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Plerique famam, confcientiam autem pauci verentur.Senec. Lib. de Morib. Nullurn Theatrum virtuti confcientiâ majus eft. Cicero. 2. Tuf.

cul.

Plufieurs craignent pour leur réputation, peu appréhendent le jugement de leur confcience.

La vertu n'a point de trône plus glorieux où elle puiffe fe montrer, que notre propre confcience.

Noms des Auteurs des Prédicateurs qui ont écrit & prêché fur la Confcience.

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Le P. Bourdaloue dans fon premier Avent a pour le troifiéme Dimanche un Difcours fur la fauffe confcience, où il fait voir comme elle fe forme aisément, combien il eft dangereux de la fuivre, & comme elle ne peut nous fervir d'excufe au tribunal de Dieu.

Le P. La Rue dans fon Carême pour le troifiéme Mercredi,compare les Chrétiens avec les Pharifiens, & fait voir que ceux-ci comme ceux-là ont trois fortes de confciences corrompues par les artifices du cœur ; la confcience erronée, la confcience fuperftitieufe & la confcience paffionnée.

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L'Auteur du Dictionnaire Moral, Tome II. a deux Difcours fur cette matiere; dans le premier il fait voir que rien n'eft plus fatal que pos d'un pecheur, auquel la confcience ne reproche rien; il cherche quels font les principes. d'une fi fatale fécurité, & indique quels en font les remédes. Dans le fecond il attribue la mauvaife confcience des Chrétiens ou à la févérité ou à la molleffe des Directeurs & des Cafuiftes. Pour obvier à ce double inconvénient il faut, dit-il, infpirer de la crainte à ces confciences qu'une Morale relâchée a rendues trop tranquilles. Il faut Tome II. (Morale. II Vol.)

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confoler & tranquillifer avec prudence ces con fciences que des fcrupules indifcrets ont trop frayées.

M. Teraffon dans fon Sermon de la fauffe paix pour Quafimodo, fournit beaucoup de matériaux fur la confcience, puifqu'il s'étudie à montrer qu'il n'y a point de véritable paix où il n'y a point de bonne confcience.

Le P. Girouft dans fon Avent, troifiéme prétexte, a un Sermon fur la fauffe confcience.

Le P. Dufai, Tome premier de fon Avent, a un Difcours fur la confcience, où l'on trouvera bien des chofes inftructives. En n'écoutant point une confcience droite, dit-il, nous péchons avec peine, à caufe de l'oppofition que nous trouvons entre notre conduite & la Loi. Nous péchons au contraire avec affurance en écoutant une conscience erronée, à caufe de la conformité que nous prétendons trouver entre la Loi & notre conduite.

Le P. Rodrigués fournit auffi bien de bons matériaux fur la confcience & fes fcrupules.

Beaucoup de Livres fpirituels traitent de ce

Lujet.

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PLAN ET OBJET DU PREMIER DISCOURS fur la fauffe Confcience.

aujourd'hui de traiter de la con

fcience,des malheurs d'une fauffe confcience, & des remédes qu'on peut apporter pour la rectifier;je veux d'abord vous expofer ce que c'eft que la confcience: C'eft une lumiere de notre efprit, qui représente & fait voir à notre cœur ce que la Loi de Dieu nous commande, ou nous défend. Ainfi la Loi de Dieu ne parvient à notre cœur, ne touche notre volonté qué par la lumiere intérieure de notre propre confcience. Or comme le rayon du Soleil passant par un cristal vicié & coloré , ne porte à nos yeux qu'un faux éclat, fort différent de fa candeur naturelle, & propre à nous éblouir plutôt qu'à nous éclairer; de même la Loi de Dieu portée à notre cœur par une confcience dépravée, en prend les fauffes couleurs ; & notre cœur s'attachant à ces trompeufes couleurs, au lieu de fuivre le droit chemin,va donner dans le précipice, en fommes nous-moins criminels, & plus excufables devant Dieu ? Non, parce que c'eft le cœur qui corrompt la confcience, & qui la met en état de nous tromper. La Loi de Dieu, ce pur rayon, ce témoignage fidéle de fa fuprême volonté,brille à notre confcience,& n'auroit pas de peine à convertir notre cœur mais notre cœur rébelle à l'autorité de la Loi n'en pouvant pervertir ni corrompre la fainteté, tourne tous les efforts fur la confcience ; & par divers artifices altérant fa fincérité, la force à ne lui propofer la Loi que fous des déguifemens favorables à fes defirs, qui la lui font paroître pratica

Divifion générale.

