L'estampe (1) en offrira une idée bien nette; on a conservé dans la forme toute la pureté de l'antique; c'est à M. Robert qu'on en doit le dessin; les sculptutes en ont été exécutées par le Sueur, & font beaucoup d'honneur à ce jeune Artiste; on y découvre cependant quelques légers défauts, qu'il corrigera fans doute. Le voyage d'Italie, qu'il a fait depuis que cet ouvrage a été achevé, aura contribué fûrement à perfectionner son goût & fon talent par la contemplation des chef-d'œuvres de l'antiquité & l'étude des grands Maîtres. Sur la face qui regarde le midi, on voit un bas-relief, représentant une femme afsise au pied d'un palmier, symbole de la fécondité: elle foutient d'une main son fils qu'elle allaite, & de l'autre tient le Livre de l'Emile.. Derrière elle est un groupe de femmes qui font une offrande de fleurs & de fruits sur un (1) Elle est copiée d'après celle de Godefroy dessinée par Gandat; c'est prouver à cet Artiste qu'on ne pouvoit faire mieux. Ce jeune homme a véritablement l'amour de la Peinture, & se consacre entièrement à l'étude de fon art; aussi nous pouvons prédire avec assurance, qu'à son retour d'Italie il sera un de nos meilleurs Paysagistes. 1 autel érigé devant une statue de la Nature. On aperçoit dans un coin un enfant qui met le feu à des maillots & à différents entraves du premier âge, tandis que d'autres fautent en jouant avec un bonnet, symbole de la liberté. Les deux pilastres qui sont à côté du bas-relief, sont décorés de deux figures; l'une représentant l'Amour, l'autre l'Eloquence, avea leurs attributs. La devise que Rousseau a justifiée par ses Ecrits, est placée sur le fronton, au milieu d'une couronne. Vitam impendere vero. Sur la face, du côté du nord, est écrit: Ici repose l'homme de la nature & de la vérité. Sur les pilastres correspondans, on voit la Nature représentée par une mère allaitant des enfans; la Vérité, par une femme nue, tenant un flambeau; des vases lacrimatoires sont sculptés sur les deux petites faces : fur le fronton de ce côté, deux colombes expirent au pied d'une urne, sur des torches fumantes & renversées. Tel est, dans tous ses détails, le monument qui renferme la cendre de Rouffeau. Ce n'est pas fans peine que vous quittez le banc des mères de famille, pour continuer la promenade; elle passe entre des faules qui ne font point mutilés, comme ceux qu'on rencontre ordinairement au bord des rivières. On voit defsous un gazon auffi frais, auffr beau que ceux d'Angleterre (1); il s'étend jusqu'au pont (2) que vous rencontrez à l'extrémité du lac; c'est de là qu'il faut le regarder encore une fois dans un point de vue d'où il fait un effet extrêmement agréable; fur la pointe d'une île qui s'avance dans fes eaux, vous apercevez un petit monument, dont une partie eft cachée par des buissons; il porte cette inscription: Hier liegt George-Friederich Mayer, aus Strasburg geburtig, er war ein geschickter mahler und ein redlicher mann. * Ci gît George-Frédéric Mayer, né à Strasbourg, ► c'étoit un Peintre habile & un honnête homme ». (1) Il a été semé par le jardinier Ecossois qui est à la tête des jardins d'Ermenonville, & prouve bien que si l'om vouloit, en France, apporter les soins nécessaires à l'entretien des gazons dans les terrains humides & frais, ils seroient aussi agréables qu'en Angleterre. (2) Avant d'arriver à ce pont, on trouve un sentier qui se dirige sur la droite, & qui passe devant un obélisque, pour s'enfoncer ensuite dans la forêt. Je conseille à tous ceux qui viennent voir Ermenonville, de le suivre: l'inondation du 26 décembre 1787 a tellement dégradé la Prairie Arcadienne, que la promenade en eft devenue prefque impraticable. |