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fîtes-vous ? Quelle douleur l'accompagna ? Quelle réfolution formâtes-vous ? comment reçûtes-vous les derniers Sacremens? Sans piété, fans dévotion, prefque fans connoiffance & fans fentimens : à peine vous fouvenez-vous même de les avoir reçus, vous ne pouvez y penfer fans fremir ; & vous avez dit mille fois depuis, que dans une maladie dangereufe on n'eft capable de rien. Inftruisez-vous donc par vous-même; profitez de votre propre expérience, pour apprendre que vous ne pourrez faire à la mort ce que vous dites ne pouvoir faire à préfent; voilà ce que vous avez déja été, voilà ce que vous ferez encore dans peu; & voilà pourquoi je dis auffi qu'il n'est pas vraisemblable que celui, qui durant la vie n'a jamais pensé à fe convertir, puiffe le faire fort aifément à l'heure de la mort. Auteur anonyme.

Le péheur à la mort court

Rom. 11.

33.

Mais fi le pécheur lui-même en mourant foupire après le reméde, s'il le demande, qu'arriverifque d'ê-t-il fouvent? Hélas! voici le comble du malheur; tre privé & c'eft ici que nous devons nous écrier : O altitudes fecours do! O profondeur des confeils de Dieu! Semblafpiriruels. ble à l'infortuné Efaü qui, comme dit l'Apôtre, ne trouva point cette pénitence qu'il cherchoit, Hebr.12. quoiqu'il la cherchât avec larmes: Non enim invenit pænitentiæ locum, quamquam cum lacrymis inquifiiffet eam. Ce pécheur mourant, tout empreffé qu'il eft de recourir aux fources publiques de la grace, c'est-à-dire, aux Sacremens de Jefus Chrift, peut encore être de ceux,fur qui tomba l'anathême du Sauveur, parce que ces fources ouvertes à tout le monde ne le font pas pour lui: il meurt dans fon péché. Pris en fubftance d'un Auteur imprimé. Les parens Quels égards & quels ménagemens n'a-t-on pas & les amis font fou pour ces pécheurs mourans ! Loin de leur faire vent caufe voir leur perte infaillible, à peine les avertit-on de par un fe- leur danger, & ils meurent, ou ils font morts

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17.

avant qu'on ait bien concerté le biais qu'il faut cret jugeprendre pour les avertir qu'ils doivent mourir. ment de Toute une famille allarmée ne fçait plus à quoi Dieu que s'en tenir, chacun cache fa trifteffe, de le pécheur de peur meure dans les attrifter: on pese toutes les paroles qu'on leur fon impé dit: on compofe même le filence qu'on garde. nitence. Ainfi par un terrible jugement de Dieu on leur garde un fecret qui les rend infenfibles à leur falut: on ne les porte pas à fe reconnoître; & par une cruelle pitié on les perd fouvent de peur de les effrayer.

de Dieu à

Il est donc juste, & c'est la justice même, dit S. Auguftin, que celui qui a oublié Dieu pendant toute la vie foit oublié de Dieu à l'heure de la mort.: méprifé il eft jufte que Dieu rejette quand il l'invoquera, Dieu ducelui qui a toujours rejetté Dieu quand Dieu l'a in- rant la vie, vité; il eft jufte que Dieu fe moque, &, pour ainfi foit rejeté dire, fe joue au jour de fa fureur de celui qui pen- theure de dant les jours de grace & de falut, s'eft toujours mort. mocqué de Dieu & de fa grace; il eft jufte que celui qui n'a rien cherché en Dieu pendant la vie, n'y trouve rien à la mort; il eft jufte que celui qui a abufé de tout pendant fa vie, trouve tout contre lui à la mort; il eft jufte que celui qui pendant toute la vie a traité Dieu en Dieu mort & fans fentimens, tombe à la mort entre les mains d'un Dieu vivant & fenfible aux injures; il eft jufte que celui qui n'a travaillé pendant le jour de la miféricorde qu'à amaffer un tréfor de colere, trouve ce tréfor tout amaffé au jour de la colere; & enfin il eft jufte, & c'est la juftice même, que Dieu fe ven à la mort de celui qui l'a provoqué à la vengeance pendant toute la vie. L'Auteur.

ge

Ce qui

la conclu

Puifque Dieu nous accorde le temps pour retourner à lui, hâtons-nous d'en profiter, n'endur- peut faire ciffons point nos cœurs à fa voix; craignez, mes fion d'un chers Freres, que vos péchés scandaleux, invétérés Difcours.

