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dans les trois parties de fon Difcours fur l'Humilité, quels en font les motifs, les caractères & les avantages. L'état préfent de l'homme, la qualité de pécheur, la dignité de Chrétien : voilà les motifs de l'humilité. Pour démêler la vraie humilité & fes caractères, il montre 1°. qu'il y a des apparences de vertu qui font des vices. 2°. Qu'il y a une demi - humilité qui n'est pas humilité chrétienne. 3°. Que de tant de difpofitions qui femblent tenir à l'humilité, une feule eft véritablement cette vertu que JefusChrift recommande. Selon lui, tous les avantages de l'humilité fe réduifent à trois chefs. 1°. A être tranquilles en nous-mêmes. 2°. A vivre doucement avec les hommes. 3°. A être favorifé de la Divinité.

Le P. Dufay dans fon Avent, fournit des chofes très-folides fur ce fujet. Aux retours flatteurs que nous infpire affez naturellement l'orgueil & la vanité, il veut que nous oppofions deux vérités, & que nous difions, 1°. Par la bonté & la libéralité de Dieu je fuis ce que je fuis, & fans lui je ne fuis rien. 2°. Par ma malice & par mon péché je fuis moins que rien, & je me fuis mis au-deffous du néant.

L'auteur des Difcours Chrétiens dans fon Dilcours fur le dixiéme Dimanche après la Pentecôte, nous fournit des moyens sûrs à opposer à l'orgueil de l'efprit & à l'orgueil du cœur. Comme felon S. Bernard, il y a auffi une humilité d'efprit & une humilité de cœur ; par la premiere, nous apprenons à connoître notre néan: & à nous juger dignes de mépris, c'est le remed à l'orgueil de l'efprit. Par la feconde, nous ap prenons à méprifer les honneurs du monde, & rechercher tout ce qui peut nous humilier deva lui; c'est le remede contre l'orgueil du cœur.

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PLAN ET OBJET DU PREMIER DISCOURS fur l'Humilité.

Es Juifs députent vers Jean-Baptifte des Prê

tres & des Lévites pour l'interroger, le prenant pour le Meffie annoncé par les Oracles, prédit par les Prophêtes. Ces députés lui demandent avec quelque forte d'importunité, qui il est : Tu quis es? Jean-Baptifte confeffa & ne nia point, il confeffa la vérité, en disant : Pour moi je ne fuis pas le Chrift: Confeffus eft, & non negavit,. canfeffus eft quia non fum ego Chriftus. Avouonsle, la queftion étoit embarraffante, la tentation délicate, & j'ofe dire qu'il ne falloit rien moins, que toute l'humilité d'un Jean-Baptifte, pour échapper à un piége fi fubtil, & pour fortir glorieux d'un combat fi à craindre: s'il eût feulement affecté de garder fur l'interrogation qu'on lui faifoit, un politique filence, il n'en falloit pas davantage : la Judée tomboit à fes genoux, les autels étoient dreffés à fon honneur, l'encens fumoit à fa gloire; Jean Baptifte étoit adoré comme un Dieu. Cependant balance-t-il un moment & fa vertu interdite (comme la nôtre l'eût été fans doute) a-t-elle befoin de fe rappeller à elle-même & de fe fortifier contre la éduction? Non, Chrétiens, fans hésiter, fans délibérer, Jean - Baptiste confeffe noblement, que loin d'être le Chrift, il n'est pas même ligne de lui rendre les devoirs les plus ramDans; que non-feulement il n'eft pas le Mefie, qu'il n'eft pas même un Prophête, qu'il 'eft que l'écho du défert, que c'eft tout ce qu'il

Divifion générale.

Joan. 1

lbid.

Soudivi

fions de la premiere Partic.

eft, & que ce tout n'eft rien; Ego vox clamantis in deferto. Grand exemple, mais exemple bien peu imité de nos jours! l'humilité est presque aufli rare dans la cabane du Berger, que fur le Thrône du Monarque ; & l'on peut dire qu'une ame folidement humble, eft un auffi grand prodige que les plus grands prodiges que nous admirons. Sortons aujourd'hui de notre erreur, & tâchons de nous bien convaincre de l'obligation que nous avons tous contractée d'être humbles, & des grands avantages que procure à un Chrétien la véritable humilité. Pour y réuffir, je dis 1°. Que l'humilité eft néceffaire à tous les Chrétiens dans tous les états, & principalement au milieu de la grandeur. 2°. Je dis que de toutes les vertus il n'en eft point qui procure de plus grands avantages au Chrétien que l'humilité. Il eft néceflaire, il eft avantageux d'être humble.

