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PASTORALE

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berger Daphnis, par le même, & cel ECRITS SUR le qui a été donnée depuis par M. HarLA POESIE dion. Vous trouverés les deux premiers écrits dans le tome 5. des mémoires de l'Académie des belles lettres & le troifiéme dans le volume fuivant. Vous pourriés y ajouter trois difcours du Mentor moderne, traduit de l'Anglois du Guardian de MM. Addiffon, Stéele, & autres. Ces discours font le 22. le 23. & le 27. du tome premier de cet ouvrage. On y examine principalement quelle est la source du plaifir que nous cause la poësie paftorale, & quel eft fon caractere. C'est le sujet du 22. & du 23. discours. On y donne trois raisons du plaisir dont il s'agit : l'amour naturel de l'homme pour le repos : celui-ci est la base du bonheur; car c'est le désir même de la tranquillité qui nous porte aux desseins les plus étroitement liés au travail & à l'inquiétude: notre amour pour l'innocence & pour la fimplicité des mœurs, qui ne nous eft guéres moins naturel, malgré notre corruption: enfin nous aimons les tableaux naïfs de la vie champêtre, parce qu'en suivant notre penchant le plus naturel, nous préférerions la campagne aux villes. Ce que les Auteurs

de ces difcours disent sur le caractere

& le génie de la poësie paftorale, n'a rien ECRITSS R de neuf: on en a parlé de même avant LA POESIE eux. J'aurois voulu qu'ils euffent eu plus PASTORALE d'égards pour la pudeur dans les exemples qu'ils ont rapportés: il y en a plufieurs qui ne présentent que des images indécentes. Dans le vingt-septiéme difcours ils comparent Théocrite & Virgile : à quoi ils ajoutent quelque chose fur les modernes qui ont fait des paftorales, entr'autres sur le Tasse: ce difcours est fort superficiel.

CHAPITRE VIII.

Des Ecrits fur PElégie.

E Légie vient de deux

mots Grecs

ou

de

Roll. bift.

qui signifient dire, hélas! deux autres dont la signification est, dire des choses touchantes. Cette forte de poëfie, dont on ignore l'inventeur, anc. t. 12. p. étoit destinée dans sa premiere institu- 45. 47. tion aux gémissemens & aux larmes; elle ne s'occupa d'abord que de malheurs & d'infortunes: elle n'exprima d'autres sentimens, elle ne parla d'autre la ngage que celui de la douleur.

1

Négligée, comme il fied aux perfonECRITS SUR nes affligées, elle cherchoit moins à plai

L'ELEGIE.

Mém. de

l'Acad. des

re qu'à toucher : elle vouloit exciter la pitié, & non l'admiration. On l'employa ensuite à toutes fortes de sujets, & furtout à la passion de l'amour. Mais elle retint toujours fon premier caractere; elle n'oublia point sa premiere origine. Ses pensées furent toujours naturelles, & éloignées de toutes recherches d'esprit, ses sentimens tendres & délicats, ses expressions simples & faciles: toujours elle conserva cette marche inégale, c'est-à-dire, les vers hexamétres & pentamétres, dont Ovide lui fait un si grand mérite, & qui donne à la poëfie élégiaque des anciens tant d'avantage fur la nôtre.

Voilà en deux mots le précis des deux belles lettt. écrits fur l'élégie de MM. Fraguier & 10. 6. & 7. Souchay, de l'Académie des infcriptions & belles lettres, les premiers que je connoisse que l'on ait faits fur ce fujet en notre langue. Tout ce qui y est dit fur l'effence & le caractere de l'élégie, se réduit là. Mais chaque principe, chaque regle a ses exemples & fes preuves, surtout dans le discours de M. l'abbé Souchay, où la matiere est encore mieux développée. Le goût des

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era

الله

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&

L'ELEGIE.

deux Académiciens y brille encore plus
que l'érudition, & c'est même une preu- ECRITS SUR
ve de leur goût, de ce que l'érudition
n'y est jamais employée qu'à propos.
Le second dans deux autres discours
examine en historien critique le génie,
le caractere, le mérite & les défauts
des Poëtes élégiaques Grecs & Latins.
C'est une excellente introduction à la
lecture de nos anciens Poëtes; & il faut
les avoir lû foi-même avec beaucoup
de réfléxion, pour en avoir fi bien pé-
nétré l'esprit & le caractere.

L'un & l'autre ne confiderent l'élé-
gie que chés les anciens; ils en font l'a-
pologie, & tout ce qu'ils en disent fait
aimer ce genre de poësie. Mais il a bien
changé de face chés nous, fi l'on en
croit M. Rémond de saint Mard. Réfléx. fer
la poëtic.

<< C'est, selon lui, le genre de notre <<
poësie Françoise le plus infipide. » I1
n'y trouve ni dessein, ni nœud, ni fi-
tuation. « On n'y voit que des amans <<
malheureux. Ces amans se plaignent <<
toujours, se désesperent ; ils veulent <<
absolument briser leurs chaînes ; & <<<
ce qui eft beaucoup plus confidéra- <<
ble, ils veulent mourir. Or comme <<<<
tout cela suppose du courage, ils en c

أين demandent à la raifon. Ils implorent >>

M vj

;

>> le secours de l'orgueil, ils appellent ECRITSSUR >> à eux le devoir. Mais vous ne scau

L'ELEGIE.

>> riés concevoir combien ces apoftro>> phes font faites mal-à-propos, com>> bien elles font peu assorties à la paf>>> fion. Le ton surtout qui n'y devroit >>> pas être, le ton épique regne d'un >>> bout à l'autre de ces petits poëmes... >>> On s'y guinde, on s'y efforce, on >> s'y livre sans ménagement à la pom>> pe & à l'enflure. >> Si ce portrait est naturel, voila l'élégie bien dégradée chés nous. Mais ce portrait ne convient point à toutes. M. Rémond en excерte lui-même plusieurs. S'il censure impitoyablement une élégie de la Comteffe de la Suze, qu'il rapporte en entier, qu'il analyse ensuite, dont il montre les défauts & le ridicule, il trouve des qualités toutes opposées dans une autre élégie de Madame Deshoulieres, dont il fait autant d'éloge qu'il blâme la premiere. Il excepte encore de sa censure les élégies qui font, dit-il, en quelque forte fondues dans les tragédies, telles que font, par exemple, l'Ariane de Thomas Corneille, & la Bérénice de Racine. Et pourquoi les eftime-t'il jusqu'à les traiter de charmantes ? C'est que là rien ne se passe en ré

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