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La vraie dévotion

dans l'exécution des

devoirs preferits.

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vous devez, comme je vous l'ai déja dit, travailler foigneufement à l'éducation de vos enfans; Dicu fe repofe fur vous du foin de le faire connoître, adorer, aimer & régner dans votre famille; voilà l'office dont il vous a principalement chargés. Vous ne ferez des ferviteurs fidéles, qu'autant que vous vous acquitterez exactement de ces devoirs.

C'eft-là l'objet de votre véritable dévotion: car cette dévotion n'eft autre chofe qu'une promeft prompte titude dans la volonté du Chrétien à faire celle de Dieu. Le terme de dévot fignifie dévoué, prêt à partir, toujours en mouvement. Soyez donc, mes chers Paroiffiens, ardens, attentifs, vigilans pour les intérêts de la gloire de votre Dieu dans l'état où il vous a placés. Ainfi, comme il vous a marqué ce qu'il veut de vous en vous mettant dans tel & tel état ; vous ne ferez jamais folidement dévots, que vous ne faffiez votre capital d'accomplir les devoirs de votre état,

Quand an fort des bernes de fon état, on

trouble Pordre,

La troifiéme chofe que vous devez faire enfin, mes Freres, & qui eft une fuite néceffaire des deux précédentes, c'eft de ne négliger en rien les devoirs de votre état : fans cela vous dérangez l'ordre que Dieu a mis pour l'honneur de fa Ře ligion. Ceux qui vous font foumis font ce que vous leur ordonnez; s'ils n'exécutoient pas vos volontés, ou s'ils s'appliquoient à toute autre chofe qu'à ce que vous leur avez preferit, je vous le demande, quels étranges défordres cela ne cauferont-il pas dans vos familles? Vous au riez raifon de vous plaindre. Tel eft le défordre que vous caufez dans la maifon de Dieu, quand vous ne vous appliquez pas à votre œuvre encore une fois, c'eft fur vous qu'il fe repofe de ce que d'autres que vous ne peuvent pas exécuter.

Nulle ré

compense à

attendre pour l'éter

Dieu.

Or remarquez ici, mes chers Paroiffiens, que comme c'eft de la négligence que chacun de nous apporte à l'œuvre que Dieu lui a confiée, que naiffent tous les différens défordres qui troublent nité, fi nous les états & les conditions; par une raifon con- ne remplif traire, c'est donc dans l'accompliffement de cette fons pas œuvre que confifte la paix & la tranquillité, la l'œuvre de vraie & folide dévotion; fi vous n'êtes pas fidéles à Dieu en ce point, ne vous promettez point de récompenfe. Et certes n'eft-ce pas ainfi que vous agiffez, quand un homme qui devoit vous obéir, a fait tout le contraire de ce que vous lui aviez ordonné; ne lui dites-vous pas : Mon ami, ce n'eft pas-là ce que je demandois de toi? Demande la récompenfe à celui que tu as fervi. Dieu en ufe de même à notre égard, il ne nous veut récompenfer, qu'autant que nous aurons accompli ce qu'il nous a commandé.

Ainfi, mes Freres, rien ne mérite mieux votre attention, puifque votre falut en dépend: car nous pouvons tous dire enfemble & chacun en particulier: Si je ne fais mon œuvre, fi je n'accomplis point ce que Dieu m'ordonne, je n'ai point de falut à efpérer. Dieu ne récompenfe que fes ferviteurs, & je ne le ferai qu'autant que j'aurai obei à fes ordres, cela eft fûr: qui pourroit donc m'empêcher de remplir mes obligations? Nai-je pas en moi tout ce qu'il faut? Rien ne peut m'en détourner que ma mauvaise volonté. Ni l'âge, ni la pauvreté, ni les affaires, ni la guerre, ni le négoce, ni les travaux les plus dures & les plus pénibles ne fçauroient, fi je le veux, m'empêcher d'être vertueux, de pratiquer la justice, de marcher dans les routes de la dé

votion.

