Imágenes de páginas
PDF
EPUB

plufieurs pieces qui prouvent le contraire (*); après avoir dit qu'ils furent poursuivis en Angleterre & en Allemagne de même façon qu'en France (13), il dit ailleurs de l'Allemagne qu'on ne les y traita pas avec autant de rigueur qu'en France (14); de la Baviere & de l'Autriche, qu'on ne penfoit pas à inquiéter le peu de Chevaliers qu'il y avoit (15); de l'Angleterre, qu'on n'y fut pas de même fentiment touchant les crimes de l'Ordre (16). A la page 50, il veut que Monçon, qu'il appelle en Latin Monfgaudii, ait été donné aux Templiers en 1143, & à la page 111, il fait dire à Jongelinus que Monçon étoit chef-lieu d'une ancienne Chevalerie distinguée des autres Ordres Militaires, & réunie dans la suite à celui de Calatrava; à la page 59, il fait dire à Villani qu'il y avoit cent quatorze Evêques au Concile de Vienne, & plus bas, page 431, qu'il y en avoit trois cents. C'eft encore par une fuite de fes inadvertances que M. Godefroi a défiguré les noms de familles (17), confondu les noms de villes (18), & avancé des faits dont on ne retrouve aucune preuve :

(*) M. Smolett, tom. 5 de fon] (17) Torroge pour Tourouge, Credon Hiftoire d'Angleterre, pag. 450 & 451, pour Craon, Montbarré pour Monbard, eft tombé dans une contradiction à peu- Montedon pour Monredon, de Barris près femblable. pour des Barres, &c.

(13) Avant-Propos, pag. 3. (14) page 66.

(15) Ibidem.

(16) page 307, 52.

(18) Montgaufi pour Monçon, Accone pour Acre, Naples pour Naplouse, Coverin pour Cobern, &c.

favoir;

favoir, que le Patriarche Foulcher entreprit le voyage de Rome contre les Templiers; que Jacques de Molai fut fait Grand-Maître par brigue; que Marshal, Comte de Pembrok, fut Chevalier du Temple, &c. Avec tout cela, M. Godefroi prétend que fon édition eft de beaucoup fupérieure aux précédentes, &, pour en convaincre le public, il en annonce ainsi les avantages:

1o. dit-il : Elle eft divisée en chapitres. Plaifante idée! Le texte de Dupuy ne contenant pas plus de foixantequatorze pages in-douze, il est très-indifférent au public de les avoir par chapitres ou autrement. S'il étoit vrai que cette diftribution mît les faits & les preuves dans une évidence plus grande, & procurât au lecteur plus de goût & de facilité, nos célebres Hiftoriens, les Fleuri, les d'Orléans, les Choisi n'auroient pas manqué de la fuivre.

2o. On en a retranché tout ce qui étoit étranger à l'Hiftoire des Templiers, comme le Schifme d'Avignon, &c. Nous en faurions gré à l'Editeur, fi à la place de ces retranchemens il nous eût fait part de quelques nouvelles découvertes fur la difcipline réguliere & militaire de cet Ordre, fur fon gouvernement, fur le bien ou le mal qu'on en a dit. Loin de là, M. Godefroi nous fait acheter bien cher de longs paffages, extraits des Hiftoires les plus communes, telles que font celles de l'Abbé Fleuri, de Nangis, de M. Baluze, qu'il fuffifoit d'indiquer, comme des fources auxquelles il eft libre à chacun de

b

fi fécond en notes inutiles, n'en donne ici qu'une feule, par laquelle il s'imagine prouver que S. Bernard compofa cette regle, par cela feul qu'il en avoit reçu la commission du Roi Baudouin. Il n'eût pas été inutile d'expliquer ce que la regle entend par greunones, oblatio, carpeta,&c.; ce que fignifient ces mots du vingt-neuvieme chapitre : De roftris & laqueis manifeftum eft effe gentile & cum abominabile hoc agnofcatur, prohibemus; de même que ces autres du quarante-quatrieme; Nullus Frater facere præfumat manducaria linea vel lanea idcircò prius principaliter facła, nec habeat ulla excepto cofinello, aliàs profinello. Ducange a expliqué ces termes obscurs: on pouvoit adopter ses gloses & les mettre en marge par forme de notes, alors il y auroit eu quelque apparence d'utilité dans le fervice qu'on prétend nous rendre en faifant réimprimer la regle des Templiers.

