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La dépenfe prodigieufe que l'on a faire pour les vaftes & nombreux édifices de l'hôtel tolal des Invalides, a été feulement pour l'entretien & pour la nourriture des Officiers & des Soldats eftropiez, lefquels n'étant plus en état de fervir, auroient mené une vie languiffante & miferable, fans les recours abondans qu'i's trouvent dans cet hotel, où ils font logez magnifiquement & entretenus de toutes chofes, & où ils peuvent achever tranquillement le cours de leur vie dans les exercices de la pieté chrétienne.

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Ce qui eft furprenant, c'eft que ce grand ouvrage a été pouffé en l'état où ilfe voit à prefent dans l'efpace de huit ans au plus fort de la guerre & dans des conjonctures où il fembloit que tous les foins & toute la dépenfe dûffent être por tez ailleurs,

Ce fut en l'année 1671, le 30 de No. vembre, que l'on jetta les premieres fondations de ce grand ouvrage, qui fait à prefent un des principaux ornemens de la Ville.

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L'HOTELARIAL des INVALIDES eft fitué à l'entrée d'une vafte campagne, dans un endroit affez avantageux, parce éloi que les vues en font étendues, peu

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gné de la riviere à la verité, dont cependant il reçoit plus d'agrément que d'incommodité.

. La figure exterieure de tout ce vafte bâtiment eft d'un quarré régulier, qui occupe un terrain de dix-fept arpens ou environ, dans l'efpace duquel il le trouve cinq cours de même forme, toute entourées de logemens à trois étages, en comptant le rez de chauffée, & le comble, fort proprement conftruits.

La cour du milieu est plus grande quatre fois, ou environ, que les autres ; & les bâtimens dont elle eft enfermée, font d'une ordonnance plus élegante & plus agréable.

Ce font deux rangs d'arcades l'une fur l'autre, qui forment des corridors, ou des galeries fort étroites à la verité, à la faveur defquelles on peut aller à couvert

tout autour.

Les combles des édifices qui regnent fur cette cour,font enrichis de divers ornemens qui reprefentent des trophées & d'autres chofes femblables, qui auroient produit un plus bel effet, fi on n'y avoit pas menagé des ouvertures d'un deffein commun, qui en gâtent l'ordonnance & toute la décoration.

Dans le fond de la cour,

vis-à vis de

la principale entrée, eft la porté de l'E glife interieure, diftinguée du refte, par un corps d'architecture de deux ordres, de huit colonnes chacun, d'un Ionique, dont les volutes font formées par des cornes de bellier, & d'un compofé nouvellement inventé, auquel on a donné le nom d'Ordre François, dont le fuccès n'a pas été trop heureux, terminé par un fronton, au milieu duquel on a placé le cadran.

On entre par cet endroit au travers d'un grand veftibule, dans la partie de l'Eglife deftinée pour ceux de la maison.

C'eft une tres longue nef, s'il eft permis de fe fervir de ce nom, dę trentedeux toifes d'un bout à l'autre, laquelle eft décorée d'un grand Corinthien en pilaftres, affez bien executé, avec des bas côtez & des galeries au deffus qui regnent également de chaque côté, folidement voûtées, de même que tout le refte de cet édifice.

L'interieur de la maison n'a rien d'extraordinaire, fi ce n'eft la grande quan tité des appartemens. Les chambres font difpofées de maniere, qu'elles ont toutes les commoditez qu'elles doivent avoir. Celles des fimples foldats font ordinairement à plufieurs lits; mais celles des

Officiers font plus propres, quoiqu'elles foient pour trois ou quatre enfemble La fale dans laquelle le tient le Con feil, tous les Jeudis, pour les affaires de la maison, où préfide le Controlleur general, eft ornée de tapifferies d'ouvra ge de levant, qui reprefentent des trophées d'armes, fabriquées par des Inva lides que l'on exerce à ce travail, auquel ils réuffiffent aflez bien.

Quatre refectoires le trouvent dans les corps du bâtiment, qui forment les deux côtez de la grande cour,l'on y a peint les principaux fieges des villes prifes, & les batailles gagnées fur les ennemis, dans ces derniers tems; ce qui donne du plai fir à ceux qui ont affifté aux actions qui y font représentées; mais ces peintures font déja fort gâtées par l'air épais qui regne dans ces réfectoires, qui auroient dû être plus ouverts & plus vaftes, à caufe de la quantité des perfonnes qui y mangent tous les jours. On auroit in fi niment mieux fait de les voûter, auffibien que les coridors, & d'autres endroits publics qui en avoient absolument be foin.

Les infirmeries féparées de la maifon par une cour, méritent auffi que l'on fe donne la peine d'y aller, pour voir la

propreté & l'exactitude avec lefquelles les malades font fervis par les filles de la

charité.

Elles confiftent en plufieurs longues fales, garnies de lits de chaque côté, qui fe coupent en divers endroits où l'on a placé des autels, qui fe voient commodément des lieux les plus éloignez.

Enfin on peut dire que rien ne manque à cette maison. Tout y eft difpolė & reglé de maniere que les chofes neceffaires de quelque efpece qu'elles puis. fent être, s'y trouvent fans aucune peine.

Le fpirituel eft adminiftré par les Prêtres de la Miffion de faint Lazare, qui s'en aquittent avec beaucoup d'exactitu de & de charité, de même que dans les maisons roiales, où ils ont été appellez depuis quelques années.

De peur que l'oifiveté ne corrompe les mœurs des foldats accoutumez au tra vail, on les occupe à des chofes qui con viennent à l'indifpofition.dont ils font

attaquez.

Tous les jours on fait la garde aux portes de cet hôtel comme dans une ville de guerre, & les exercices militaires s'y font à peu près de la même maniere.

On officie les grandes fêtes dans le

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