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Définition

de la Conscience.

Droiture de la Con

née dans tous les

cœurs.

Joan. 1. 9.

trouvera auffi des matériaux propres à compofer un bon Difcours fur les avantages, les caracteres & les moyens de fe former une bonne confcience. Il fera libre à celui qui voudra compofer fur ce fujet, de réunir dans un feul Difcours, la bonne & la mauvaise Confcience; de faire fentir, par oppofition, le calme, la paix & les douceurs de la bonne, comme les troubles, les allarmes & les inquiétudes de la mauvaise. Quoique je fois bien éloigné de vouloir affujettir qui que ce foit à ma façon de penfer, je m'imagine qu'en traitant ce fujet de cette derniere façon, il deviendra plus intéreffant & plus profitable à l'Auditeur.

Quoiqu'il ne foit pas facile de donner une définition exacte de la Confcience, celle que faint Thomas nous en fournit, m'a paru la plus claire. La Confcience eft une application de l'ame à la loi intérieure gravée dans le fond du cœur ; c'eft un jugement pratique fur ce que la justice nous dicte de faire ou de ne point faire; ce qui fait dire au Docteur Angélique, que la Confcience exerce ordinairement trois fonctions : elle rend témoignage à la Loi, elle incite à la pratique de la Loi, elle reprend, ou elle excufe, lorfque nous avons violé ou pratiqué la Loi.

Dieu a écrit cette Loi de la Confcience dans fcience in- l'efprit & dans le cœur des hommes, en les éclairant des lumieres de la railon: Illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. C'est pourquoi l'Ecriture rappelle fouvent les pécheurs au témoignage de leur propre Confcience, Redite, prevaricatores,ad cor; & comme dans toutes les pertes que faifoit le faint homme Job, il y eut du moins un ferviteur qui fe fauvant de la déroute, lui porta la nouvelle de fes disgraces, y de même au-dedans de nous un fentiment

If. 46. 8.

il

fidéle, malgré le déréglement de l'efprit &
l'endurciffèment du cœur: lorfque tout eft con-
fus ou affoupi & que le péché ravage & détruit
ce fentiment fidéle, cette confcience droite s'é-
leve
pour repréfenter au pécheur les miferes de
l'état où il eft tombé: Ego fugi folus ut nuntia-
rem tibi.

La Conscience est un flambeau qui nous éclaire: elle propofe la vertu fous les images les plus propres à la faire aimer, & peint au contraire le vice avec les plus noires couleurs : elle fait un détail de ce qu'on doit à Dieu, au prochain, & à foi-même : elle apprend ce qu'il faut croire & ce qu'il faut pratiquer, ce qu'il faut defirer & ce qu'il faut craindre: elle nous avertit du mal que nous avons fait & de celui que nous devons éviter, du bien que nous pouvons faire : rien de fi éclairé que cette Conscience pour difcerner le bien & le mal: rien de fi fidéle à nous le montrer, rien de fi preffant pour nous porter à em braffer l'un, & fuir l'autre : cette Confcience, c'est la voix de la raison, c'eft notre propre jugement, c'est ce que nous eftimons le plus raifonnable, & c'eft pourquoi Dieù ne nous condamnera que fur le jugement que nous aurons fait nous-mêmes de nous-mêmes.

Job. 1. 17.

Rien de

plus éclairé que la Con

fcience.

Comme

l'on abute

des lumiè

Avouons-le de bonne foi, puisque nous le fentons, que dans toutes nos difficultés la Confcience prend le parti le plus conforme à la Loi, & res de la le plus oppofé au péril. Or dans cette alternative Confcienvous devriez fuivre la droiture de votre Con- ce & de la fcience, & vous faites tout le contraire : toutes droiture vos actions montrent l'incertitude où vous êtes: qu'elle indique. vous flottez fans ceffe entre la vérité & l'erreux, tous vos doutes fe réduisent à vous demander fi tel plaifir, el divertiffement eft un crime digne de l'enfer: fourds au cris de cette Confcience,

Quelles font les

la fauffe &

de la mau

vaife Con

vous choififfez le parti le plus près du péril & le plus éloigné du témoignage qu'elle a porté.

Ce qui d'ordinaire forme la fauffe & mauvaise Confcience, ce font l'ignorance, la coutume & fources de la paffion: on méconnoît ses devoirs & on veut les méconnoître, c'eft ignorance & malice: on fait ce que font les autres, & on vit comme eux; c'est coutume & ufage parmi les hommes: on fuit fon inclination & fon panchant, c'eft pafelles fe for- fion : l'ignorance cache le péché, la paffion l'autorile, la coutume le juftifie; & toutes ces chofes concourant ensemble, on ne fe fait plus prefque aucun fcrupule des plus grands péchés.

. fcience : comment

ment.

Il eft facile Rien de plus aifé que de fe faire dans le monde de le faire une fauffe confcience, ne confcience erronée, une fauffe criminelle. Pourquoi ? Parce qu'il n'eft rien de Confcien- plus facile, que de fe former des defirs injuftes

ce.

