plusieurs erreurs de fait & de doctrine. ECRITS SUR Erreurs de fait, parce qu'il n'a noiLA POESIE mé que les jeux Olympiques parmi les LYRIQUE. sujets que Pindare a célébrés, comme fi les jeux Ifthmiques & les jeux Néméens qui font aussi la matiere des odes de ce Poëte, devoient être compris sous les premiers: parce qu'il a dit que dans Horace l'ode est en poffession de tout, au lieu que dans Pindare elle est bornée aux jeux dont on vient de parler, les sujets étant presque aussi variés dans le Poëte Grec que dans le Poëte Latin: parce qu'enfin M. de: la Motte donne pour la cause des digressions de Pindare, la stérilité de ses sujets, & l'honneur stérile des Athletes, ne faisant point attention que ce sont souvent des Rois & des Princes que Pindare célebre. Erreurs de principes ou de doctrine, principalement sur l'enthousiasme. Je vous ai fait remarquer que M. de la Motte s'exprimoit sur cela avec trop de réserve, & que néanmoins en rapprochant tous ses principes, on fent qu'il ne s'éloigne pas autant du vrai qu'on pourroit le penser d'abord. M. Gibert croit qu'il s'en écarte entiérement, Il ne lui fait grace sur rien, II anatomise, pour ainsi dire, tout ce LYRIQUE qu'il dit sur cela, non-feulement dans ECRITS SUR fon difcours, mais encore dans fon ode LA POESIE fur l'enthousiasme; il le trouve répréhensible partout, & y oppose des principes, des regles, des préceptes qu'il suppose contraires en tout à la doctrine de l'Académicien, soit fur l'enthousiasme, foit fur le désordre de l'ode; enforte que ce que M. Gibert se contente d'appeller un simple Projet de differtation, est un traité en forme fur l'ode. , Si la chaleur de l'imagination, la vivacité des peintures, le défordre les faillies, caractérisent au moins en partie, ce genre de poëfie, je ne sçai fi l'on ne pourroit pas dire que les réfléxions de M. Rémond de faint Mard fur celui-ci, font elles-mêmes une ode en profe. Rien ne lui convient mieux que ce qu'un critique a dit des réfléxions de M. Roy sur la même matiere, que ces Réfléxions font d'un Poëte qui peint, non d'un Auteur qui réfléchit. M. Rémond entreprend de parler de l'ode, & à peine a-t'il annoncé son sujet, qu'il le laisse longtems à l'écart, pour s'arrêter au fublime, & contredire Longin & fon commentateur M. Def preaux. Revenant enfin à l'ode, il ECRITSSUR cherche ce qui en constitue l'essence; LA POESIE & tout pesé, mûrement sans doute, il LYRIQUE, est d'avis que c'est le désordre. Le Poë te lyrique eft chargé de peindre tout ce qu'il y a de plus grand & de plus respectable dans la nature, il ne lui est pas possible de se posseder. Si M. de la Motte revenoit au monde, il auroit beau s'écrier; Je veux dans l'ode du feu, de l'imagination, des transports vifs & heureux, mais je veux aussi de la raison; je veux que celle-ci modere & regle les saillies de l'imagination, L'Auteur lui répondroit : vous me choqués par votre méthode, Dix ou douze strophes, qui contenant chacune une vérité particuliere, se prêtent toutes la main pour mettre dans fon jour la vérité générale dont elles dépendent, tout cela m'ennuye à la mort. >>> Pour >>> moi qui fuis charmé de Pindare >>> qui aime la folie d'Horace, qui me >> sens l'esprit enlevé, l'ame émuë, tou>>> tes les fois que j'entends ces canti>> ques fuperbes, ces pseaumes magni>>> fiques qu'on chante tous les jours dans >>> nos Eglifes, je veux qu'un Poëte qui >> fait une ode, frappé de la dignité de > sa matiere, élevé & foutenu par elle, , LA POESIE ne parle plus comme le reste des hom- << - mes; qu'il prenne son vol plus haut ; « ECRITS SUR que fait pour aller au grand, il fran- ce chisse tout ce qui l'en sépare ; que <<< * tout tienne de l'ardeur qui l'embrâfe; c que tout fente le défordre qui l'agite ; « & qu'enfin livré, comme il le doit ce être, à l'emportement des passions, « il rejette ces liaisons, ces transitions « fcrupuleuses dont leur impatience ne « • sçauroit s'accommoder. >> M. Rémond ne bannit pas cependant de l'ode un ordre qui s'accorderoit avec le fublime & l'enthousiasme; & en cela il se rapproche un peu plus des principes de M. de la Motte. Il convient même qu'il faut que le sujet donne droit aux emportemens; que par la dignité & la grandeur de la matiere, l'ame ait été obligée à fortir de fon affiette: que son trouble & fon défordre puissent être justifiés, sans quoi l'enthousiasme devient puérile; que la fublimité de l'art est de varier un fujet, sans qu'il soit décousu, sans que l'idée principale en souffre. Or il me semble qu'il y a telles odes de M. de la Motte qui ont ces qualités; que ses principes même ne vont pas à détruire tous ceux de M. Rémond, que l'un , & l'autre conviennent même en plus FORITSSUR fieurs points effentiels, comme l'a fait LA POESIE observer M. Nicolas dans ses trois let LYRIQUE. Fraguier, diflertat, fur l'ég'og. dans l'Acad. des t. 2. tres critiques sur l'ouvrage de M. Rémond, furtout dans la seconde, quoique l'on fente que le censeur se déclare plus qu'il ne doit pour M. de la Motte, & qu'il ne tient pas le juste milieu entre ce qu'il a de juste, & ce que l'on peut réprendre dans le difcours de cet Académicien. Je crois vous avoir déja dit que ces trois lettres ont été imprimées à Paris en 1734. CHAPITRE VI I. Des Ecrits fur la Poësie pastorale l'Eglogue & l'Idylle. L E but de la poëfie paftorale ou bu colique, eft d'imiter ce qui fe paf les Mém. de se, & ce qui se dit entre les bergers. beltes lettr. Mais elle ne doit pas s'arrêter à la fimple représentation du vrai réel; rarement feroit-il agréable: elle doit s'élever jusqu'au vrai idéal qui tend à embellir le vrai tel qu'il est dans la nature, & qui produit dans la poëfie comme dans la peinture, le dernier point |