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lon eux, ne conviennent qu'aux dévots; ni la majefté de nos cérémonies, ni la douceur des Cantiques, ni nos Inftructions familieres & nos Catéchifmes, ni la fainteté de nos Fêtes, ne peuvent les attirer dans nos Eglifes. Mais quoi donc y penfez-vous, mes chers Paroiffiens? Où irez-vous donc paffer tout le refte du jour faint Irez-vous perdre dans une longue diffipation tous les fentimens de Religion que vous avoient infpirés les faints exercices du matin? après avoir mêlé le matin vos voix avec les vrais Fidéles, & avoir chanté les Cantiques de Sion, irez-vous l'après-midi vous abandonner aux fauffes joies & aux divertiffemens profanes de Babylone? N'est-ce pas expofer nos Solemnités & nos Myfteres aux fcandaleufes dérifions de l'hérétique? Viderunt hoftes & deriferunt Sabbata ejus.

&

Détournons nos penfées de tant de profanations; ou, fi nous y penfons, mes très-chers Freres, que ce foit du moins aujourd'hui pour en gémir & en folliciter le pardon. Je reviens; avant que de finir cette Inftruction, je veux en core vous propofer de nouveaux moyens, propres à vous faire remplir dignement l'obfervation des Dimanches & des Fêtes. Jefus Chrift lui-même nous a enseigné par fon exemple une nouvelle maniere de fanctifier le Dimanche: on le voyoit, ce divin Sauveur, tout occupé le jour même du Sabbat à confoler les affligés, délivrer les poffédés, guérir les malades; & le fcandale qu'en prenoient fes ennemis montre affez qu'ils étoient tout charnels, & qu'ils ne comprencient rien aux myfteres adorables de la fageffe de Dieu. Que la conduite des Juifs fur ce point ne vous féduife pas, mes chers Paroiffiens; & fcachez aujourd'hui que fi quelque chofe doit fanctifier véritablement nos Dimanches & nos Fêtes, les Tome II. (Morale II. Vol.) T

Thren. t. 7.

Autres exercices propres en

core à fanc tifier le Di

manche:la charité.

Exod. 20.

rendre, felon l'expreffion de l'Ecriture, des jours pleins devant Dieu, dies pleni; ce font les œuvres de la charité: vifiter des pauvres, confoler des affligés, fecourir les malades, les édifier, les porter a la patience; que de moyens propres que la Religion vous fournit pour remplir, felon l'ordre de Dieu, le précepte qui nous cft fait de fanctifier nos Solemnités & nos Fêtes! Memento ut diem Sabbati fanctifices. Car apprenez-le, mes chers Freres, les œuvres de charité entrent tellement dans la fanctification 'des jours faints, qu'aux jours les plus faints entre tous les autres, fi le befoin de nos freres nous empêchoit d'aller dans le Temple, la miféricorde pratiquée dans l'intérieur de la maifon nous tiendroit lieu de Sacrifice. Grandes vérités, mes chers Paroiffiens, que je vous conjure au nom de Jefus Sauveut, de gravet profondément dans vos efprits & dans vos cœurs. En finiffant ce Difcours, rappellons-nous donc aujourd'hui, pour ne l'oublier jamais, que fi les Dimanches & les Fêtes font deftinés au fervice de Dieu, ces faints jours le font auffi pour le repos de l'homme; que fi nous refufons de jouir de cet aimable repos, Dieu jure dans fa fureur, que nous n'entrerons jamais dans le repos éternel: Pf. 94. 11. Quibus juravi in ira mea, fi introibunt in requiem meam. Les bienfaits de notre Dieu dans ces jours fingulierement confacrés à son service; les précieux avantages que nous pouvons tirer de notre fidélité à les obferver fcrupuleufement: tout nous excite, tout nous porte à nous dire à nous-mêmes, ce que David fe difoit à lui-même dans le fecret dé Pf. 114. 5. fon ame: Convertere, anima mea, in requiem tuam, quia Dominus benefecit tibi. Si durant le cours de la femaine vous avez été tout à vous & à vos affaires temporelles; fi vous vous êtes occupés à labourer vos terres, à cultiver vos vignes, à recueillir vos

