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POUR L'INTELLIGENCE

DES AUTEURS CLASSIQUES,

GRECS E T LATINS,
TANT SACRÉS QUE PROFANES,

CONTENANT

LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE
ET LES ANTIQUITÉS.

A

DĚ DIÉ

MONSEIGNEUR

LE DUC DE CHOISEUL,
Par M. SABBATHIER, Professeur Emérite au College de Châlons-fur-
Marne, Secrétaire perpétuel de l'Académie de la même Ville, Affocié de
l'Académie Etrufque de Cortone, de l'Académie Royale de Pruffe, &es

TOME TRENTIEME.

A

PARIS,

Chez DELALAIN P'Aîné, Libraire, Rue Saint Jacques

M. DCC. LXXXIII.

Avec Approbation & Privilege du Roi

AUTRES

OUVRAGES

DU MÊME AUTEUR,

Qui fe trouvent chez le même Libraire.

1. Effai Hiftorique-Critique fur l'Origine de la Puiffance temporelle des Papes; Ouvrage qui a remporté le Prix de l'Académie Royale de Pruffe. Nouvelle édition.

2.o Le Manuel des Enfans, ou les Maximes des Vies des Hommes Illuftres de Plutarque. 1. Vol. in-12.

3. Recueil de Differtations fur divers fujets de l'Histoire de France. 1. Vol. in-12.

4. Les Mœurs, Coûtumes & Ufages des anciens Peuples. 3. Vol. in-12. & 1. Vol. in-4.°

5. Les Exercices du Corps chez les Anciens. 2. Vol. in-12. & 2. Vol. in-8.o

6. Recueil de Planches pour l'Intelligence de ce Dictionnaire. 1., 2., 3., 4., 5., 6., 7. & 8. Livraison.

e

DICTIONNAIRE

POUR L'INTELLIGENCE

DES AUTEURS CLASSIQUES,

GRECS ET LATINS, TANT SACRÉS QUE PROFANES,

CONTENANT

LA GEOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE ET LES ANTIQUITÉS.

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NA

min le plus fûr, le plus court & le plus commode.

I. Les Poëtes attribuent à Neptune l'invention de l'art de Naviger. D'autres l'attribuent à Ofiris; d'autres, à Bacchus ; d'autres, à Hercule; d'autres, à Jafon; d'autres, à Janus qu'on dit avoir eu le premier un vaiffeau. Les Hiftoriens font honneur de cet art aux Éginetes, aux Phéniciens, aux Tyriens & aux anciens habitans de la grande

& fuiv. Mém. de l'Acad. des Infcript
Bell. Lett. Tom. V, pag 87. Tom
IX. pag. 69.
A

422152

Bretagne. L'Écriture attribue l'origine d'une fi utile invention à Dieu même, qui en donna le premier modele dans l'Arche qu'il fit bâtir par Noé. En effet, ce Patriarche paroît dans l'Écriture avoir conftruit l'Arche d'après les confeils de Dieu même; les hommes étoient alors non feulement ignorans dans l'art de Naviger, mais même perfuadés que cet art étoit impoffible.

Cependant, les Hiftoriens nous repréfentent les Phéniciens & particuliérement les habitans de Tyr, comme les premiers Navigateurs; ils furent, diton, obligés d'avoir recours au commerce avec les étrangers, parce qu'ils ne poffédoient le long des côtes qu'un terrein ftérile & de peu d'étendue; de plus, ils y furent engagés, parce qu'ils avoient deux ou trois excellens ports; enfin, ils y furent pouffés par leur génie qui étoit naturellement tourné

au commerce.

Le mont Liban & d'autres montagnes voisines leur fourniffoient d'excellens bois pour la conftruction des vaisseaux; en peu de tems, ils fe virent maîtres d'une flotte nombreuse, en état de foutenir des voyages réitérés. Augmentant par ce moyen leur commerce de jour en jour, leur païs devint en peu de tems extraordinairement riche & peuplé, au point qu'ils furent obligés d'envoyer des colonies en différens endroits, principalement à Carthage. Cet

te derniere ville, confervant le goût des Phéniciens pour le commerce, devint bientôt nonfeulement égale, mais fupérieureà Tyr. Elle envoyoit fes flottes par les colomnes d'Hercule, aujourd'hui le détroit de Gibraltar, le long des côtes occidentales de l'Europe & de l'Afrique, & même, fi on en croit quelques Auteurs, jufque dans l'Amérique même dont la découverte a fait tant d'honneur à l'Efpagne plufieurs fiecles après.

