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teux qui m'écoutent; & que je n'aie pas encore le malheur de fervir, malgré moi, par l'abus qu'ils feroient de votre parole & de mon ministere à la consommation & aux triftes fuites de leur aveuglement. Déchargez votre colere fur tout le refte, mais épargnez leurs confciences. Leurs biens & leurs fortunes font à vous, faites-leur-en fentir la peine: mais ne les privez pas de ces lumieres qui doivent les éclairer dans le chemin de la vertu : humiliez-les, mortifiez-les, appauvriffez-les, anéantiffez-les felon le monde; mais n'éteignez pas le rayon qui leur refte pour les conduire. A toute autre punition qu'il vous plaira les condamner, ils s'y foumettront: mais ne les mettez pas à l'épreuve de celle-ci, en leur ôtant la connoiffance & la vue de leurs obligations; car ce feroit les perdre, & les perdre fans reffsource: ce feroit dès cette vie les réprouver.

Pour réfor

mer fa

con

une voie

Si l'on ne connoît point fon erreur, quelle démarche pourroit-on faire pour en fortir? Or pour parvenir à une connoiffance fi importante, il faut d'abord entrer dans un profond recueillement avec foi. L'Evangile remarque que quand science il Jesus-Chrift parut au milieu de fes Apôtres pour faut examiteur donner la paix, les portes étoient fermées ner d'abord •fur eux: Dum hac loquuntur & fores effent claufa. fi l'on n'est Or fi ce n'eft que dans le recueillement que fe point dans trouve la paix, eft-il concevable que cette aima- d'égareble tranquillité, ce doux calme de la confcience ment. fe conferve ailleurs que dans la retraite Car comment fubfifteroit-elle au milieu des embar- 36. ras & des follicitudes du fiècle, là où les fens emportent toujours l'ame loin d'elle-même; là où toutes les paffions font excitées & le donnent une pleine licence; là où tous les objets font des tentations, & prefque tous les pas de mortelles chûtes? Comment subsisteroit-elle où régnent les

Luc. 24.

Joan. 20.

19.

Preuves de
Partie.

la feconde

jaloufies, les cabales, les inimitiés ; où l'on ne connoît d'autre Loi que fon intérêt, d'autre divinité que la fortune? Comment enfin fubfifteroit-elle dans un pays ennemi de toute vertu, & fur les terres de l'iniquité ? La paix, fruit précieux de la bonne confcience, n'eft l'ouvrage que de la juftice; or la juftice ne fe nourrit que dans le F. 32. 17. filence, & n'habite que fur le Carmel: Et erit opus juftitia pax, & cultus juftitia filentium, & juftitia in Carmel fedebit. Pris du Sermon du P. Terraffon, C'eft illu- pour le jour de Quasimodo. Il n'eft de que

16.

fion prétexter

des diffi

au milieu

de.

16

pas

fi difficile, qu'on fe l'imagine d'en venir à la poffeffion de cette paix qu'enfante une bonne confcience; graces au ciel, il y en a cultés, de qui fçavent trouver la retraite au milieu du monfe réformer -de & de fes follicitudes; il y a encore des femdes embar-mes fortes, des Efthers qui ofent prendre Dieu ras du mon- à témoin qu'elles ne paroiffent dans la Cour d'Affuerus que par néceffité; qu'elles méprifent Efth. 14. infiniment l'éclat qui les y environne: Tufcis neceffitatem meam quod abominor fignum gloria mea. Il y a encore des Judiths qui, après avoir franchi tous les périls d'un camp ennemi, & avoir délivré leur patrie du redoutable Holopherne, au lieu de s'amufer à recueillir de dangereux applau diffemens, rentrent dans la retraite dont elles n'étoient forties que par l'ordres de Dieu. Il y en a, dis-je, encore de ces ames diftinguées, qui confervent le calme intérieur dans l'administration des affaires publiques & féculieres, à la faveur du recueillement dans lequel elles ont trouvé le fecret de fe maintenir, & fans lequel la tranquillité dont elles jouiffent s'évaporeroit avec leurs penfées. Le même.

Si l'on veut

de bonne

fei réformer

la confcien

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J'ai péché : voilà ce qui doit faifir de frayeur un Chrérien qui, forti du recueillement où il étoit entré pour le fonder, fe reconnoît pécheur. J'ai

peché: : c'est donc à dire, que je fuis un objet ce, il faut de colere devant Dieu, indigne de fa miféricor- aprés le rede, & fur qui peut-être il va bientôt décharger cueillement tous les fléaux de fa juftice. J'ai peché : un feul faire l'aveu de fon pépéché devoit me caufer de continuelles inquiétu- ché des; qu'eft-ce donc qu'une multitude infinie de péchés dont ma vie eft tachée ? De quel œil puifje tous les envisager? La mefure n'eft-elle point comblée ? Ou, pour peu que j'y ajoute, ne vais-je point achever d'y mettre le comble? J'ai peché : le Sage me défend d'être fans crainte à l'égard même d'un péché pour lequel j'aurois tâché de fatisfaire à Dieu: De propitiato peccato noli effe fine Ecali. 5.5metu. Mais quelle fatisfaction ai-je faite jufqu'à préfent à la justice divine? Pécheur de tant d'années, où eft le moment où j'ai été pénitent? où font les larmes que j'ai répandues? où font mes prieres, mes aumônes, mes jeûnes, mes confeffions? Quad eft-ce que j'ai réparé mes médifances, que j'ai reftitué ce que j'avois ufurpé, que j'ai mortifié mes fens & chatié mon corps Chaque jour a accumulé mes dettes,& pas un ne les a diminuées. Si Dieu m'appelle, que lui répondraije: Sil me fait rendre compte, quelle fera ma reffource? Je porterai avec moi mes iniquités & je ferai accablé fous ce tréfor de colere. J'ai péché trifte parole qui fera peut-être la derniere que je prononcerai en mourant, & la feule que j'aurai dans la bouche durant l'éternité; j'y trouverai ma confufion & mon defefpoir ce fera la fource inépuisable de mes regrets ; je le dirai au tribunal de Dieu, que j'ai péché ; je le dirai au milieu des flammes,que j'ai péché ; je le dis maintenant, fans en reffentir la peine: mais.comment le dirai-je alors? Cependant je regarde de fang froid, & fans pâlir, un danger fi preffant. Attachez-vous, Chrétiens, à cette penfée : J'ai pé