Conclu

fion.

muiffons, à battre vos grains; au moins, mes. chers Freres, donnez-vous tout de bon à Dieu le Dimanche; la terre & tout ce qui eft en elle appartient au Seigneur; le monde & tous ceux qui y habitent font l'appanage de fon empire: Domini eft terra & plenitudo ejus. Tous les temps Pf. 236 In & tous les jours font à lui, continue David, & de tous ces jours il fe réferve le Dimanche pour lui être particulierement confacré; ne lui dérobez donc pas un feul inftant du jour qu'il s'eft choifi: il le veut, fon précepte y eft formel, la Religion l'exige, elle appuie le précepte d'un nouveau commandement; les Edits des Cefars & des empereurs autorifent & le commandement de l'un & le précepte de l'autre : Dies Feftos Majeftati altiffima dedicatos nullis volumus voluptatibus occupari. Nous montrerions-nous rébelles? ah! j'efpere mieux, mes chers Paroiffiens, de votre piété. 11 y va de votre intérêt en tout point, puifque du repos temporel que l'on exige de vous dans le temps, vous pafferez au repos éternel de la gloire.

Cod. de

feriis Lib. 3.titulo 128 Imperatores

Leo & Anthemius.

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LE SOIN QUE LES PERES ET LES MERES en doivent prendre.

I

L eft incontestable que c'eft ici un des plus importans fujets de la Morale Chrétienne, puifque c'eft de la bonne ou mauvaise éducation 'que reçoivent les enfans, que dépendent le bonheur des Villes, la tranquillité des Etats, la sûreté des Royaumes, les douceurs de la fociété, les délices & les charmes de la vie ; & ce qui doit encore plus intérelfer de vrais Chrétiens, le régne glorieux de la Religion & de la piété. Je ne promets rien dans tout ce Traité fur le devoir des enfans envers les parens; restraint à un certain nombre fixe de fujets fur la Morale, j'ai cru devoir m'attacher aux plus effentiels ; & c'eft ce qui m'a fait donner la préférence à celui-ci, parce qu'il est évident que c'eft principalement de la négligence des parens, dans l'éducation de leurs enfans, que naif

fent mille défordres prefque auffi préjudiciables à la Religion qu'à la fociété. L'on ne trouvera donc dans ce Traité, que ce que j'aurai jugé de plus propre pour convaincre les peres & les meres de l'obligation où ils font de bien élever leurs enfans, & leur faire fentir qu'il y va de l'intérêt de leur falut de ne point prévariquer fur ce point: enfin je n'épargnerai rien pour leur donner des moyens faciles & des régles sûres pour faire de leurs enfans tout à la fois des hommes & citoyens & religieux.

Réflexions Théologiques & Morales fur l'Education des Enfans.

L'obliga. tion où font les peres &

les meres

D. Chry

L'Apôtre S. Paul écrivant aux Ephéliens & aux Colloffiens, diftingue trois devoirs que les peres & les meres font obligés de rendre à leurs enfans. Vous devez leur donner, dit-il, l'aliment, de bien élel'éducation & la correction. Les Théologiens rai- ver leurs fonnant fur ce point, demandent d'où vient que enfans, est le Créateur donnant les dix Commandemens de naturelle. la Loi, a fi fort recommandé aux enfans leur Ephef. 6. devoir envers leurs parens, & qu'il n'a pas ré- Coloff. 1. ciproquement recommandé aux peres & aux meres leurs devoirs envers leurs enfans. S. Chryfoftôme en donne la raison. C'est que cela n'étoit pas néceffaire, vû que la nature imprime dans foft. Hom.2. leur ame ce devoir; & comme Licurgue dans fes in Epift. ad Loix n'ordonna aucune peine contre les parrici- Eph. des, ne pouvant croire qu'il fe trouvât jamais d'enfans affez dénaturés pour ôter la vie à ceux de qui ils la tenoient; ainfi le fouverain Légiflateur a jugé fuperflu de recommander aux peres l'amour envers leurs enfans & le foin de les élever, parce qu'il étoit hors de toute vrai-semblance qu'il pût fe trouver des monftres qui refusassent de conserver la vie à ceux à qui ils l'ont donnée;

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