DIE ET LA des tragédies Grecques & de leurs Auteurs, & celui des tragédies des Ro- ECRITSSUR mains. Il compare ensuite le théâtre LA TRAGEmoderne avec l'ancien; & ce n'est pas COMEDIE. la partie la moins interressante de fon discours. Qu'il me fuffise de l'indiquer; je serois trop long, même en voulant l'abréger. , Je ne puis me résoudre cependant à omettre la réfléxion qu'il fait au fujet de la galanterie que l'ancien théâ tre rejettoit, & dont le moderne fait fon capital. Il foutient que le bon sens & la raison, en dépit du goût dominant, se mettent du côté des Grecs. Et je le trouve encore plus eftimable quand je lui entends dire, « qu'outre << le scandale inconcevable que donnent << des chrétiens moins scrupuleux fur la ce pureté du théâtre, que des payens ; << on ne sçauroit avoir quelque éléva- c tion dans les sentimens, sans être cho- << qué de voir la tragédie dégradée par ce une tendresse vaine qui n'a rien de << sérieux, & dont tout l'art, vû la ma- cc niere dont on l'employe, eft d'arre- cc ter à chaque pas l'impreffion que de- c vroit faire la terreur & la pitié, ou ca la paffion principale de la piéce. >> Cette décision, non d'un casuiste ou Kyj DIE ET LA d'un moraliste de profession, mais d'un ECRITS SUR homme de lettres, & d'un des plus IA TRAGE- beaux génies de notre tems, a plus COMEDIE. encore fon application au spectacle de l'Opera inconnu aux anciens, & fi fréquenté de nos jours. Cette espece de poëme, disent ceux qui en ont écrit n'a ni la contrainte de la tragédie, ni la liberté de l'épopée. Qu'est-il donc ? Le sieur le Brun, l'un de ses plus grands apologiftes, dit que c'est une espece de monftre en poësie.. J'appellerois volontiers l'apologie qu'il en fait à la tête de fon théâtre lyrique, un vrai monftre en morale. Sous prétexte de réfuter une Epître Satyrique contre ce роёme, dont il ne fait connoître ni l'Auteur, ni le tems & le lieu de l'impreffion, ni si cette épître est en prose ou en vers, il débite les maximes les plus favorables à la cupidité, prétendant, fans doute, excuser par-là celles dont il a rempli son théâtre lyrique. Cette réponse est précedée d'une préface didactique sur l'Opera, où l'Auteur examine l'effence, la nature, le caractere, & les diverses parties de ce роёme. C'est trop peu de chose pour méFiter que l'on s'y arrête. M. le Brun prétend qu'il est le premier qui ait écrit LA TRAGE fur ce sujet. Il s'est trompé. Affés longtems avant son écrit, M. de faint Evre- ECRITS SUR mont avoit adreffé à George Villiers DIE ET LA Duc de Buckingham, mort en 1687. COMEDIE. ses réfléxions fur l'opera, & une comé- o. nwr. de S. die critique sur la même matiere. Ces Evrem. t. 3 deux piéces donnent une idée fort dé-in-12. savantageuse des Opera. Dans la pre - miere l'Auteur dit que ce poëme << est << un travail bizarre de poëfie & de mu- << sique, où le Poëte & le Musicien éga- ce lement gênés l'un par l'autre, se don- ce nent bien de la peine à faire un mé- « chant ouvrage. » Il avoit dit auparavant, « qu'une sottise chargée de « musique, de danses, de machines, « de décorations, est une sottise ma-co gnifique, mais toujours sottise; que << c'est un vilain fonds sous de beaux cc dehors, où l'on pénétre avec beau- « coup de défagrément. » Il y trouve encore beaucoup d'autres défauts, dont il y a lieu de croire que les partisans de ce spectacle ne conviendront pas; entr'autres celui de faire chanter toute la piéce depuis le commencement jufqu'à la fin, comme fi les personnes qu'on représente, s'étoient ridiculement ajuftées pour traiter en musique, & les plus communes, & les plus importantes affaires de la vie. édit.de 1725 Sa comédie intitulée, les Opera, eit ECRITSSUR encore une satyre contre ce poëme. LA TRAGE- M. de saint Evremont y introduit une DIE ET LA jeune fille à qui la lecture des romans COMEDIE, avoit commencé de gâter l'esprit, & que celle des Opera a fait extravaguer. A cette occafion, il fait faire par plusieurs personnages de cette piéce divers portraits de l'opera qui ne le représentent pas sous des couleurs bien capables de plaire à tout homme de bon fens. Je ne vous dirai pas fi ces portraits font naturels ou trop chargés. Je les croirois vrais par les exemples que l'Auteur cite, & par la lecture que j'ai faite de plusieurs Opera, même de ceux de Quinault. Dans la quatriéme fcene du second acte, M. de faint Evremont donne les caracteres de plusieurs des premiers Opera; & fa critique me paroît être celle d'un homme d'esprit, qui a du goût, & qui juge sainement. Peut-être d'autres en portent-ils un jugement différent; je m'y interresse trop peu pour les contredire. CHAPITRE V I. Des Ecrits fur la Poësie lyrique, ou sur l'ode. N appelle poëtie lyrique, celle , réfléx. POJe fur la lyre, ou fur d'autres instrumens ECRITS SUR pareils. Ses compositions se nomment LA POESIE odes, c'est-à-dire, chants, & fe distri- LYRIQUE. buent en ftrophes ou stances. On a peu Roy (ur d'écrits en notre langue sur l'ode: ce dans le rec. qui pourroit venir de ce que ce genre de ses poëf. de poëfie étoit peu connu des François avant Malherbe, & qu'il fût presque enseveli avec lui, pour ne renaître qu'à la fondation des prix de l'Académie Françoise. L'ode parut dans un nouveau luftre, lorsque M. Despreaux célébra fur le ton de Pindare la prise de Namur. Enfin le rétablissement des Jeux floraux, & les couronnes que Toulouse diftribuë tous les ans, ont multiplié les Poëtes lyriques, mais non les écrits didactiques sur ce sujet. Le peu que nous en avons peut être lû en quelques heures. Je ne vous conseillerois que de parcourir la préface que Monfieur Da |