:

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Penfons

fou vent

qu'à la mort la confcience fera bien

différente

de la confcience de

la vie.

Sap. 5. 6.

Pour réfor

ché; pénétrez-la: c'eft la premiere méditation que je vous donne à faire. Pris du P. Giroaft.

Il y a, j'ofe le dire, dans l'homme deux efpeces de conscience : l'une pour la vie : l'autre qui se fait fentir à la mort. Qu'est-ce que la conscience de la vie? Ceft une confcience qui excuse tout à nos yeux ; dans cette maniere de faire valoir fon argent, rien de fort fufpect : dans cette maniere de fe mettre, rien de fort choquant pour la modeftie: dans ces vues d'agrandiffement, rien d'injufte, d'illicite: dans ces lectures, rien de fort criminel: dans cette vie de jeu, rien de fortcondamnable: dans ces fociétés de plaifirs, rien de fort repréhenfible: oui, voilà la confcience de la vie. Mais écoutez : voici quelle fera la confcience de la mort. Je vous le dis, je vous le prédis, cette maniere de faire valoir fon argent étoit un véritable larcin; ces prétentions ambitieuses renfermoient plus d'une injustice; ces fociétés de plaisirs n'étoient que des fociétés de crimes; ce jeu étoit une véritable paffion; cet amusement n'étoit pas un fimple amusement, c'étoit un parfait oubli de Dieu, oubli de fon falut, oubli de fon éternité. Pendant la vie c'étoient des riens; mais ces riens deviennent des monftres à la mort. Eftil donc vrai, dira-t-on alors, que nous nous fommes fi groffierement trompés? Ergo erravimus à viâ veritatis. Sermon manuferit & anonyme.

La railon & la Religion veulent que nous mer fa con- rapprochions notre mort de notre vie, & que fcience du nous nous comparions nous-mêmes vivans, avec rant la vie, nous mêmes mourans. Que ferois-je fur cent choil faut faire fes, s'il falloit mourir aujourd'hui ? Quel parti à préfent ce que l'on fe ferois-je bien aife d'avoir pris? Prenons-le donc dès-à-préfent. Tout le monde doit fuivre cette régie de conduite: c'eft de juger pendant la vie, comme on jugera à la mort : c'eft de confulter le

promet de

faire à la mort.

moment de la mort. Ah! ce qui eft vrai à ce redoutable moment eft toujours vrat. Ecoutons la mort, elle donne de bons conseils, fuivons-la dès-à-préfent. Le même.

Le plus

contre la

?

&tifier.

D. Aug.

Si vous êtes affez heureux pour connoître une fois la fausseté de votre confcience, les périls où sûr reméde elle vous a conduit, que devez vous faire? Vou- fauffe conloir en fortir : mais le vouloir fincérement & for- fcience c'est tement; redoubler, comme parle S. Auguftin, de vouloir vos vœux & vos prieres, pour en venir à cet heu- efficacereux point: Ora fortiter. Car de quoi s'agit-il ment la reDe fortir de l'Egypte pour entrer dans la terre promife; il vous en coutera, je ne vous le diffi- Ep. at Bo mule point, on ne revient pas de longs égare- nif. mens qu'il n'en coute. Quoi qu'il en coute, quand on le veut bien, la chose eft faite, le retour eft affuré; un pécheur de bonne foi ne fera pas longtemps pécheur; avec la bonne foi & la droiture on revient de tout; auffi fans cette bonne foi tout eft perdu : fi vous cherchez à vous tromper, affurez-vous que vous ne tromperez que vous. Le même.

Concevez, je vous prie, de quelle conféquen- Il ne faut ce il eft d'avoir un Conducteur habile, un Con- pas s'en rapfesseur éclairé, un homme auffi propre à vous porterà fuiinstruire que peu propre à vous flater; un hom- même pour regler fa me en qui on ne puiffe ni louer une trop grande confcicnce facilité, ni blâmer une trop grande févérité; un il faut conhomme qui ait quelque égard pour la foiblefle, fulter un mais qui n'en ait jamais pour la lâcheté ; un hom- Directeur me qui, comme le Prophéte Nathan, reproche éclairé. avec fermeté, & nous dife, comme ce Prophéte le difoit à David: C'est vous qui êtes ce voluptueux, cet ambitieux, ce médifant & cet avare: Tues ille vir. Pris d'un ancien Traité de la Pénitence.

II. Reg.

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12. 7.

On conful

Avouous qu'ordinairement on ne confulte,que te, il eft

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