Saül réprouvé de Dieu à caufe de fa défobéissan- Comment rer le pécheur impénitent. peut raffn Car enfin, mes chers Paroiffiens, je ne veux dire rien ici qui ne foit à votre portée, cet exem- l'exemple ple n'a rien qui puiffe vous tranquillifer: en con- de ce fafultant S. Chryfoftôme, S. Auguftin, S. Leon meux pé-* & tant d'autres, il faut convenir que c'eft un cheur, ne exemple que Dieu a voulu nous donner, pour nous apprendre & à ne jamais défefperer d'un pécheur mourant qui donne quelques marques de pénitence, & à ne lui jamais infpirer ce funefte défefpoir qui conduit à la réprobation mais ils conviennent auffi que dans toutes les faintes Ecritures, nous ne voyons que ce feul exemple qui puiffe, quoi qu'avec bien peu d'affurance, raffurer la téméraire présomption du pécheur. Difference Le parallele, mes chers Freres, doit vous en faire convenir quelle foi, quelle efpérance, du bon quelle charité, quelle contrition, quelle humi- Larron & lité éclatent dans les fentimens & les paroles de du pécheur ce faint pénitent! Il publie l'innocence de Jefus impénitent, fon maître, contre les blafphêmes de fon infâme complice: il avoue fes crimes, il en reconnoît la jufte punition, il conjure feulement JefusChrift de fe fouvenir de lui quand il fera entré dans fon Royaume: Memento mei dum veneris Tome II. (Morale II. Vol.) K Luc.23.42. ( in Regnum tuum. Or tel d'entre-vous, mcs chers L'on trouvera ceci traité d'une autre maniere page 81, dans les Réfléxions. La multi > 3°. Il me refte enfin, mes chers Paroiffiens tude des pé à combattre une troifiéme illufion, qui n'a pas cheurs qui plus de fondement que les deux autres. Pour un femblent fe homme, dites-vous, qui meurt fubitement, il la mort, eft y en a mille autres qui après avoir été toujours de grands pécheurs, meurent tranquillement convertir à peu propre dans leur lit munis du faint Viatique & de l'Ex- à raffurer le trême-Onction, après avoir beaucoup édifié. Je pécheur fouhaite que tout foit ainfi que vous le dites: impénitent. mais de bonne foi, mes Freres, eft ce une raifon pour pouvoir vous flatter qu'après avoir mené la même vie qu'eux, vous aurez à la mort le même fort qu'eux ? Car il s'agit de raisonner : cette multitude de pécheurs dont la mort vous a paru fi édifiante, doit elle vous raffurer fi fort ? Fut-il jamais mort plus édifiante que celle de ce Prince, dont mille fois on vous a cité le terrible exemple: Il reconnoît les excès de fa vie crimi nelle, il les détefte par fes paroles & par fes lar mes, il témoigne la vivacité de ses regrets : Antiochus fait tout cela, qu'avez vous vû faire de plus à tous ceux que vous avez vû mourir ? Antiochus cependant, dit l'Ecriture, ce méchant Prince ne peut obtenir miféricorde; avec tous ces beaux dehors de pénitence, il est damné : Orabat hic fceleftus.... à quo mifericordiam, &c. Raffurez-vous donc encore une fois, mes Freres, par ce que vous avez vû arriver à vos parens, à vos amis; & regardez, fi vous l'ofez, ces démonftrations apparentes d'un véritable re- fur l'appa pentir & d'une fincere converfion qu'ils ont fait paroître, comme une preuve certaine de leur fa- conver lut; & fondés fur de tels exemples, dites qu'il fions. n'est pas rare de mourir dans la grace après avoir toujours vécu dans le péché : pour moi en Pafteur fidéle, je vous dirai avec tous les Peres, avec toute l'Eglife, que fans jamais désespérer de la miféricorde de Dieu, vous devez auffi bien que moi trembler fur de telles conversions, & que l'Eglife les a toujours regardées comme fufpectes & prefque toujours inutiles: ce qui me donne droit de vous répéter en finiffant ce Difcours, ce que je vous ai dit en le commençant II Mach: 9. 13. Combien il est dérai fonnable de fe fonder rence des Ce qui peut faire la conclu fion du Dif cours. Joan. 8. 21. qu'en différant la pénitence de jour en jour, non-feulement il n'eft pas certain que vous la faffiez à la mort, mais même qu'il eft très-probable que vous ne la ferez point. N'attendez donc plus, mes chers Paroiffiens: peut-être que plufieurs d'entre vous touchent à cette nuit fatale où l'on ne peut plus opérer le bien, où l'on eft menacé de chercher le Seigneur; mais où on le cherche en vain : Quaretis me & non invenietis. Ne differez donc plus de vous conEccli. 5. 8. vertir au Seigneur : Non tardes converti ad Dominum. Travaillez tout de bon à votre falut, & donnez à Dieu le peu de temps qui vous refte encore à vivre fur la terre: ne différez pas de jour en jour : Ne differas de die in diem. Puiffent ces grandes vérités faire impreffion fur votre efprit & fur le mien. C'eft la grace, &c. Ibid. 計劃 OBSERVATION PRÉLIMINAIRE SUR LA DÉVOTION, LA VRAIE ET LA FAUSSE PIÉTÉ. L E fujet que je me propofe de traiter, n'étoit gueres connu des faints Peres & principalement de S. Auguftin, que fous le nom de Chriftianifme & de Religion, d'affection à la priere, de contemplation des chofes céleftes: mais les Prédicateurs modernes en travaillant fur cette matiere, l'ont préfenté fous un autre jour, & l'ont trouvé fufceptible d'un grand fonds d'inftruction: fur quoi il eft à propos de remarquer, qu'à leur exemple, je ne fournirai ici des matériaux fur la dévotion, qu'entant qu'elle eft une profeffion ouverte & déclarée d'une régularité exacte dans tous les exercices de la Religion, conformément aux divers états où la Providence a placé chacun de nous. C'est la définition qu'en donne le grand Evêque de Genève, dans fon Introduction à la vie dévote. L'on trouvera auffi dans ce Traité, tout ce qui pourra fervir à démêler la vraie piété de la fauffe: les caracteres aimables de l'une, & des illufions ridicules de l'autre. Enfin je n'omet |