Oui, mes chers Paroiffiens, ce que les autres, dit faint Augustin, ont pu faire avant nous, nous

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tous les

le

quer la ver

tu.

pouvons comme eux. Tous les temps, tous les états prati. fiécles nous fourniffent des exemples de vieillards, de jeunes gens, de perfonnes mariées, de négocians, d'artifans, de laboureurs, de guerriers, qui fe font fignalés par leurs vertus & leur fidélité envers Dieu. On les a vús dans tous les temps, dans tous les emplois, dans toutes les circonftances accomplir fes préceptes & faire la volonté. Daniel étoit jeune, Joseph étoit esclave, Aquila étoit artifan, Corneille étoit guerrier, Timothée étoit prefque toujours malade, Pierre étoit pêcheur. Or cette différence d'états, d'âge, de complexion n'a point empêché que toutes ces perfonnes, hommes & femmes, jeunes & vieux, efclaves & libres, n'aient fervi Dieu dans leur condition; au contraire, c'est leur fidélité à rendre à Dieu l'obéiffance qu'il demandoit d'eux dans leur état, qui les a rendus fi illuftres dans l'Ecriture, & dignes d'être propofés aux Fidéles pour exemple; & ce ne fera jamais, mes chers Freres, foyez-en bien convaincus, que par une femblable fidélité que vous vous fanctifierez dans l'exercice d'une dévotion réglée fur votre état & proportionnée à vos engagemens car c'eft-là le caractere d'un vrai ferviteur de Dieu & d'un homme véritablement dévor: c'est par-là que nous nous diftinguerons de ce peuple que Jesus-Chrift rejette dans fon Evangile, qui ne le fert que des lévres, c'est-à-dire, qui faifant profeffion de le fervir, fait toujours fa propre volonté, & ne veut prefque jamais accomplir celle de Dieu.

Confé

quence de

De ceci, retenez-le bien, mes chers Paroiffiens, ces deux vérités, premierement que la dévotion ce qui pré- eft de tous les âges, de tous les états, de tous les fexes; qu'elle eft pour les féculiers comme pour les Eccléfiaftiques, pour les gens mariés comme

cede.

pour les vierges, pour les riches comme pour les pauvres les uns & les autres peuvent être véritablement & conftamment dévots; & l'exemple de tant de Saints de toute condition, qui font parvenus au terme de la bienheureufe éternité nous apprend qu'il n'a mis aucun d'entre nous, dans quelque érat que ce puiffe être, que la piété ne puiffe & ne doive fanctifier, & par conféquent qu'il en doit coûter des efforts pour être dévot par état. Seconde vérité, quoique felon ces principes, tout Chrétien doive être dévot, il est cependant vrai de dire que la dévotion femble ajouter quelque chofe de particulier aux devoirs géneraux du Chriftianisme ; & c'est ainsi que ceux qui veulent être fincérement dévots, femblent contracter de nouvelles obligations. Etre dévot c'eft être voué & confacré à Dieu, non-feulement par les vœux de fon Baptême mais par une profeffion toute particuliere, généreufe & conftante d'être tout à Dieu; nonfeulement de lui plaire, mais d'éloigner tout ce qui pourra lui déplaire. Telle eft l'idée de la véritable dévotion après tous les maîtres de la vie fpirituelle.

cours.

Je finis enfin ce Difcours, mes chers Paroif- Conclufiens, en vous adreflant cette importante inftru- fion du Difction de faint Bernard: Voulez-vous aujourd'hui fincérement & de bon cœur vous donner à Dieu ? Voulez-vous être véritablement dévots ? Faites attention à ce que vous aimez, à ce que vous craignez, à ce qui vous réjouit & à ce qui vous afflige: Attende quid diligas, quid metuas, gaudeas, unde contrifteris. N'aimez que Dieu, ou Serm. 2. de fi vous aimez quelque autre chofe, ne l'aimez jejun, que pour lui: Nihil diligas nifi ipfum, aut certè propter ipfum. Ne craignez que de déplaire à Dieu.

unde

D. Bern.

Ibid.

ou fi vous appréhendez quelque autre chofe, que ce foit par rapport à lui; fi quelque perte vous arrive, fi quelque infirmité vous accable, si quelque maladie vous tourmente, regardez tout cela comme une épreuve qu'il vous ménage pour vous purifier & vous unir plus intimement à lui pour le temps & pour l'éternité.

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