& téméraires, que de concevoir des pensées vaines & ambitieufes. Car n'eft-ce pas de-là que nait cette confcience aveugle, déréglée ? Confcience déréglée, parce que ce font nos defirs qui doivent fe regler fur notre confcience, & non la confcience fur nos defirs; mais il arrive tout le contraire. Entraînés par nos defirs, nous ne voulons point d'autres regles, il faut de néceffité que notre confcience s'accommode à ce que nous voulons; & par cet étrange renversement, nos defirs fervent de regle à notre confcience; & parce que c'eft fur ce qui nous plaît que nos defirs font formés, notre confcience les approuve. Ce que nous voulons ne nous paroît bon, dit S. Auguftin, peut-être que parce qu'il nous paroît agréable: nous nous perfuadons que c'eft une chote jufte: d'où vient donc cela? De l'afcendant malheureux que nos defirs prennent fur notre confcience, qui juge après cela des chofes non fur ce qu'elles font, mais felon qu'elles nous plaifent.

L'autorité

Confcien

ce.

Je ne prétends pas ici fermer toutes les voics. à la confultation, elle eft légitime, permife & des autres, fûre, à parler en général; autrement que devien- forme quel droit le fidéle dans fes doutes, fi obligé de fe dé- quefois la fier de fes propres raifonnemens, il étoit encore mauvaise obligé de fe défier des décisions d'autrui, d'un Confeffeur, d'un Pafteur, d'un Directeur? Ce que je dis, c'eft qu'il faut de la bonne foi dans, ces confultations, c'eft que l'envie d'être éclairés doit nous conduire à l'oracle, & non pas l'envie d'être trompés ou appuyés dans nos prétentions. On mandie une autorité à fes défordres, pour pouvoir les commettre fans allarmes: on voltige de Directeur en Directeur, jufqu'à ce qu'on en ait trouvé de favorable à fa paffion; c'est à ces décisions que l'on s'en rapporte, & malgré les réproches de fa confcience, on s'en tient à ce langage de féduction.

lon S. Ber

nard.

S. Bernard diftingue quatre fortes de Con- Il y a quafciences: la bonne, tranquille & paifible: la bon- tre fortes ne, gênée & troublée : la mauvaise, dans l'agi- de Contation & le trouble: la mauvaise, dans le calme fciences,fe& la paix. Une bonne conscience tranquille & paisible, c'est, dit ce Pere, fans contestation, un Paradis anticipé: une bonne Confcience gênée & troublée, c'eft comme un Purgatoire dès cette vie, dont Dieu fe fert quelquefois pour éprouver les ames les plus faintes: une mauvaise Confcience dans l'agitation & le trouble que lui caufe la vue de fes crimes, c'eft une espéce d'Enfer. Mais ily a encore quelque chofe de pire que cet enfer. Et quoi ? Une mauvaise Confcience dans la paix & dans le calme, & c'eft où la fauffe Confcience aboutit; car dans la Confcience criminelle, troublée de fon péché, au moins y a-t-il encore des lumieres, & par conféquent au moins y a-t-il encore des principes de componction, de con

Vivre fans

remords de

la Con

trition & de converfion : mais dans la fauffe Confcience, il n'y a que ténèbres & que ténèbres intérieures, plus funeftes mille fois que ces ténè bres extérieures dont nous parle le Fils de Dieu, puifqu'elles font la fource de l'obftination du pécheur & de fon endurciffement: ténèbres inté rieures de la Confcience, qui font que le pécheur au milicu de fes défordres, eft content de luimême, fe tiem fûr de Dieu, fe rend de fecrets témoignages d'une vaine innocence dont il fe flatte, pendant que Dieu le réprouve & prononce contre lui les plus féveres arrêts.

C'eft la penfée de S. Auguftin, que la répro bation fuit de près ces hommes qui vivent fans remords. Quand le péché laiffe quelque fcrupule fcience, fu- & quelque trouble dans l'ame, c'eft une marque jet & grand qu'on n'eft point endurci : mais lorsqu'on vit dans une paix profonde au milieu des dangers, pour le fa- fans retour fur foi, fans crainte d'un Enfer,

fujet de

crainte

lut.

La Con

qu'il

eft à craindre qu'on ne courre à fa perte & à fon malheur éternel! Car il eft à propos de remarquer ici, que quoique Dieu ne cherche point à nous entretenir dans cette infenfibilité de confcience, qu'il n'y contribue en aucune façon, puifqu'il agit & qu'il parle toujours; cependant ce qui doit faire trembler l'audacieux pécheur c'eft que s'il agit, ce n'eft plus qu'une legere action, laquelle n'eft fuivie d'aucun effet; s'il parle, ce n'eft plus que d'une voix foible, qui ne pénétre point ju'qu'au fond de l'ame pour la réveiller : la grace ne fait plus ni fur l'efprit, ni fur le cœur, ces vives impreffions qui perfuadent l'un & qui gagnent l'autre. Dieu fe retire comme un Médecin qui abandonne un malade, après avoir épuifé fes foins auprès de lui.

David péche, David éprouve tout ce que le fcience fait remords à de plus picquant & de plus amer.

prouver

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