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Cette divifion de ce continent fe fait par la mer Méditerranée & par le golfe Arabique, ou la mer Rouge. La distance de ces deux bayes, ou la largeur de la gorge de terre qui fépare ces mers eft d'environ 40 milles d'Allemagne; de forte que fans ce petit ifthme, l'Afrique formeroit elle feule une terre ferme, & feroit mife au nombre des continens.

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Le vieux Monde n'eft pas fort éloigné, de l'Amérique à l'eft par les détroits d'Anian ou d'Uries, s'il eft vrai qu'ils exiftent; mais le trajet le plus court que l'on connoiffe d'Europe en Amérique eft entre la Norvege & Terre-neuve.

La diftance la plus courte entre le vieux Monde & le continent arctique eft par la mer Glaciale; pareillement le vieux Monde n'eft pas fort éloigné du continent méridional vers la nouvelle Guinée.

2°. Le nouveau Monde, ou l'Amé rique, eft tout environné par l'océan : Vers le nord on doute fi c'eft de la . 'mer ou de la terre qu'il y a après les détroits de Davis;

A l'eft il eft borné par l'océan Atlantique ;

Au fud, par les détroits de Magellan;
Et à l'oueft, par l'océan Pacifique.

Le nouveau Monde eft auffi divifé en deux prefqu'ifles à Panama & Nombre de Dios, où l'océan Atlantique & la mer Pacifique ne font féparés que par une petite gorge de terre.

L'Amérique n'eft pas bien éloignée de l'ancien Monde vers le détroit d'Anian ou la mer du Japon; elle n'est pas fort éloignée non plus du continent arctique par le détroit de Davis, & n'eft séparée du continent méridional que par le détroit de le Maire, & par la mer Magellanique.

Les continens arctique & antarctique font environnés de mers de tous côtés ; le premier, à ce qu'on croit, par la mer du nord aux détroits de Davis, d'Uries ou d'Anian, & par la mer Glaciale, & le dernier par la mer du Sud, l'océan Pacifique, l'océan Indien, & par le dé

troit de le Maire.

3°. Le continent arctique n'eft pas loin du vieux Monde par la mer Glaciale, ni de l'Amérique au détroit de Davis; mais il eft féparé du continent antarctique par un intervalle immenfe.

4°. Le continent antarctique n'eft pas éloigné de l'ancien Monde à la prefqu'ifle de la nouvelle Guinée; il est séparé de l'Amérique par les détroits de Magellan & de le Maire.

On n'a pas encore pû découvrir certai nement fi le vieux Monde, l'Amérique & le continent feptentrional, font environnés de la mer, & féparés les uns des autres. Il y a pourtant apparence qu'ils le font, à caufe des différentes bayes, & des embouchures des détroits qui vont de l'océan dans les terres. Il n'y a que le continent méridional dont on ait fait entiérement le tour; de forte qu'on eft certain qu'il eft environné de mers de tous côtés, & par conféquent féparé des autres. Mais on n'á pas encore la même expérience par rapport aux trois autres ; car on n'a pas navigé autour du vieux Monde au-delà du détroit de Weigats quoiqu'on ait parcouru toutes les côtes à l'oueft, au fud & à l'eft, & qu'il n'y ait plus qu'une petite partie de la côte du nord-eft à découvrir (a). On a navigé

(a) Toutes les tentatives que les Européens ont faites pour découvrir un passage Tome I.

I

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auffi tout autour de l'Amérique, à l'ex

aux pays orientaux par le nord-est, ont été infructueufes jufqu'à préfent. On croyoit autrefois que ce peu de réuffite venoit de ce que les Navigateurs ne dirigeoient pas leur route affez près du pole feptentrional, dans la fauffe perfuafion, ou que la partie de mer entre la nouvelle Zemble & le continent de Tartarie, étoit pratiquable, ou qu'ils pourroient la côtoyer le long du nord de la nouvelle Zemble & de la Tartarie, jufqu'à ce qu'ils fuffent parvenus aux détroits de Jeffo; ce qu'ils n'ont jamais pû faire par la raifon que la plupart de ces côtes feptentrionales font glacées à plufieurs lieues du rivage, fur-tout pendant l'hi. ver, quoique la pleine mer ne le foit pas, même fous le pole, fi ce n'eft, par exemple, aux approches de l'été, quand la gelée ceffe, & que la glace qui tenoit 40 ou 50 lieues d'efpace fur les côtes, fe détache de la terre & flotte dans la mer; ce qui a forcé plufieurs Navigateurs à abandonner leur projet, & à s'en retourner. Voyez les Tranfact. Philof, n°. 118. page 417. Rempli de cette derniere idée, le capitaine Jean Wood, le dernier navigateur qui ait cherché le paffage au nord-eft en 1676, gouverna droit au nord-est, en partant du cap feptentrional de Norvege, afin de tomber entre le Groenland & la nouvelle Zemble, mais il ne put pas trouver de mer ni de paffage entre ces pays. Il remarqua

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ception d'une partie des côtes fepten

au contraire, que la glace étoit attachée immuablement fur, la côte de la nouvelle Zemble, & que tous les pilotes Anglois & Hollandois s'étoient trompés, en conjecturant qu'il y avoit autour de là une mer ouverte ; car il n'a pû pénétrer que jufqu'au 36 dégré de latitude, à caufe de la glace qu'il auroit fallu des fiécles pour dégeler. C'eft pourquoi il conclut que le Groenland & la nouvelle Zemble doivent être un même continent, parce qu'il n'y a point rencontré de courant, mais feulement une petite marée qui monte d'environ huit pieds, & reflue auffi-tôt. Quand même on conviendroit au contraire que les continens d'Afie & d'Amérique font féparés par la mer Océane, on peut être affuré que les difficultés du paffage au nord-eft font infurmontables, & que vraisemblablement on ne le cherchera jamais. Etat préfent de toutes les Nations par Salmon, vol 6, page 380.

Je ne m'étendrai point fur les avis qu'on a reçus depuis quelque tems de Mofcovie d'une expédition faite par le capitaine Berring pour trouver ce paffage du nord-eft, dont on imprime actuellement le voyage à Moscow. Il y affure qu'il y a une mer libre & navigable vers la pointe du nord-est de la Tartarie, & croit que le paffage eft libre auffi à la mer de la Chine, ou, comme l'appellent quelques Géographes, à la mer du Japon.

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