GERARD DE 1190. Tirol, Coblence, Franconie, Aldebieffen, Lorraine & Weftphalie. RIDERFORT. En tems de En tems de guerre, l'Ordre eft obligé de fournir à l'Empire, pour fon contingent, dix-neuf Cavaliers montés, & cinquante-cinq Fantaffins, évalués en argent à quarante-quatre mille huit cents livres de notre monnoie, outre cent cinquante livres de taxe pour l'entretien de la Chambre impériale. Les plus anciens ftatuts qu'on ait de cet illuftre Corps, ont été mis au jour en 1724 (69). Ils font en trois distinctions: la premiere renferme ce que cette Chevalerie a de commun avec tout autre Ordre renté; la feconde, tout ce qui regarde l'hofpitalerie & le foin des malades; la troifieme rafsemble, en trente-trois chapitres, tout le contenu de la regle des Templiers, à peu de chofe près, ainfi qu'on le peut voir en confrontant les chapitres de l'une & l'autre regle, felon que nous les avons difpofés en marge. GERARD DE 1190, Comme il y avoit parmi ceux du Temple une forme de gouvernement monarchique mêlé d'ariftocratie, dont le Grand-Maître RIDERFORT. étoit le Chef, dont le Maréchal, le Drapier & le Sénéchal étoient les principaux membres avec les Maîtres Provinciaux, les Teutoniques adopterent ce régime, en y ajoutant l'office de Grand Hofpitalier, qu'ils emprunterent des Johannites, & dans la fuite celui de Grand Commandeur. Le Chef de l'Ordre eft Prince d'Empire; fa réfidence ordinaire eft Marienthal. Le dernier élu eft fon Altesse le Prince Charles de Lorraine, oncle de l'Empereur régnant, qui, par l'éclat de fes vertus & de fa naiffance, fait autant d'honneur à cette Chevalerie qu'il en a reçu d'elle. Autrefois le Grand-Maître, fentant approcher fa fin, confioit les fceaux & l'anneau à un Chevalier, qui, par cela feul, étoit reconnu pour fon Lieutenant, mais à la mort du Grand- Maître il pouvoit être deftitué ou continué; dans ce dernier cas, tous étoient obligés de lui obéir : c'étoit à lui de convoquer le Chapitre, de fixer le jour de l'élection, & de défigner, de concert avec les capitulans, le Président des Électeurs ; celui-ci en demandoit un second, ces deux premiers un troifieme, ces trois un quatrieme, ces quatre un cinquieme, & ainfi, jufqu'au nombre de treize, parmi lefquels il devoit y avoir un Prêtre, huit Chevaliers, & quatre autres Freres, tous de différentes Provinces, quand la chofe étoit poffible. Celui fur lequel tomboit la pluralité des voix, étoit conduit devant le grand Autel, & présenté à l'affemblée par le Sous-Maître, qui, en lui remettant les fceaux & l'anneau, l'avertiffoit de ses obligations (70). C'étoit au Grand-Maître, avec le Chapitre, d'inftituer & de deftituer les grands Officiers, de même que les Précepteurs provinciaux. Il ne pouvoit faire aucune aliénation de biens-fonds fans l'agrément de fon Chapitre; mais il pouvoit donnér ou prêter, fans permiflion, la valeur de mille livres à un ami de l'Ordre. Il avoit une des trois clefs du tréfor, & devoit en tirer tout l'argent (70) Differtationes Hiftorica de variis rebus Prufficis. Chriftop. Hartknoch, pag. 415. GERARD DE 1190. néceffaire pour fa dépenfe. Lorfqu'il paroiffoit en public, on portoit RIDERFORT. devant lui fa lance & fon bouclier; quand il mangeoit au réfectiore, on lui fervoit par honneur quatre portions, afin d'en pouvoir faire paffer à ceux qui étoient en pénitence. Son fceau représentoit jadis la fuite du Sauveur en Egypte, c'eft-à-dire la Vierge avec l'enfant Jéfus entre fes bras, montés fur un âne, & conduits par S. Jofeph (71). Sa Maison confiftoit en un Prêtre, deux Chevaliers, un Frere Servant, un Secrétaire, un Écrivain Turc, deux Économes, deux Valets pour les commiffions, quatre Turcoples (72), dont l'un étoit Courrier, le fecond Camérier, le troifieme Cuifinier de campagne, & le quatrieme pour porter la lance & l'écu. Outre les montures destinées à tous ceux de fa fuite, on lui fourniffoit encore deux chevaux de bagage, trois de monture, avec un palefroi & un deftrier ou cheval de bataille; c'eft-à-dire que quand il étoit en marche, il avoit à fa fuite quatorze perfonnes & vingt-un chevaux. Les Evêques qui, dans la fuite des tems, tinrent le premier rang après le Grand-Maître, ne lui étoient pas foumis d'abord; ils n'en devinrent dépendans que quand il commença à croître en autorité & en puissance (73). Après les Evêques fuivoient les maîtres Provinciaux ce n'étoient au commencement que de fimples Administrateurs, qui devinrent enfuite les Vicaires du Supérieur général. Ceux du Temple avoienent toute autorité dans leurs départemens (74); les Teutoniques n'en avoient pas moins, puifqu'ils pouvoient dépofer leur Grand-Maître, & qu'ils en ont en effet déposé quatre. Ils fe conftituoient des Officiers fubalternes, & même