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TOMBEAU DE LAURE.

22.

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Non la conobbe il mondo mentre l'ebbe:
Conobbilio, ch'a pianger qui ramafi.

« Le monde ne la connut pas lorsqu'il la possédoit;

⚫ mais je la connus bien, moi qui suis resté ici pour » la pleurer. >>

Sur la face opposée à la porte, on lit:
Chiare, fresche, e dolci acque,
Ove le belle membra

Pose colei che sola a me par donna;
Se lamentar augelli, o verdi fronde
Mover soavemente all'aura estiva,
Oroco morinorar di lucid' onde
S'ode d'una fiorita, e fresca riva;
Là vio seggia d'amor pensoso, e scriva;
Lei che'l ciel ne mostrò, terra n'afconde.

!

PETRARCA.

« La seule qui me parut belle dans la Nature, • vint rafraîchir ses appas dans cette onde douce, pure, > & limpide.

« Occupé de pensers d'amour, je viens dans ces • lieux, où l'on entend les oiseaux se lamenter, le > doux zéphyr agiter mollement les feuillages, le > murmure des eaux limpides qui arrosent une rive ► fraîche & fleurie; & j'écris, Celle que le ciel nous » montra, la terre nous la cache ».

Lorsqu'on a traversé une auffi grande éten due de prairie, exposée aux ardeurs du midi, quel plaifir n'éprouve-t-on pas en arrivant dans le joli bois d'aunes, qu'on appelle le Bocage! L'entrée en est annoncée par un

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bâtiment (1) d'une forme ronde, avec cette dédicace: Otio & Mufis, au Loisir & aux Muses. Il tombe en ruine; l'on ne paroît pas disposé à le faire rétablir: on sent combien il eft déplacé.

Suivez ce sentier qui se préfente à vous; il conduit à une grotte cintrée, où vous trouverez un banc de mouffe: l'on s'y arrête avec ravissement, pour y jouir de la fraîcheur qui règne dans ces lieux. Vis-à-vis est un baffin d'une eau claire & limpide, du fond duquel s'élèvent, en bouillonnant, sept sources différentes, dont l'une apporte une grande quantité d'un sable blanc & fin; ce sable forme le lit du petit ruisseau qui fait le charme & l'ornement du Bocage. Les ombrages épais de l'aune à la feuille noirâtre permettent à peine au soleil de jeter, à travers ses maffes, des jours douteux & inégaux. Une petite cascade d'une eau transparente donne, par fon doux murmure, un charme de plus à cette délicieuse retraite. C'est ici, Peinture qu'il faut quitter tes pinceaux; ce tableau

(1) Voilà, avec les deux ponts du côté du nord, les seuls monumens des travaux d'un Architecte qui, dans sa théorie des jardins, veut faire entendre, d'une manière fort adroite, qu'il est le créateur de ceux d'Er menonville.

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n'est point fait pour toi, tu ne faurois rendre son effet féduifant: tes droits finiffent lorsque la Nature ceffe de parler aux yeux; c'est à la Poéfie à s'en emparer, lorsqu'elle parle à l'imagination; c'est à la Poésie seule qu'il appartient de donner l'idée d'un bocage où rien n'est pittoresque, & où tout est enchanteur; c'est elle qui doit animer cette scène par le ramage des oiseaux & les épisodes du génie; c'est elle aussi qui a fixé le caractère de cet asile par les huit derniers vers de l'inscription que voici:

O limpide fontaine! ô fontaine chérie !
Puiffe la fotte vanité

Ne jamais dédaigner ta rive humble & fleurie,
Que ton fimple sentier ne soit point fréquenté
Par aucun tourment de la vie,
Tels que l'ambition, l'envie,
L'avarice, & la fauffeté!

Un bocage si frais, un séjour si tranquille,
Aux tendres sentimens doit seul servir d'afile;
Ces rameaux amoureux, entrelassés exprès,
Aux Muses, aux Amours offrent leur voile épais;

Et le criftal d'une onde pure
A jamais ne doit réfléchir
Que les graces de la Nature
Et les images du plaisir.

Ce n'est qu'avec peine qu'on parvient à s'arracher d'un lieu fait pour plaire à tous les âges: la jeunesse voudroit y venir sou

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