fubordonnés au but effentiel de la nature,

guériffoit les maladies des enfans par des purifications & des facrifices: ce qui a échappé à M. Meyner.

& l'on a promptement ufé des purgatifs fans les craintes qui l'arrêtoient.

Rofeen fut appercevoir le bon & le mauvais de la pratique de Harris, & fut plus heureux, mais fouvent fans méthode. On eft cependant toujours plus fatisfait de ce qu'il dit, que de ce qu'on trouve dans Hofmann, Aftruc, & plufieurs Ecrivains Anglois que je pourrois citer. On voit, avec peine, qu'il s'écarte trop fouvent de fon but.

M. Underwood, ci-devant Chirurgien de l'hôpital des femmes en couches à Londres, & actuellement membre du collège des Médecins de cette capitale, s'étoit déjà fait connoître avantageufement par un Traité (1) fur les ulcères des jambes, fi fréquens en Angleterre dans la baffe claffe des habitans, & par quelques heureux apperçus fur les tumeurs fcrophuleufes,&fur les excoriations du fein. Obligé, par état, d'être parmi les enfans du premier âge, il a été à portée de faire des obfervations fur leurs maladies, &

(1) Imprimé en françois, chez le même Libraire.,

de confirmer fes théories par l'infpection continuelle de ces petits êtres, fouffrans de diverfes manières. C'eft ainfi que l'art s'éclaire & fe perfectionne. Son ouvrage reçu on ne peut plus favorablement dans fa patrie, eft d'autant plus précieux, qu'il fe borne à ces maux de la première enfance. Ceux qui l'avoient précédé dans la même carrière, avoient abfolument oublié plufieurs accidens, qui font uniquement du reffort de la Chirurgie. Il a donné, cet égard tous les éclairciffemens dont on a befoin, même lorfque les cas exigent la main d'un homme de l'art.

à

L'auteura bien fenti une vérité dont (1). Platon avoit connu toute l'étendue : c'eft

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(1) Voici comme Platon fait parler Demodicus à Socrate, dans fon Theagès. « Socrate, il en eft de l'homme » comme des plantes. Nous autres cultivateurs nous " pouvons facilement préparer tout pour planter, & ensuite » planter; mais quand ce qui eft planté a pris vie, c'est » alors que fe multiplient les difficultés, & que les foins » néceffaires pour le faire croître deviennent très-pénibles. » Il en eft ainfi de l'homme ; & j'en juge par ce qui » m'arrive à l'égard de mon fils

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