un Maréchal pour commander leurs troupes, lorfqu'ils étoient occupés ailleurs. Ils préfidoient aux Chapitres provinciaux, & veilloient à ce que les réglemens du Grand-Maître fuffent obfervés, de même que ceux (71) J. Mich. Heineccii de veteribus Germa-1 norum Sigillis, pag. 155. (72) C'étoient gens élevés chez les Turcs, ou tor, nés d'un pere Turc & d'une mere Chrétienne. (73) Hartknoch, loco citato, pag, 416. des GERARD DE 1190. des Chapitres généraux, qui fe tenoient tous les ans le quatorze de septembre. Les autres Officiers ou Précepteurs étoient au nombre RIDIRFORT. de cinq; favoir, le Grand Commandeur, le Maréchal, le Grand Hofpitalier, le Drapier, le Sénéchal ou Tréforier. On a dit (75) que ces dignités ne furent introduites que fous l'onzieme GrandMaître, mais c'eft fans fondement on fait qu'ils avoient un Maréchal, lorfqu'ils vinrent s'établir en Pruffe, vers 1230, fous Herman de Saltze (76), quatrieme Grand-Maître. Le Grand Commandeur ne fut inftitué que fur la fin du treizieme fiecle; dès-lors il fut premier Confeiller ou Affeffeur du GrandMaître il avoit inspection fur la navigation, les vivres & le trésor, dont il avoit la feconde clef. Tous les Freres, tant Prêtres que Laïques reftans à la Maifon, lui étoient immédiatement foumis : c'étoit à lui de fournir les Chirurgiens, Médecins, & tout le néceffaire à l'infirmerie. Comme il étoit cenfé être le plus au fait des affaires, le Grand-Maître le chargeoit fouvent de gouverner en fon absence. En tems de paix, il avoit le pas fur le Maréchal, & convoquoit le Chapitre, quand le Maître & le Sous-Maître étoient abfens. Le Maréchal alloit de pair avec le Grand Commandeur; il avoit le département de la guerre. Après le Grand-Maître, c'étoit à lui que les Chevaliers étoient foumis en campagne il leur commandoit militairement, & leur fournifioit tout l'attirail de guerre, armes, tentes, baliftes, couvertures, & fur-tout les chevaux & les mulets, qu'il ne pouvoit cependant acheter fans la permiffion du GrandMaître, hors les cas imprévus. En tems de guerre, il avoit le pas fur le Drapier, le Sénéchal, l'Hofpitalier & les autres hauts Officiers, fans en excepter le Grand Commandeur, qui étoit obligé de faire conduire & tranfporter fes tentes, fa chapelle, & tout fon équipage. En campagne, c'étoit au Maréchal d'aflembler le Confeil (75) Simon Grunavius & David Braun,| (76) Hartknoch, de Scriptorum Polonia & pag. 239 de Scriptorum Polonia & Pruffia, &c. Pruffia, &c. virtutibus & vitiis, pag. 416. virtutibus & vitiis. GERARD DE 1190. de guerre, au défaut du Maître & du Sous-Maître. Outre fon LieuRIDERFORT. tenant, il avoit à fa fuite un Frere Servant, deux Turcoples pour porter l'étendard, & des domeftiques autant qu'il en falloit pour avoir foin des mulets & des chevaux. Il ne pourra, difent les statuts, faire fonner la charge fans l'agrément du Chef, s'il est préfent, à moins qu'il n'y ait du danger au retard. Il lui fera libre d'inviter à la table de l'infirmerie quelques-uns de fes amis, & de leur donner compagnie, pourvu que cela n'arrive pas trop fouvent. Il ne pourra, fans permiffion, prêter des chevaux à aucun féculier, que pour un jour ou deux feulement. Comme le Maréchal & le Précepteur, ou Grand Commandeur, devoient fouvent suppléer l'un pour l'autre, il leur eft ordonné de veiller foigneufement à ce qu'on ne s'apperçoive de l'abfence ni de l'un ni de l'autre (77). Quant au Grand Hospitalier, fon office étoit le foin des pauvres & l'administration des Hôpitaux: il avoit infpection fur les Hofpitaliers inférieurs prépofés aux maladreries; il leur prescrivoit la meilleure maniere d'employer les revenus confacrés au soulagement des malades, & quand ces fonds étoient épuisés, c'étoit au Grand Commandeur à y pourvoir: quand il y en avoit au-delà du néceffaire, on le mettoit en réserve dans le tréfor commun. Le quatrieme des Officiers généraux étoit le Drapier, qui avoit foin du veftiaire, & qui fourniffoit aux Chevaliers non-feulement les habits journaliers, mais encore les militaires, tels que font les baudriers, les épaulieres, les cottes d'armes & autres (78). Comme les habits, rendus à la fortie de l'hiver, appartenoient au Grand Commandeur & au Maréchal, le Drapier les leur donnoit, pour être enfuite diftribués à ceux qui s'engageoient à fervir gratis; il pouvoit cependant donner lui-même aux pauvres ce qui étoit de moindre valeur. C'étoit encore à lui de donner le viatique aux Freres qui paffoient d'une maifon à l'autre. Sa permiffion étoit (77) Raimundi Duellii lib. 2 Mifcellaneo- dare Fatribus ad arma deputatis, fpallaria rum, pag. 58 & fequentibus. wappenrock, kilinge, phavones, wappenher(78) Ibidem, pag. 59, Traperarius tenetur faun, wappenhauben & cingulos. |