Ileft juste que le pécheur qui a

tes;

point décidé

ne vous ayent dépouillés du droit que vous avez fur le ciel ; j'y confens, & c'eft cette crainte que j'ai voulu vous graver dans le cœur par ce Difcours: mais en craignant d'être damnés ne perdez point l'efpérance d'être fauvés. Faites pour maintenir cette espérance de falut, pour vous rendre certain ce qui nous eft fi incertain, ce que font les vrais Fidéles; qui eft-ce qui fçait fi Dieu ne vous exaucera pas ? Sur ce doute Jonas convertit les Niniviil venoit leur annoncer la mort comme un par un arrêt abfolu. Dans quarante jours Ninive fera détruite, & cependant jeûnez & pleurez. Qui eft-ce qui fçait,ajoutoit-il, fi Dieu ne Jon. 3. 5. changera pas fa colere en indulgence? Quis fcit fi convertatur & ignofcat Deus? Daniel, par ce même doute, encourageoit Nabuchodonofor à bien efpérer de Dieu, malgré la prédiction de tous fes malheurs prochains. Roi, difoit-il, faites l'aumône, exercez la charité: peut-être que Dieu vous Dan. 4. 24. pardonnera vos crimes: Forfitan ignofcet Deus delictis tuis. Pourquoi ne le dirois-je pas à chacun d'entre vous, puifque je ne fuis point chargé de porter à qui que ce foit l'arrêt de réprobation? Pourquoi Dieu ne feroit-il pas pour vous ce qu'il fit alors pour les Ninivites & pour Nabuchodonofor? Pourquoi n'éprouveriez-vous pas enfin que l'arrêt d'une mort malheureufe & d'une impénitence finale n'étoit pour vous & pour eux qu'une menace? Imitez donc ces pécheurs dans le changement de leur vie, fi vous voulez être traités comme eux au tribunal de Dieu.

PLAN ET OBJET D'UN DISCOURS

Familier fur l'Impénitence finale occafionnée par

le délai de la Pénitence.

I faint Jean, mes chers Paroiffiens, a commen

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Divifion

Luc. 3.31

la générale. pénitence qu'il commence fes prédications. Après avoir vêcu trente ans dans un defert aride, n'ayant pour toute maison que des branches d'arbres, pour tout lit que la terre, pour tout vêtement qu'un fac fait de peau de chameau, pour toute nourriture que des fauterelles, pour tout plaifir que les veilles & les auftérités; après s'être nourri, pour ainfi dire, de mortification & de péniri, tence, Dieu fit entendre fa parole dans le defert, dit l'Evangile, & lui ordonna de fortir de fa retraite pour aller prêcher le Baptême de la pénirence pour la rémiffion des péchés: Venit Joannes pradicans baptifmum pœnitentiæ in remiffionem peccatorum. Prédication inutile dans ce fiècle, mes chers Paroiffiens mais prédication qui va du moins vous faire fentir aujourd'hui les malheurs auxquels vous vous expofez, fi, comme vous en avertit le Précurfeur de Jefus - Chrift, vous ne préparez pas les voies du Seigneur, & fi vous ne rendez pas fes fentiers droits: Parate viam Domini & rectas facite femitas ejus. Faites donc de dignes fruits de pénitence: Facite dignos fructus pœnitentiæ; fans cela, dit Jefus - Chrift lui-même vous mourrez dans votre péché: In peccato veftro moriemini. Etonnante vérité, affreux malheur où doit vous conduire l'impénitence de votre vie! Examinons donc aujourd'hui ce que doit

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Ibid. 8.

Soudivi

fions de la premiere Partie.

Soudivifons de la feconde

Partic.

craindre pour la vie future un pécheur qui durant fa vie a vécu dans l'impénitence; & tenons-nous-en à ces deux propofitions bien fimples: 1°. Que celui qui n'a jamais fait pénitence durant la vie ne la pourra gueres faire à la mort. 2o. Eufuite nous combattrons les faux prétextes fur lefquels s'appuie le pécheur, pour s'endormir dans l'impénitence; la grandeur du péril, & l'illufion des prétextes. Deux vérités bien capables de vous effrayer, mes chers Freres, puiffent-elles vous

convertir.

En vous difant, mes chers Paroiffiens, que celui qui ne veut pas faire pénitence durant la vie a tout à craindre de ne la pouvoir faire à la mort, & par conféquent de tomber dans la réprobation; je ne prétends pas pour cela mettre des bornes à la miféricorde de Dieu, & dire pofitivement qu'il n'y a aucun pécheur qui fe convertiffe à cette derniere extrémité de la vie : je fçai que la grace de Jefus Chrift furpaffe infiniment la malice des plus grands pécheurs ; & qu'il n'eft point d'abî me fi profond dont ne puiffe fortir le pécheur avec le fecours de cette grace: mais la queftion eft de fçavoir fi, ayant toujours différé à faire pénitence durant la vie, vous avez lieu d'efpérer de mourir dans la paix du Seigneur. Or je dis nonfeulement qu'il n'eft pas certain que vous ferez à la mort une véritable pénitence; je foutiens encore que cela n'eft nullement probable. En voici les raifons: je vais vous les donner les unes après les autres.

Tout pécheur qui fe promet fa conversion à la mort, ne peut fe raffurer fur l'un de ces trois que fondemens, ou fur la bonté de Dieu qu'il regarde comme une ressource immanquable, ou fur quelques exemples des faintes Ecritures qui favorifent fes retardemens & fa fauffe fécurité, ou

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