Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

que la fainteté des jours auxquels ils les commet tent, n'y ajoute encore un nouveau poids, lorf qu'en ces jours dédiés au culte divin ils s'adonnent aux œuvres de Satan & en recherchent les pompes & les vanités ; qu'ils fe laiffent aller aux excès de l'intempérance, de la débauche & de l'impureté ; qu'ils frequentent les bals, les cercles, les fpectacles & ces compagnies odieufes où le démon regne avec empire par les blafphêmes les plus impies, & les diffolutions les plus criantes.

rables du

la nouvelle

Juifs.

PrérogaJe découvre d'incomparables merveilles dans tives admi- la diverfité qui fe rencontre en la maniere dont les Juifs célébroient le jour du Sabbat, & celle jour du Di- dont les Fidéles doivent célébrer en l'honneur manche de de la Réfurrection de Jefus-Chrift le jour du DiLoi fur le manche. Les Juifs célébroient leur Sabbat d'une Sabbat des façon fi groffiere & fi fenfuelle, qu'ils s'abftenoient même des bonnes œuvres, croyant qu'elles leur étoient interdites, quoique néanmoins durant ce jour même ils priffent leurs plaifirs & leurs divertiffemens, & fillent quantité d'actions indécentes; & ils étoient fur ce point fi fuperftitieux & fi charnels, qu'ils blâmoient le Fils de Dieu & le taxoient de violer le Sabbat, parce qu'il guériffoit les malades & opéroit des prodiges. Ce n'eft pas de cette maniere baffe & toute charnelle qu'il eft ordonné aux Chrétiens de fanctifier

le

repos du Seigneur; car crainte qu'ils ne fiffent comme les Juifs (ce que Dieu a en abomination) le Sauveur en établiffant la Loi de grace, a changé par fa Réfurrection le jour du Sabbat; du Samedi il l'a remis au Dimanche, du feptiéme au huitième jour qui repréfente l'éternité, afin de nous apprendre que la vie des Chrétiens doit être un Sabbat perpétuel, mais néanmoins tout fpirituel, qui doit commencer dès le temps de cette vie, & continuer dans l'éternité.

Notre

Notre Sabbat en qualité de Chrétiens doit être le
jour du Seigneur, le jour de la Résurrection, ce
grand jour que le Seigneur a fait: Hac dies quam
fecit Dominus; c'eft-à-dire, le Dimanche, pour la 24.
raifon qu'en donne S. Ambroife, afin qu'à l'imi¬
tation de Dieu nous nous abftenions de toutes
œuvres féculieres, & que nous nous occupions
faintement à des actions dignes de la Religion
que nous profeffons: Ut ad fimilitudinem Dei fe-
cularia opera noftra non religiofa ceffarent.

rement fan

D. Chry 15. in 1. ad foft. Hom. Corint.

Quoique la vie du Chrétien doive être une perpétuelle fanctification du nom de Dieu, & que Pourquoi tout le temps qu'il a à demeurer fur la terre doi- le Dimanve être pour lui, felon les SS. Peres,, un jour de che doit Fête continuelle, puifque ce doit être une imi- étre plus tation & un commencement de la vie du Ciel: particulie Omne tempus eft tempus diei Fefti Chriftianis ; ctifié que néanmoins, parce que les néceffités corporelles les autres détournent nos pensées de Dieu, Dieu a choisi jours. certains jours qu'il veut être particulierement dédiés à fon honneur; entre ces jours, le principal & le plus célébre eft celui que nous appellons le Dimanche; ce jour eft ainfi nommé par excel lence, parce que ce fut ce faint jour que Jefus Chrift fut baptisé dans le Jourdain, qu'il changea aux nôces de Cana l'eau en vin, qu'il nourrit cinq mille perfonnes par la multiplication des cinq pains & des deux poiffons, qu'il entra portes fermées dans l'affemblée de fes Apôtres qu'il leur envoya l'Efprit Confolateur. Mais de toutes les merveilles qui ont été opé rées en ce jour, la plus illuftre fans doute, & la plus éclattante, pour laquelle feule il esta ap pellé fingulierement le jour du Seigneur, c'est la Réfurrection du Fils de Dieu; par laquelle il

les

>

fait mourir la mort, & a donné le commencement à la vie; & c'est ce qui, fans doute, faiTome II. (Morale II. Vol.)

P

Pf. 127.

D. Amb: Lib.7.c.6. de cur. mu

foit dire à faint Auguftin, que tous les jours qui ont été depuis le commencement du monde jufqu'à cette heure font fans doute les jours du Seigneur, c'est-à-dire, les ouvrages du Créateur de 'Univers, & toutefois il n'y en a aucun, dont il foit dit: C'est ici le jour que le Seigneur a fair: D. Aug. Omnis dies à Domino factus eft, non tamen de aliquo præcipuè fcriptum eft: Hac dies quam fecit Dominus. Cet éloge n'eft donné par l'Eglife qu'au jour de la Résurrection du Fils de Dieu qui arriva le lendemain du Sabbat des Juifs, c'est-à-dire, le Dimanche des Chrétiens.

Serm.

89.

de diverfis.

fanctifier le

8.

