Imágenes de páginas
PDF
EPUB

:

Dieu garde parfaitement fon caractere & fon majefté & rang. Il rappelle l'homme Fécheur: mais c'eft de la gran. fans rien rabattre de fa fuprême autorité il fait deur de les premiers pas, mais il les fait.cn Monarque, Dieu. en Souverain, en Dieu; comment cela Par le remords même de la confcience. Car, comme le dit le faint homme Job, la confcience ne tourmente pas feulement le pécheur à l'égard du paffé & du préfent, elle ne lui reproche pas feulement ces parties de débauche où il s'eft trouvé & où il a entraîné les autres; ces larcins qu'il a commis & où il a fait entrer les autres; ces occafions de péché qu'il a cherchées & qu'il a préfenrées aux autres ; ces juremens effroyables, ces horribles blafphêmes qu'il a proferés & qu'il a fait proférer aux autres; en un mot, cs yvrogneries, ces débordemens, ces faletés que la pudeur défend de nommer: cette confcience tourmente encore le pécheur par la vue de l'avenir, en lui faifant fouffrir par avance tous les fupplices que mérite ce tiffu d'iniquités qu'il a commises; il croit voir, ce pécheur, de tous côtés des épées qui le menacent, & des châtimens qui l'attendent: Circumfpectans undique gladium Imaginez J. 15.220 vous, mes chers Paroiffiens, un criminel a qui on a lû l'arrêt de fa mort: ce miférable fouffre déja fon fupplice, & pour une mort réelle il en fouffre mille dans fon imagination qui ne font pas moins cruelles. Image fenfible d'un pécheur que fa confcience condamne : tantôt il fe voit au jugement de Dieu accufé & condamné par un Juge inexorable: tantôt il fe fent précipité dans les abîmes éternels: il vit, mais il ne vit guères plus heureux que les damnés. Eh bien, mes chers Freres, Dieu, quoiqu'en-cherchant le pécheur par les remords de fa confcience, ne fait-il pas connoître par les fupplices qu'il lui fait endurer, Tome II. (Morale II. Vol.)

E

il n'en eft

toute la fouveraineté de fa grandeur & de fa puiffance ?

4°. Ce remords a encore un avantage bien De toutes eftimable; il renferme avec lui une grace ftable, les graces fixe, permanente, qui ne nous quitte prefque pas qui foit jamais, qui nous fuit dans tous les lieux du monmoins fu- de, dont Dieu nous favorife malgré nous, & jette à fe re- dont nous ne pouvons nous défaire; & n'est-ce nous que le pas, mes chers Paroiffiens, ce que vous avez éremords de prouvé mille fois ? Quel a été, je vous le dela confcien- mande, le fuccès de tous ces efforts que vous

tirer de

ce.

La grace

de con

faifiez pour prévenir, ou pour repouffer la penfée du crime que vous aviez commis_lorsqu'elle fe préfentoit à votre efprit? Des efforts inutiles. Car il faut que vous en conveniez, le péché a des détours qui fondent fur la conscience avec tant d'impétuofité, qu'elle ne peut, quelque violence qu'elle fe faffe, s'empêcher d'être remplie de cet objet; l'on voudroit bien fe le cacher à foi-même, l'on voudroit bien s'empêcher de juger que l'on a mal fait, parce que ce jugement trouble le repos & choque l'amour-propre : mais tout cela eft inutile: le péché fe représente toujours, on fent très-fouvent la condamnation que la confcience prononce comme malgré nous contre le péché que nous avons commis: tel eft l'effet particulier de cette grace du remords de la confcience, que plus l'homme s'en rend indigne, plus elle s'attache à lui; elle prend naissance avec le péché, elle croît avec le péché, & presque jamais elle n'abandonne la confcience, que la confcience n'abandonne le péché.

5°. Ce n'eft pas tout, mes chers Paroiffiens. du remords Comme cette graee du remords de la confcience cience eft eft la plus conftante dans fa durée, auffi et-ce a plus é la plus univerfelle dans fon étendue. Car on ne tendue. peut pas dire de cette grace ce que difoit David

des graces particulieres que Dieu faifoit à fon peuple, & qu'il n'avoit pas honoré les autres nations des mêmes priviléges: Non fecit taliter omni Pf. 147. nationi. La grace du remords de la confcience eft 20. commune à tous. Ce ne font pas feulement, mes chers Freres, des Juftes comme David, qui après un péché de furprife, & de foibleffe reffentent les remords de leur confcience: mais les traîtres comme Judas: mais les déicides comme les Juifs mais les fratricides comme Caïn: mais les réprouvés comme Elaü : tous fans exception, puifque tous, dit S. Paul, font exposés à fes atteintes fecrettes & à cette tribulation falutaire dont Dieu les afflige: Tribulatio & anguftia in Rom. 2.9. omnem animam operantis malum. Quelle confolation pour vous, mes chers Paroiffiens, pour vous fur-tout, qui peut-être depuis plufieurs années croupiffez dans le crime! vous vous êtes fait, felon l'expreffion de S. Paul, une confcience toute corrompue, cauteriatam confcientiam ; & qui pour vous dérober aux yeux de votre Pasteur êtes 4. 2. venus dans le tems de Pâques à confeffe avec les mêmes habitudes, avec la même réfolution de perfévérer dans vos crimes; avec la même intrépidité dans le mal; & qui vous êtes infolemment présentés à la table fainte pour y recevoir le Corps adorable de Jefus Chrift dans ces indignes difpofitions quelle confolation, dis-je, de pouvoir vous dire encore à vous-mêmes, tout pécheur, tout criminel, tout fcélérat & facrilége pécheur que je fuis, il m'eft encore permis. d'efpérer; Dieu a encore des graces pour moi, auffi-bien que pour les Saints. Après cela, mes Freres, n'eft-on pas forcé de convenir qu'il n'y a point de pécheur, fi criminel qu'il puiffe être, qui foit entierement privé du bénéfice de la grace?

