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tien, ayez une confiance entiere: Chariffimi, fi cor noftrum non reprehenderit nos fiduciam habemus. 20. Mais fans prétendre ici contredire la penfée du Difciple chéri, je vous dis avec une je ne fçais quelle certitude: Tenez-vous affurés de la part de Dieu, lorfque votre confcience vous reproche les excès dans lefquels vous tombez, vos jaloufies envers le prochain, vos médifances, vos calomnies envers lui, vos fcandales, vos iniuftices, vos intempérances; dites alors que Dieu penfe à vous, & qu'il ne veut point vous perdre; & que c'est pour vous, pécheurs d'habitude, pécheurs invétérés, prefque le feul fond fur lequel vous puiffiez appuyer votre retours vers Dieu. Pourquoi cela ? C'eft que dans la pensée de S. Bernard, fi ce remords eft la plus fûre de toutes les graces, auffi la résistance que vous y apportez eft la plus prochaine difpofition au défefpoir; comment cela? Je le dis en deux mots, parce que dans ce funefte état votre conscience, dont le témoignage s'éleve si fort à préfent contre vous, produifant au jugement dernier tout ce qu'elle avoit jufqu'alors tenu dans le fecret, formera contre vous, felon l'expreffion de S. Paul, des accufateurs & des témoins, auxquels il vous fera impoffible de répondre : Teftimonium reddente confcientiâ ipforum, & cogitationibus invicem accufantibus aut etiam defenden 15. tibus; témoignage, accufation qui tournera à notre confufion & à notre honte, puifque nous avouerons, nous-mêmes que nous avons péché & que nous fommes inexcufables dans le mal que nous avons commis: Tibi foli peccavi & malum coram te feci ; & que la juftice du Dieu que nous avons fi indignement outragé par la multitude de nos iniquités, eft à couvert de tous reproches. & de tous blâmes: Ut juftificeris in fermonibus tuis, & vincas cùm judicaris.

I. Joan. 3.

Rom. 2.

Pf. 50. 6.

Ibid.

Vivre fans

Concluons de tout ce que je viens de dire 3

fans remords de

fcrupule & mes chers Paroifliens, que lorfqu'il refte encore dans l'ame du pécheur quelques troubles, quel-A confcience ques remords, c'eft une marque que fa confcienquand l'on ce n'eft pas encore endurcie: mais quand au mieft dans le lieu du crime on vit en paix, fans crainte de la crime, c'eft mort & de la damnation éternelle c'est alors une marque que fans un miracle de la grace que Dieu ne nous de réproba- doit point, & que notre opiniâtre résistance a écarté & éloigne, nous avons tout à craindre ; parce que, felon l'expreffion de Jérémie, nous ne pouvons plus après tant d'infidélités, que dis-je, d'excès monftrueux, nous promettre la Jerem. 6. paix puifqu'il n'y en a plus: Curabant contritionem populi mei, cum ignominiâ dicentes: Pax, & non erat pax.

tion.

14.

Ce qui peut

Attachons donc, mes très-chers Freres, nos

clufion

19.

faire la con- premiers foins à veiller fur notre cœur : c'eft de
lui
que provient la vie, dit le fage Saloinon:
Ab ipfo enim vita procedit : c'eft auffi de lui que
provient la mort, puifque le Sauveur nous a dit,
Prov. 4 23. que c'eft de lui que fortent les adulteres & les
homicides, tout ce qui rend l'homme criminel:
Matth. 15. Ex corde exeunt, &c. Regardons-nous, con-
noiffons-nous, jugeons-nous, Dieu nous voit,
1. Reg. 16. nous connoît, & il nous jugera par le cœur: Do-
minus intuetur cor. Ecoutons maintenant ce que
nous dit cette confcience qui nous follicite &
nous preffe de fortir de nos égaremens; & ne
foyons pas affez endormis fur nos propres inté-
rêts pour fermer les oreilles à fes remontrances.
Malheur à nous, fi nous fommes fourds à fa voix;
après s'être élevée contre nous dans le tems, elle
reclameroit contre nous dans l'éternité. Soyons
tellement attentifs que nous puiffions nous pro-
mettre de parvenir à fa faveur au terme de l'im-

7.

mortalité.

d'un Dif

cours..