Souvenez-vous de fanctifier le jour du Sabbat. Quelques Peres & plufieurs Interprétes ont remarqué que la fanctification du Sabbat eft de tous les préceptes de la Loi celui que Dieu a le &tifier le plus particulierement recommandé, & le feul Sabbat 9 auquel il ait ajouté ces paroles: Memento: Souoblige les venez-vous ; & de quoi? de fanctifier le jour du Chrétiens à Sabbat: Ut diem Sabbati fanctifices. Memento, Dimanche. Souvenez-vous. 1o. Cette parole eft mise à la Exod. 20. tête de ce Commandement, pour nous avertir que le culte qui nous eft commandé en ce jour, fait partie du culte extérieur de Religion que nous devons à Dieu. De quoi il étoit néceffaire que nous fuffions avertis: parce qu'encore que la Loi naturelle nous apprenne qu'il faut deftiner un certain temps à honorer Dieu d'un culte extérieur de Religion, elle ne nous preferit pas néanmoins le temps auquel nous le devons faire. 2°. Nous fommes avertis par cette parole de nous tenir en garde contre tout ce qui pourroit nous faire oublier l'obfervation de ce Commandement; mauvais exemple, diffipation, promenades, partie de plaifir, &c. :.

Le même

précepte qui obli

geoit les Juifs à fan

Quel a été S. Jerôme ne craint point de dire que les jours le deffein de de Fête n'ont rien de plus grand que les autres;

termination de cers

D. Hier

mais qu'il a été néceflaire de diftinguer & d'or- l'Eglife donner ces jours d'affemblés dans les Eglifes, dans la déa afin de renouveller & d'enflammer davantage la charité des Fidéles envers Dieu, en la prélence tains jours duquel ils s'affemblent la raifon qui a porté & de certail'Eglife à déterminer certains jours & certaines nes heures heures au Service divin a donc été que la ferveur au fervice de certaines heures plus faintement employées, le de Dieu. répandît fur les autres, & confacrât en quelque in Epift. ad forte tout le reste de la journée: les Fêtes particu- Gal.c. 4. lieres ont été auffi inftituées, afin que la flamme de la charité & l'application du cœur ne pouvant pas être toujours également vives, il y eût au moins d'heureux momens, & des jours particuliers pour l'animer, l'exciter & la renouveller; c'eft comme fi l'Eglife difoit à fes enfans: Si vous avez été affez malheureux pour oublier. vos devoirs dans le cours de la femaine, fouvenez-vous de rentrer en vous-mêmes dans ces jours privilégiés, afin de les accomplir. Vous ne pou-, vez fanctifier dignement les jours de folemnité, que vous ne vous fanctifiiez vous-mêmes.

De quel les œuvres

faut s'ab

Fêtes & les

Diman

ches.

C'est une illufion de s'imaginer que par les œuvres ferviles que la Loi interdit les jours de Dimanche & de Fête il ne faille entendre que les il ouvrages d'Agriculture, de Manufacture, de Fa- ftenir les brique, &c. qui forment les diverfes occupations des hommes durant les jours de la femaine; la défense va plus loin, elle comprend tous les emplois profanes & féculiers qui nous empêchent de vaquer uniquement au culte de Dieu; elle comprend, felon faint Augustin & faint Thomas, toutes les différentes occupations qui partagent la vie civile des hommes, & qui leur fervent d'exercice, chacun felon leur état & leur profeffion, à moins que quelque raifon de néceffité, de charité ou de piété ne permît de s'y appliquer en ces jours:

cette Loi s'étend même aux parties que l'on fait après avoir entendu la Meffe, de paffer le reste du jour à la chatse, au jeu, &c. Dès que le jour du Dimanche arrive, chaque Fidéle doit s'attribuer ces paroles que faint Jean entendit autrefois dans fes révélations: Voici le Dimanche, ceffons nos travaux, discontinuons nos occupations ordinaires, & commençons par cette interruption & par Apoc. 14. ce repos la fanctification de ce jour : Amodo dicit Spiritus, ut requiefcant à laboribus fuis.

13.

Comme

le Sabbat

étoit un fi

gne d'al

liance pour les Juifs, le

faint Dimanche en

L'intention du Seigneur en impofant aux Juifs

la fanctification du Sabbat étoit de leur donner un

figne & un gage de l'alliance & de l'union qu'il

vouloit avoir avec eux: Videte ut Sabbatum meum cuftodiatis, quia fignum eft inter me vos. Si cela &vos. eft, comme l'on n'en peut douter, les Peres concluent que le Dimanche étant dans la Loi nouvelle eft un pour ce que le Sabbat étoit dans l'ancienne, il eft enles Chrécore la marque d'une plus étroite alliance; & qu'il -doit être 31. pour nous la fource de mille graces & de mille bénédictions: Innumeris benedictionibus diem Dominicam fanctificavit.

tiens.

Exod.

13.

Greg. Mag.

Conduite

des premiers fidéles dans les

jours de Dimanche

& de Fête.

S. Juftin remarque plufieurs chofes fur la conduite que tenoient les premiers Chrétiens les jours de Dimanche & de Fêté. 1°. Que les Fidéles, tant des villes que de la campagne s'affembloient le Dimanche, qu'on qu'on lifoit les Ecrits des Apôtres & des Prophétes, & que cette lecture étoit fuivie d'une exhortation qu'on entendoft avec beaucoup de refpect. 2°. Que dans ces affemblées on faifoit des prieres & des actions de graces avec toute la ferveur dont on étoit capable, & qu'on diftribuoit enfuite aux affiftans les dons confacrés. 3°. Que c'étoit aux jours du Dimanche qu'on s'affembloit, parce que c'a été en ce jour que Jesus-Chrift eft reffufcité d'entre les morts, preuve convainquante de la destination du Dimanche aux exercices de

« AnteriorContinuar »