I. Tim.

La grace du remords de la con

fcience eft la plus affu

rée & la moins fu

jette à l'il

lufion.

1. Pet. 5. S.

6°. Admirez encore, mes chers Paroiffiens, que ces remords qui vous importunent fi fouvent lorfque vous vous livrez au péché, & que vous vous foulevez contre la Loi de JefusChrift & contre l'Evangile, font des graces certaines, & qui ne peuvent vous conduire à l'illufion, parce que le démon, ce lion rugiffant qui tourne fans celle autour de nous pour nous dévorer, Leó rugiens circuit quarens quem devoret, ne peut s'y déguifer, & fe transformer, comme dit l'Ecriture, en Ange de lumiere, pour vous tromper: car il eft certain que cet efprit de ténébres ne s'avifera jamais de repréfenter à un pécheur l'horreur de fes débauches, le fcandale de fes yvrogneries, l'indécence de fes juremens, l'injustice de fes vols & de fes larcins ; au contraire il fait tous les efforts pour lui cacher la honte de fes excès, pour lui en diminuer la griéveté & l'horreur, pour en effacer le fouvenir de fon efprit & pour l'empêcher d'aller les dépofer aux pieds du Prêtre. Concluez donc de-là, mes Frères, que lorfqu'après avoir offenfé Dieu mortellement, vous éprouvez les troubles de la confcience, c'eft Dieu qui vous parle, c'est sa voix qui fe fait entendre à vous ; & que ce trouble falutaire ne peut venir que de la grace de votre Dieu.

Le remords

fcience eft

7°. Achevons enfin, & finiffons cette premiede la con- re Partie, mes chers Paroiffiens, en difant que de toutes les graces il n'en eft peut-être aucune qui difpofe plus fûrement l'efprit de l'homme à la pénitence: Car qu'y a-t-il de plus fort pour cela, que de vous obliger vous-mêmes à vous accufer auffi-tôt que vous avez péché, que de vous forcer vous-mêmes à porter contre vous-mêmes. l'arrêt de votre condamnation ? Je fuis tombé dans tel & tel péché d'impureté j'ai fait une injuftice criante à mon prochain : je me fuis ap

de toutes

les graces celle qui difpofe le plus sûrement à la Fénitence.

proché des Sacremens fans nulles difpofitions, fans nulle envie de me corriger, de réparer le tort que j'ai fait à mon frete je fuis pécheur, je ne puis le défavouer, la confcience me le dit; ,& ce qu'elle me dit encore, c'est que j'ai déja mille & mille fois mérité l'enfer : que fans la mifericorde de Dieu, qui m'attend à pénitence aujourd'hui, & qui ne m'y attendra peut-être pas demain, je ferois la malheureufe victime des démons, que mon fort feroit le fort des réprouvés. Or tout cela, mes chers Paroiffiens, eft renfermé dans le reproche que fait la confcience à une ame cлiminelle ; & c'est, dit un grand Pape, ce qui rend ce témoin infoutenable, & par conféquent cette grace invincible: car au lieu que dans les jugemens des hommes, les témoins peuvent être gagnés par argent, les accufateurs envenimés contre nous, & que fouvent le témoignage de l'un n'eft pas conforme à celui de l'autre, ce qui rend la conviction peu certaine ; au contraire il en arrive tout autrement dans une confcience troublée : c'est un témoin qui feul en vaut mille, & qui eft d'autant plus redoutable, qu'on ne peut le rejetter, parce qu'il est toujours oculaire on ne peut le recufer, parce qu'il est toujours véritable: on ne peut le gagner, parce qu'il est toujours inexorable: on ne le peut intimider, parce qu'il eft toujours libre & dominant au-dedans de l'ame: on ne le peut éloigner, parce qu'il eft toujours préfent & inféparable du criminel; enfin on ne peut le faire taire: il parle & crie fans ceffe, non aux oreilles, mais au cœur.

Entrons, mes chers Paroiffiens, dans les fentimens de ces pécheurs pénitens & convertis, dont nous parle Jérémie, qui revenus de leurs égaremens, en attribuoient l'heureux fuccès aux troubles & aux remords qui les agitoient, lorf

S. Greg.

A l'exem

ple de ces Juifs dont parle Jérémie, il faut reconnoi

« AnteriorContinuar »