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& l'autre conviennent même en plu FERITS SUR fieurs points effentiels, comme l'a fait LA POESIE obferver M. Nicolas dans fes trois let

LYRIQUE.

tres critiques fur l'ouvrage de M. Rémond, furtout dans la feconde, quoique l'on fente que le cenfeur fe déclare plus qu'il ne doit pour M. de la Motte, & qu'il ne tient pas le jufte milieu entre ce qu'il a de jufte, & ce que l'on peut réprendre dans le difcours

cet Académicien. Je crois vous avoir đéja dit que ces trois lettres ont été imprimées à Paris en 1734.

Fraguier, diflertat. fur

l'églog. dans

l'Acad. des

t. 2.

CHAPITRE VII.

Des Ecrits fur la Poëfie paftorale l'Eglogue & PIdylle.

E but de la poëfie paftorale ou bucolique, eft d'imiter ce qui fe pafles Mém. de fe, & ce qui fe dit entre les bergers. belles lettr. Mais elle ne doit pas s'arrêter à la fimple représentation du vrai réel; rarement feroit-il agréable: elle doit s'élever jufqu'au vrai idéal qui tend à embellir le vrai tel qu'il eft dans la nature, & qui produit dans la poëfie comme dans la peinture, le dernier point

de perfection. Il en eft de la poëfie paftorale comme d'un payfage que l'on ne ECRITS SUR peindroit pas d'après un lieu particulier, LA POESIE

mais dont on voudroit faire réfulter toute la beauté de l'affemblage de divers morceaux réunis fous un feul point de

vûë.

Notre langue nous offre plus d'un mot pour fignifier la poëfie pastorale ; nous employons prefque indifféremment le mot d'Eglogue & celui d'Idylle, quoiqu'aucun des deux ne fignifie par lui-même & dans fon origine ce qu'on lui fait fignifier. Le mot d'églogue, qui eft tout Grec, fignifie un choix, un triage; on ne l'applique pas feulement à des piéces de poefie, on l'étend à tout ce que l'on choifit par préférence, pour le mettre à part, comme le plus prétieux ou le plus convenable. Le mot d'idylle, moins déterminé encore à la poëfie paftorale que celui d'églogue, ne fignifie en foi qu'un ouvrage d'une médiocre étendue, fans en fpécifier le fujet qui dépend de la volonté de l'Auteur. Ce mot eft un terme diminutif pris encore de la langue Grecque. Mais fans pouffer plus loin cette difcuffion, il vous fuffit de favoir qu'en François les termes d'églo

PASTORALE

PASTORALE

gue & d'idylle font demeurés aux poëECRITS SUR fies champêtres,à peu près comme le mot LA POESIE de poefie qui dans la langue Grecque veut dire quelque ouvrage que ce soit a été déterminé par l'ufage par l'ufage au plus riche ouvrage de l'imagination, que nous nommons par excellence Poëfie après les Grecs & les Latins. Il faut ajouter feulement qu'églogue ne fe dit abfolument en François que de la poëfie paftorale, au lieu qu'on pourroit nommer idylle toute petite piéce de poëfie qui n'auroit qu'un rapport éloigné avec le genre paftoral. Telle eft l'idée que nous en donnent prefque tous les écrits qui traitent du genre bucolique ou paftoral.

Celui de Guillaume Colletet eft le

le plus ancien. Il fut compofé en 1656. lû dans l'Académie Françoife dont l'Auteur avoit l'honneur d'être membre, & imprimé en 1657. Colletet dit lui-même dans fon épître dédicatoirę à M. le Chancelier Seguier, que perfonne avant lui n'avoit écrit fur ce fujet en notre langue. Il y examine l'origine du poëme bucolique felon la fable & felon les hiftoriens; & après avoir parlé de l'églogue, de fon effence, de fon caractere, du ftyle qui lui convient, il repaffe en revûë les Poëtes les plus

PASTORALE

diftingués qui ont compofé des églogues. Voilà la matiere de la premiere ECRITS SUR partie de fon difcours. Dans la fecon- LA POESIE de il marque la différence qu'il trouve entre l'églogue & l'idylle; & fuivant fa méthode, il dit quelques mots des Auteurs Grecs, Latins, Italiens & François qui ont fait de ces fortes de piéces, de même que des premiers Auteurs des idylles héroïques & fublimes, des bergeries en profe & en vers.

L'origine du poëme bucolique n'eft pas bien connue, felon Colletet. Si l'on en croit les fables, Apollon, Mercure, Pan, Bacchus pourroient s'en difputer l'honneur. Les hiftoriens ne font pas moins partagés, les uns attri buant l'invention de ce poëme aux Lacédémoniens, les autres aux Siciliens. Mais à quelle occafion fut-il inventé ? Autre matiere de difpute. Colletet rapporte fur cela trois opinions, & ne prend parti pour aucune. C'eft peutêtre le plus fage dans des matieres fi obfcures. Ce qu'il y a de certain c'est que le poëme bucolique paroît le plus ancien de tous les genres de poëfie. Joachim du Bellay, dans fes Jeux ruftiques, en donne les bergers pour inventeurs; & cela paroît fort vraisembla ble:

Lv

ECRITS SUR

LA POESIE

PASTORALE

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Les Bergers avec leurs musettes
Gardant leurs brebis camufettes,
Premiers inventerent les fons
De ces poètiques chanfons.

D'où Colletet conclut que le caractere
fpécifique de l'églogue ne demande pas
d'ordinaire un style pompeux & fubli-
me, ni de graves fentences, mais feu-
lement une diction fimple, pure, net-
te, des expreffions naïves & conformes
aux matieres qui en font l'objet, qui
ne refpirent que l'air des champs, &
qui font comme le vrai tableau de la
vie ruftique. L'Auteur admet cepen
dant des églogues d'un ftyle fublime
lorfqu'un Poëte, fous les expreffions
d'un berger, s'entretient, dit-il, des
affaires du grand monde, des morts
des Princes & d'autres hommes illuf-
tres, des calamités de fon tems, des
changemens des Etats; & encore dans
d'autres occafions. La queftion feroit
de favoir fi ces grands fujets devroient
être traités dans une églogue. Je crois
que l'ufage plutôt que la nature de ce
poëme, le fouffre.

Colletet croit qu'Octavien de faint Gelais, Evêque d'Angoulême, eft le premier qui ait fait des églogues en no

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