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Après de telles me

naces les

juftes comme les pécheurs doivent être dans de

non adjiciet ut complacitior fit adhuc, aut in finem mifericordiam fuam abfcindet? C'est le trifte fort de tant de perfonnes qui vous ont moins offenfé que moi : Dieu de bonté ne permettez pas que ce soit

le mien.

Ainfi, mes chers Paroiffiens, qui que vous foyez, ces étonnantes vérités vous regardent; & vous en devez tirer des conféquences qui vous foient utiles. Si vous êtes juftes, prenez garde, felon le confeil de S. Paul, à ne pas concevoir une trop bonne opinion de vous-mêmes, & tenezvous dans une crainte falutaire : Noli altum fapere, faints trem fed time. Que perfonne donc, continue l'Apôtre, ne fe tienne affuré, que perfonne ne fe croye fer me & immuable, que perfonne ne fe laiffe cor rompre par une fauffe fécurité; & fur-tout que perfonne ne méprife un autre : que celui qui fe croit ferme prenne garde à ne pas tomber: voilà T'avertillement que je donne aux juftes.

blemens.

Rom.11.20.

'Matth. 21.

Mais fi vous êtes pécheur, fuffiez-vous même un pécheur fcandaleux, en abomination aux yeux de Dieu & des hommes, ne perdez point courage: celui qui dort, ne fe relevera-t-il pas un jour? Pf. 40. 9. Numquid qui dormit non adjiciet ut refurgat? Celui qui fait tout par fa puillance, & qui des pierres mêmes forme, quand il lui plaît, de dignes enfans d'Abraham, ne peut-il pas faire de nous de vrais pénitens? Je vous dis en vérité, dit Jefus-Chrift, que les Publicains & les femmes débauchées vous devanceront dans le Royaume de Dieu. Paroles bien terribles pour les juftes, mas bien confolantes pour les pécheurs. S. Matthi qui nous rapporte ces paroles, en a bien épro la vérité, comme vous le fçavez, mes chers F res, puifque de Publicain qu'il étoit, il est de nu Apôtre; S. Paul de blafphémateur & de f fécuteur de l'Eglife de Jesus-Christ, en est de

nù le prédicateur; Magdeleine qui étoit une femme de mauvaise vie dans la ville, a aimé plus que les autres, a choifi la meilleure part Aujourd'hui donc, dès à préfent travaillez à votre falut : il est encore temps, pourvu que vous ne différiez pas davantage : prenez une ferme réfolution, quittez vos péchés, faites-vous violence, le Royaume des Cieux ne s'acquiert que par-là: Regnum Cælorum Matth. 11. vim patitur; & ceux-là feuls qui auront tait des 12. efforts, peuvent en efpérer la poffeffion : & violenti rapiunt illud.

d'un Dif

cours.

Concluons ce Difcours, mes chers Paroiffiens, Cequi peut comme nous l'avons commencé; & que les paro- faire la conles du grand S. Auguftin fe gravent profondément clufion aujourd'hui & pour toujours dans vos cœurs. Ce faint Docteur expliquant ces paroles de David: Le Seigneur est tout miféricordieux, fa bonté va à l'excès: Mifericors & miferator Dominus; nous Pf. 144. découvre deux funeftes extrémités où donnent les pécheurs à l'égard de la mifericorde. L'un, dit ce D. Aug. Pere, défefpere de la miféricorde pour pécher, in Pf. 144. defperat ut peccet. L'autre en préfume pour pécher; fperat ut peccet. Ecoutez le langage du premier; audi vocem defperantis. Mes péchés font trop grands, dit-il comme Caïn, il n'y a plus de pardon à efpérer; l'enfer eft mon partage: je n'ai donc qu'à m'abandonner au torrent de mis pafions: Jam damnandus fum: quare non facio quidquid volo? Ecoutez à préfent la voix du préfompueux: Audi & vocem fperantis. Les miféricordes de Dieu font infinies, dit-il : Mifericordia Dei magna eft. Il me pardonnera, d'abord que je vourai me convertir: Quando me convertero dimittet ihi omnia. Je puis donc contenter mes defirs & ivre tous les mouvemens déréglés de ma paíon: Quare non facio quidquid volo? Evitons, mes ers Paroiffiens, l'un & l'autre de ces écueils ¡ Tome II. (Morale II. Vol.) Rr

Ibid.