La ville de Tyr, dont les richeffes & le pouvoir immense font tant célébrés dans les Auteurs

facrés & profanes ayant été détruite par Alexandre le grand, fa Navigation & fon commerce furent transférés par le vainqueur à Alexandrie, ville que ce Prince avoit bâtie, admirablement fituée pour le commerce maritime, & dont Alexandre vouloit faire la capitale de l'Empire de l'Afie qu'il méditoit. C'est ce qui donna naiffance à la Navigation des Égyptiens, rendue fi floriffante fous les Prolémées; elle a fait oublier celle de Tyr & même celle de Carthage. Cette derniere ville fut détruite, après avoir long-tems difputé l'Empire avec les Romains.

L'Égypte ayant été réduite en province Romaine après la bataille d'Actium, fon commerce & fa Navigation commencerent à dépendre d'Auguf te; Alexandrie fut pour lors inférieure à Rome feulement;

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les magafins de cette capitale du monde étoient remplis des marchandifes de la capitale de l'Égypte.

Enfin, Alexandrie eut le même fort que Tyr & Carthage; elle fut furprise par les Sarrazins , qui, malgré les efforts de l'Empereur Héraclius, infectoient les côtes du nord de l'Afrique. Les marchands, qui habitoient cette ville, l'ont quittée peu à peu, & le commerce d'Alexandrie a commencé à languir, quoique cette ville foit encore aujourd'hui la principale où les Chrétiens font le commerce dans le Levant.

La chute de l'Empire Romain entraîna après elle nonfeulement la perte des fciences & des arts, mais encore celle de la Navigation. Les Barbares qui ravagerent Rome, fe contenterent de jouir des dépouilles de ceux qui les avoient pré

cédés.

Mais, les plus braves & les plus fenfés d'entre ces Barbares ne furent pas plutôt établis dans les provinces qu'ils avoient conquifes, les uns dans les Gaules, comme les Francs, les autres en Efpagne comme les Goths, les autres en Italie, comme les Lombards, qu'ils comprirent bientôt tous les avantages de la Navigation; ils fçurent y employer habilement les peuples qu'ils avoient vaincus, & ce fut avec tant de fuccès, qu'en peu de tems ils furent en état de leur donner eux-mêmes des leçons, & de leur faire connoî

tre les nouveaux avantages qui pourroient leur en revenir.

C'eft, par exemple, aux Lombards qu'on attribue l'établiffement des banques, des teneurs de livres, des changes, &c.

On ignore quel peuple de l'Europe a commencé le premier à faire le commerce & la Navigation, après l'établissement de ces nouveaux maîtres. Quelques-uns croyent que ce font les Francs, quoique les Italiens paroiffent avoir des titres plus authentiques & foient ordinairement regardés comme les reftaurateurs de cet art, auffi-bien que de tous les beaux arts qui avoient été bannis de leur païs après la divifion de l'Empire Romain.

C'est donc aux Italiens & particuliérement aux Vénitiens & aux Génois, que l'on doit le rétabliffement de la Navigation; & c'est en partie à la fituation avantageufe de leur païs pour le commerce, que ces peuples doivent cette gloire.

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Dans le fond de la mer Adriatique étoient un grand nombre d'ifles, féparées les unes des autres par des canaux fort étroits mais fort à couvert d'infulte, & prefqu'inacceffibles; elles n'étoient habitées que par quelques pêcheurs qui fe foutenoient par le trafic du poiffon, & du fel qui fe trouve dans quelques-unes de ces ifles. C'eft-là que les Vénitiens, qui habitoient les côtes d'Italie fur la mer Adriatique, fe retirequand Attila roi des

rent,

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