il

5o. On a jugé à propos d'ajouter plufieurs pieces qui pourront fervir un jour à celui qui voudra faire une Hiftoire plus détaillée du Concile de Vienne. S'il eft vrai que les actes de cette affemblée ont péri par le feu, y auroit de la témérité à en entreprendre une Hiftoire plus exacte que celle de l'Abbé Fleuri. M. Godefroi pouvoit même se difpenfer de nous la copier en près de vingt colonnes on auroit fu où la trouver fans cela. Toutes les pieces qu'il ajoute à cet extrait ne renfermant aucune nouvelle découverte, on ne conçoit pas comment il a pu s'imaginer qu'on lui feroit redevable de nous avoir

furchargés de pieces tant de fois répétées dans les collections des Conciles, dans Dupuy, dans les Bullaires, dans Rymer & ailleurs. Si jamais il prend envie à quelque favant de faire une Hiftoire particuliere du Concile de Vienne, il fe gardera bien de puifer dans d'autres fources: -ainfi, tous les foins que s'eft donné à cet égard M. Godefroi font en pure perte, & d'autant plus inutiles que fes pieces ont beaucoup moins de rapport au Concile de Vienne qu'aux Ordres Militaires du Temple, de l'Hôpital, de Christ & de Montéza.

6°. On ajoute plus de deux cents pieces juflificatives dans cette édition, qui manquent dans les autres.... · & qui nous ont fourni abondamment ce qu'il falloit pour parvenir à nos fins. M. Godefroi a raison, si sa fin n'a été que de rendre fon édition volumineufe; mais fi fon but a été, comme il le déclare, le même que celui de Dupuy, c'est-à-dire, de juftifier Philippe-le-Bel contre les manes d'un Ordre opprimé, je pose en fait que de toutes ces pieces, dont la derniere eft cotée cxlj, il n'y en a pas le demi-quart qui puiffe fervir aux Apologistes de Philippe-le-Bel. D'abord il en faut fouftraire toutes celles qui font à la louange des Chevaliers, qui parlent de leurs commencemens, de leurs exploits, des donations qui leur ont été faites, des priviléges qui leur ont été accordés; il en faut excepter celles qui regardent la convocation du Concile de Vienne, la mémoire de Boniface VIII, l'ufurpation des biens du Temple par différens particu

liers, celles enfin qui concernent leur juftification; les actes des Conciles où ils furent abfous, les accords faits entre les Hofpitaliers & les Gens du Roi à l'occasion des biens des accufés. Les autres pieces rapportées comme défavorables aux Templiers, renferment tant d'abfurdités, qu'on pourroit dire de cette collection de M. Godefroi ce que Thomafius a dit de celle de Dupuy : ôtezen le prologue & l'épilogue, tout le refte femble moins avoir été compilé pour la condamnation que pour la juftification des Templiers.

7. Nous donnons auffi une fuite des Grands-Maîtres de l'Ordre.... que nous avons tirée du Gloffaire de Ducange, & c'est encore un avantage que cette édition a fur les autres. Foible avantage que celui d'avoir une piece dans laquelle on trouve de nouvelles fautes ajoutées aux anciennes. Il s'en faut bien que la lifte des GrandsMaîtres du Temple donnée par Ducange soit exacte ; celle de M. Godefroi l'eft encore moins. Nous avons vu comment il confond dans fes notes Berard avec Montaigu; ailleurs il confond encore de Berfey avec Dupleffis, Herman de Peïragros avec Armand de Perrigort, & Guillaume de Chartres avec Guillaume de Monrédon. On ne voit pas fur quel fondement il a pu établir Magistere d'un certain Hugues en 1151, non plus que celui d'André de Monbard, & celui de Guillaume de Monrédon. M. Godefroi eft le premier qui fe foit avifé de compter Amauri de Rup ou de la Roche au nombre

« AnteriorContinuar »