OBSERVATION
PRÉLIMINAIRE

SUR LE DÉLAI

DE LA PENITENCE

E T

L'IMPENITENCE FINALE.

fi na

OM ME il feroit déplacé de féparer la caufe de l'effet, j'ai pensé qu'en fourniffant ici des matériaux aux Prédicateurs, contre le délai de la Pénitence, ou fi l'on veut, la converfion renvoyée à la mort, je ne pouvois raifonnablement me difpenfer de parler de l'Impénitence finale. Ces deux fujets ont entre eux un rapport turel, qu'il me paroît fort difficile de traiter de la Pénitence differée, fans faire voir que ce délai conduit comme naturellement à la mort dans le péché, ou, pour m'exprimer plus convenablement en cette occafion à l'Impénitence finale. Les fources où l'on peutpuifer fur ce fujet, peut-être le plus important de la morale chrétienne, font fi abondantes, qu'il eft de toute inutilité de recourir à celles qui y ont quelque rapport, comme l'aveuglement, l'endurciffement & l'habitude dans le péché. J'aurai occafion de fournir des matériaux fur quelques-uns de ces fujets. Il fuffit de fçavoir

>

Comme le délai de la

que le délai de la Pénitence eft la caufe, & que l'impénitence eft l'effet qui fuit de la caufe. Il faut obferver de plus, qu'à l'exemple de plufieurs grands hommes qui ont écrit ou prêché fur cette matiere, l'on ne doit pas le faire fcrupule d'ufer indifféremment des termes de converfion & de pénitence.

conduit à

l'impéni

tence.

S

>

I la Pénitence, felon Tertullien, eft une planche que la miféricorde de Dieu présente Pénitence dans le naufrage, il s'enfuit qu'on doit l'embraffer de bonne heure, de peur de périr malheureusement, puifqu'en négligeant cette occafion on s'expofe au danger de n'en plus trouver; & fi, felon S. Jean Chryfoftôme, la Pénitence eft une vie néceffaire au falut, il s'enfuit que le moindre retardement en eft dangereux, & que c'est vouloir mourir en réprouvé, que de vouloir vivre en impénitent, puifque chaque délai de la Pénitence n'eft qu'une impénitence prolongée; que différer la converfion au lendemain, c'est une impénitence de quelque temps; que la différer à la vieilleffe, c'eft une impénitence de la vie ; & que la différer à la maladie, c'est le plus fouvent une impénitence de la mort.

1

Quelque danger qu'il y ait pour le falut de celui qui a differé fa converfion à l'article de la mort, l'on ne peut ni l'on ne doit avancer qu'elle eft abfolument impoffible; &, voici les raisons ferée à la qu'en donnent les Théologiens, après S. Thomort, eft mas. 1°. C'est que telle opiniâtre que foit la maimpoffible. lice du pécheur, la miféricorde de Dieu la furpaffe de beaucoup. 2°. C'eft qu'en fupposant au

Il feroit téméraire d'avancer que la Pénitence dif

Réfléxions Théologiques & Morales fur le délai de la Pénitence, la Converfion différée à la mort & l'Impénitence finale.

mourant la liberté du jugement, il peut fe convertir & obtenir mifericorde, parce qu'il a toujours la grace absolument écellaire pour se convertir, & que Dieu ne la refufe à perfonne : c'eft la doctrine de S. Thomas fur le Maître des Sentences, doctrine appuyée fur ces paroles de l'Ecriture: Impietas impii non nocebit ei, in quacum- Ezech. 33. die converfus fuerit ab impietate fua.

que

12.

Comment

paroles de

J. C. Vous

mourrez

dans votre

Il nous importe extrêmement d'entendre le fens de ces paroles que Jefus Chrift adreffoit il faut enaux Juifs, & dans leurs perfonnes à tous les Chré- tendre ces tiens, puifqu'il n'y va pas moins que d'une éternelle réprobation. Eft-ce une fimple menace que Jefus-Chrift faifoit à cette nation incrédule pour les obliger à le reconnoître ? Eft-ce un arrêt dé- péché. finitif qu'il portoit contre eux, & prétendoit-il leur fignifier que la mesure de leurs crimes étoit remplie, & qu'ils n'avoient plus de graces à efpérer de la part de Dieu ? S. Chryfoftôme l'a pris dans le fens le plus favorable, & ce Pere eftime que ce fut feulement comme une fentence comminatoire, qui déclaroit aux Juifs ce qu'ils avoient à craindre, s'ils demeuroient plus longtemps dans leur infidélité; de même que Jonas en prêchant aux Ninivites, leur annonça qu'après le terme de quarante jours Ninive feroit détruite: Adhuc quadraginta dies & Ninivè fubvertetur. S. Jérôme s'eft attaché à la lettre ; & fa pensée eft que le Fils de Dieu ne parloit pas feulement aux Juifs en Prophéte, pour les intimider, mais en Juge & en Souverain, pour les condamner, c'est-à-dire, qu'il ne leur marquoit pas feulement le danger où ils étoient d'une réprobation prochaine, mais qu'il leur intimoit expreffément que leur réprobation étoit déja confommée. Car, reprend ce faint Docteur, quand Dieu dans l'Ecriture veut feulement menacer, il

Jon. 3. 4.

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