Ibid.

Ibid.

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1bid.

Ibid.

c'eft le confeil que nous donne ce fçavant Docteur, le défenfeur & la conquête de la grace: ils font également dangereux : Utrumque metuendum, utrumque periculofum. Il ne faut point désespérer de la miféricorde de Dieu : mais auffi il ne faut point trop en préfumer : Va à defperatione, va à perverfa fpe. Si juftes que vous foyez, n'espérez point trop: mais fi pécheur que vous foyez aussi, ne perdez pas confiance : Dieu vous parle encore, b. 3. §. n'endurciffez point vos cœurs : Hodie fi vocem ejus audieritis nolite obdurare corda veftra. Souvenez-vous que fi vous n'écoutez point aujourd'hui fa voix, peut-être n'y aura-t-il plus de miféricorde pour vous; & que c'eft du bon ufage ou de l'abus de ces graces que nous préfente le Seigneur, que dépend votre malheur ou votre bonheur éternel. Souvenir falutaire durant la vie, qui nous conduira à la mort au terme de la vraie félicité.

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*

OBSERVATION

PRÉLIMINAIRE

SUR

L'HUMILITÉ.

ANS toute la Morale Chrétienne, il In'eft gueres de fujet plus fécond que celui de l'humilité; les rapports néceffaires qu'il a avec l'orgueil, qui eft le vice qui lui eft le plus contraire, l'ambition, la vaine gloire & toutes les autres especes de l'orgueil, &c. tous ces différens fujets entreroient comme naturellement dans un Difcours fur l'humilité. Cependant il eft à remarquer que quiconque embrafferoit tout cela, feroit un difcours vague & tout compofé, pour ainfi dire, de penfées détachées; ainfi pour obvier à cet inconvénient, je penfe qu'il eft à propos, pour bien raiter ce fujet, de s'en tenir à ce qui regarde 'humilité, la connoiffance de foi-même, &c. Il Faut avouer néanmoins qu'il eft comme inévitale qu'en parlant de l'humilité, l'on ne tombe Fur l'orgueil, foit pour rehauffer le prix de l'humilité, foit pour faire fentir le ridicule de l'orueil; & par ces moyens porter fes Auditeurs à a pratique d'une vertu fi néceffaire, & leur faire viter les écueils & les dangers que traînent après

Réflexions Théologiques & Morales fur l'Humilité.

ité.

IOI.art, I.

dit S. eft une vertu par laquelle l'homme fondé fur la vraie connoiffance de foi-même, le méprife. C'eft, felon D. Thom. S. Thomas, une vertu qui réprime les mouvemens 22, qua ft. du cœur qui fe porte aux chofes élevées avec déréglement. L'humilité confifte principalement en trois chofes. A fe croire digne de mépris: à aimer le mépris pour l'amour de Dieu : à ne fe glorifier de rien, mais à rapporter à Dieu tout le bien qui eft en nous & qui fe fait par nous.

C'eft une grande fagelle & une haute perfection de ne faire aucun cas de foi-même, & d'avoir toujours des fentimens favorables & avanta geux des autres. Quand vous verriez votre prochain commettre quelque grand crime, vous ne devriez pas cependant vous estimer meilleur, parce que vous ne fçavez pas combien de temps vous pourrez perfévérer dans le bon état. Nous fommes tous fragiles, mais ne croyez perfonne plus fragile que vous. O! que la fragilité humai ne eft grande! Elle eft toujours inclinée vers le vice. Vous confeffez aujourd'hui vos péchés, & demain vous les commettez de nouveau : à préfent vous vous propofez de les éviter, & unt heure après vous agiffez comme fi vous n'avia

Définition

Ae l'Humi

La vraie bumilité

confifte à

avoir du

lui un vice auffi funefte que l'eft celui de l'orgueil
Si par
la fuite j'avois lieu, comme je me le pro-
mets, de donner un Volume de sujets particu-
liers, comme je l'ai fait preffentir dans ma Pré-
face, j'aurois foin de fournir d'abondans maté-
riaux fur l'ambition: mais aujourd'hui je me bor-
ne à donner tout ce qui pourra fervir à prouver
la néceffité de l'humilité, fes avantages, les dan-
gers & les fuites funeftes de l'orgueil.

mépris pour foimême, & de l'eftime

pour les autres.

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