Si l'humilité eft abfolument néceffaire à tous les Chrétiens, difons qu'elle l'eft plus étroitement encore pour les grands de la terre. Et certes à qui convient-il mieux de s'humilier, qu'à ceux qui font plus élevés? Oui, Dieux de la terre, c'eft à vous à faire remonter les ruiffeaux vers la fource d'où ils defcendent, & à faire fans ceffe de votre élévation, le motif de votre humilité. Car enfin fur quoi eft donc étayée cette grandeur qui vous enyvre fi fort? Sur des avantages qui ne font point en vous ; qui quand ils y feroient n'y font point par vous, & qui trèsfouvent font contre vous. Dès - là avantages 1o. Chimériques. 2°. Errangers. 3°. Funeftes. Trois motifs bien propres à infpirer à tous les Chrétiens & fur-tout aux grands de la terre, une humilité fincere & véritable.

Sondivi

Si je n'envifageois l'humilité que par rapport fions de la à Dieu & au falut éternel, je n'aurois pas beau

coup de peine à vous convaincre qu'il n'y a qu'elle la feconde - feule qui puiffe rendre l'homme véritablement Partie. heureux; mais ce ne font pas les feuls biens que l'humilité nous procure. il en eft d'autres qui - font plus proches & plus fenfibles, c'est à ces derniers que je m'attache comme à ceux qui vous intérefferont peut-être plus. Je dis donc que l'humilité contribue à nous rendre heureux fur la terre. Comment cela? 1°. En éloignant de nous les fources de nos agitations & de nos troubles, & nous faifant éviter la plupart des peines que nous nous faifons ordinairement. 2°. En adouciffant les peines de la vie qui font inévitables,

Les avan

A quoi bon nous tromper & nous repaître d'un vain phantôme de grandeur, qui n'a d'autre fondement que nos faufles & trompeufes idées ? Oui, nous le fçavons, vous êtes nés de parens tages dont illuftres & qualifiés, tous les cercles en retentif- nous nous fent; & comme c'eft-là le plus bel endroit de glorifions, votre histoire, c'est auffi celui que vous avez le plus de foin de rendre public. Pour vous détromper, je n'aurois qu'à fouiller dans les fiécles paffés, je n'y trouverois peut-être que trop de tion. & quoi vous convaincre que la tige n'eft pas auffi n'ont rien brillante que vous le prétendez, & que tel fe de réel. pare aujourd'hui d'un grand nom, dont le nom il

n'exiftent fouvent que dans notre

imagina

Preuves de la premiere

Partie.

Y a quelques années étoit ou inconnu où méprifé dans le monde. Avez-vous été les arbitres de votre fort & de votre destinée? Vous êtesvous choisis l'état dans lequel vous vouliez naître ? C'est le Seigneur qui abbaiffe & qui releve: Dominus humiliat & fublevat. C'est lui qui fait le grand & le petit, le pauvre & le riche, tous deux ont le même Auteur: Utriufque operator eft Dominus. Le même Seigneur qui a donné l'être 2. à l'un, l'a pareillement donné à l'autre. Divers Auteurs anonymes.

7.

1. Reg. 2.

Frov. 22.

1

Loin de Qu'est-ce que l'homme fi je le confidere dans nous glori- l'ordre de la nature? Ne le demandons pas à Job,

fer des

nature,

nous y trou

vons de quoi nous humilier.

dons de la il nous diroit qu'avant que d'exifter il n'est rien, que c'eft du néant qu'il tire font origine, & qu'il y rentreroit bientôt fi une main bienfaifante ne l'empêchoit d'y retomber. Mais interrogeons ces célébres Philofophes que l'antiquité range au nombre de fes Sages, car pourquoi n'ornerois-je pas des dépouilles de Samarie, le Temple du Seigneur ? Que nous répondront-ils: Hélas! j'y penfe avec horreur : Que l'homme ne trouve que honte dans fa conception, douleurs dans sa nailfance, peines dans fa vie, ténébres dans son imagination, illufion dans fes fens ; & pour comble de miferes, qu'il eft néceffité de mourir après avoir fi triftement vêcu. Le portrait est - il Hatteur? Qu'y trouve l'homme qui puiffe tant nourrir fon orgueil L'Auteur, dans fon Difcours de

Combien

dont l'on

la gloire.

la Cêne.

De quoi vous glorifierez-vous, grands de la font chimé- terre? Seroit-ce des louanges que l'on vous proxiques les digue? Hélas! trop fouvent le menfonge les avantages donne à la vanité, & la vanité les paye au menprétend fi fonge. Seroit-ce de la beauté qui fe fanne, dit fouvent ti- l'Ecriture, auffi facilement que l'herbe des champs de l'hon- fe deffeche, où d'ordinaire l'artifice a bien plus neur & de de part que la nature? Etudiez fans prévention tous les divers avantages que l'orgueil groffit fi fort à vos yeux, & vous en appercevrez ailément le vuide affreux; la nobleffe, l'efprit, la science, les richeffes, nulle de ces prérogatives fi vantées, qui ne nous force de nous humilier, fi nous voulons les dépouiller du brillant éclat qui ne nous charme que pour nous tromper. Vous êtes nobles: eh bien! qu'en conclure? (Si je m'en tiens à l'expérience) donc vous en avez plus de défauts, donc vous êtes dévoré de paffions

La no

bleife.

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