Soudivi

Premiere
Partie.

ble. Or pour ne nous point abufer ici, fondons notre propre cœur, mais véritablement, mais fincérement; & voyons fi nous ne tendons pas tous comme imperceptiblement à nous former une confcience fauffe, à nous damner méthodiquement: c'est ce qu'il nous fera facile d'appercevoir fi nous daignons réfléchir fur deux propofitions; 1o. Comment fe forme la fauffe conscience; 2o. Comment faut-il la réformer? Son malheur, & fon reméde.

L'homme n'a rien de plus intime que la confions de la fcience, & l'homme n'a rien qui lui foit moins connu. Cependant l'on peut dire fans trop hazarder, que la confcience eft un flambeau allumé, au fond de fon ame pour le diriger dans les voies, pour lui faire connoître celles qu'il doit tenir, & celles qu'il doit éviter: mais l'homme toujours trop habile à fe tromper, fubftitue à cette confcience droite & innée avec lui une confcience. fauffe qui n'eft qu'un affemblage de fauffes lumieres formées par l'illufion & la paffion. Or pour faire fentir ici tout le déréglement d'une confcience fauffe, & les malheurs qu'elle traîne après elle, il fuffira d'examiner 1°. qu'est-ce que la fauffe conscience; 2°. ce que produit une fausse confcience; 3°. à quoi conduit une faufle conscience.

Soudivi

feconde Partie.

Je mé flatte que je parle à des hommes qui fe fions de la picquent de difcernement, qui dans une affaire auffi décifive que celle du falut, ne veulent rien hazarder. Ceci pofé, je viens leur offrir les remédes les plus efficaces contre la féduction & les malheurs d'une fauffe confcience; & je dis d'atord,que pour la réformer il faut examiner en gé néral quelles font les voies malheureufes qui conc'uifent à former une fauffe confcience, & pefer enfuite 1, fi l'on n'eft pas dans cette voie d'éga

rement; 2°. fuppofé que l'on y fût, fi l'on veut, & fi l'on veut fincerement en fortir; 3°. fi l'on n'eft pas obligé de chercher un guide qui nous redrelle charitablement ? 4°. fi pour réuffir dans cet heureux projet d'échapper aux malheurs de la fauffe confcience, il ne faut pas marcher dans la voie contraire, & marcher constamment. Tout ceci peut donner lieu à bien d'autres réflexions.

y

La Loi de Dieu abfolument confidérée eft en Preuves de elle-même & par raport à Dieu qui eft fon prin- la premiere cipe, une Loi fimple & uniforme, une Loi,com- Partie. me parle David, fainte & irrépréhensible: Lex Combie u Domini immaculata. Mais la Loi de Dieu, entenil eft facile de fe former due par l'homme, expliquée par l'homme, tourune fauffe née felon l'efprit de l'homme, enfin réduite à la confcienc> confcience de l'homme, y prend autant de for- d'où cela mes différentes qu'il y a de différens efprits & de vient. confciences différentes : elle fe trouve auffi fujette Pf. 18. g. au changement que le même homme qui l'obferve, ou qui fe picque de l'obferver, eft lui-même par fon inconftance naturelle, fujet à changer : le dirai-je ? elle devient auffi fufceptible non-feulement d'imperfection, mais de corruption, que nous le fommes nous-mêmes dans l'abus que nous en faifons, lors même que nous croyons nous conduire & agir par elle. C'est la Loi de Dieu, j'en conviens; maiscelui-ci l'interprête d'une façon, celui-là de l'autre ; & par-là elle n'a plus dans nous ce caractere de fimplicité & d'uniformité. C'eft la Loi de Dieu : mais felon les divers états où nous nous trouvons, nous la refferrons aujourd'hui, demain nous l'élargiffons. C'est la Loi de Dieu : mais par nos vains raifonemens nous l'accommodons à nos opinions, à nost inclinations mauvaises & dépravées. En un mot, c'eft la Loi de Dieu : mais toute Loi de Dieu

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