ECRITS SUR LA POESIE Rém, dans la de M Rém. colas. un héroïsme à un apologiste de M. Rémond; il le félicite du courage qu'il prétend lui avoir fallu pour l'entrepren- PASTORALE dre. Un autre Ecrivain s'eft efforcé de Letre fur le lui enlever l'honneur du triomphe, & livre de M. a cenfuré à fon tour fa cenfure. M. bibl. Fr. t. 2. Rémond n'a peut-être été ni flaté des Lettr. crit. louanges du premier, ni touché de la far les réfléx. critique du fecond: fon caractere le ren- par M. Ni. doit affés infenfible aux louanges comme au blâme, & ce n'étoit fouvent que par hazard qu'il étoit informé de ce que l'on écrivoit pour ou contre lui. Dans les différens écrits qui font fortis de fa plume, il a beaucoup plus cherché à s'amufer qu'à vouloir acquerir la réputation d'Auteur. D'ailleurs fon apologifte n'a pas donné plus de poids à fes réfléxions, & fon critique ne leur a pas ôté le mérite qu'elles peuvent avoir. J'ai oublié de vous dire, que pour avoir une connoiffance exacte de l'origine de la poëfie bucolique, & de fon premier état, vous deviés joindre à la differtation de M. l'abbé Fraguier dont je vous ai parlé, le précis d'une autre differtation de M. l'abbé Goulley. fur les anciens Poëtes bucoliques de Sicile, & fur les inftrumens à vent qui accompagnoient leurs chanfons; l'hiftoire du LA POESIE PASTORALE berger Daphnis, par le même, & cel ECRITS SUR le qui a été donnée depuis par M. Hardion. Vous trouverés les deux premiers écrits dans le tome 5. des mémoires de l'Académie des belles lettres & le troifiéme dans le volume fuivant. Vous pourriés y ajouter trois difcours du Mentor moderne, traduit de l'Anglois du Guardian de MM. Addiffon, Stéele, & autres. Ces discours font le 22. le 23. & le 27. du tome premier de cet ouvrage. On y examine principalement quelle eft la fource du plaifir que nous cause la poëfie paftorale, & quel eft fon caractere. C'est le fujet du 22. & du 23. difcours. On y donne trois raisons du plaifir dont il s'agit: l'amour naturel de l'homme pour le repos : celui-ci est la base du bonheur; car c'eft le défir même de la tranquillité qui nous porte aux deffeins les plus étroitement liés au travail & à l'inquié tude: notre amour pour l'innocence & pour la fimplicité des mœurs, qui ne nous eft guéres moins naturel, malgré notre corruption : enfin nous aimons les tableaux naïfs de la vie champêtre, parce qu'en fuivant notre penchant le plus naturel, nous préférerions la campagne aux villes. Ce que les Auteurs PASTORALE de ces difcours difent fur le caractere & le génie de la poëfie paftorale, n'a rien ECRITSS R de neuf: on en a parlé de même avant LA POESIE eux. J'aurois voulu qu'ils euffent eu plus d'égards pour la pudeur dans les exemples qu'ils ont rapportés : il y en a plufieurs qui ne préfentent que des images indécentes. Dans le vingt-feptiéme difcours ils comparent Théocrite & Virgile à quoi ils ajoutent quelque chose fur les modernes qui ont fait des paftorales, entr'autres fur le Taffe: ce difcours eft fort fuperficiel. E CHAPITRE VIIL Roll. bift. Légie vient de deux mots Grecs qui fignifient dire, hélas ! ou de deux autres dont la fignification est dire des chofes touchantes. Cette forte de poëfie, dont on ignore l'inventeur, anc. t. 12. p. étoit destinée dans fa premiere institu- 45. 47 tion aux gémiffemens & aux larmes ; elle ne s'occupa d'abord que de malheurs & d'infortunes: elle n'exprima d'autres fentimens, elle ne parla d'autre langage que celui de la douleur. L'ELEGIE. Négligée, comme il fied aux perfon ECRITS SUR nes affligées, elle cherchoit moins à plaire qu'à toucher: elle vouloit exciter la pitié, & non l'admiration. On l'employa enfuite à toutes fortes de fujets, & furtout à la paffion de l'amour. Mais elle retint toujours fon premier caractere; elle n'oublia point fa premiere origine. Ses pensées furent toujours naturelles, & éloignées de toutes recherches d'efprit, fes fentimens tendres & délicats, fes expreffions fimples & faciles toujours elle conferva cette marche inégale, c'est-à-dire, les vers hexamétres & pentamétres, dont Ovide lui fait un fi grand mérite, & qui donne à la poëfie élégiaque des anciens tant d'avantage fur la nôtre. Mém. de l'Acad. des Voilà en deux mots le précis des deux belles lettt, écrits fur l'élégie de MM. Fraguier & 10. 6. & 7. Souchay, de l'Académie des infcriptions & belles lettres, les premiers que je connoiffe que l'on ait faits fur ce fujet en notre langue. Tout ce qui y est dit fur l'effence & le caractere de l'élégie, fe réduit là. Mais chaque principe, chaque regle a fes exemples & fes preuves, furtout dans le difcours de M. l'abbé Souchay, où la matiere est encore mieux développée. Le goût des ECRITS SUR deux Académiciens y brille encore plus L'un & l'autre ne confiderent l'élé- сс C'eft, felon lui, le genre de notre << poëfie Françoise le plus infipide. » Il n'y trouve ni deffein, ni nœud, ni fituation. « On n'y voit que des amans << malheureux. Ces amans fe plaignent toujours, fe défesperent; ils veulent « abfolument brifer leurs chaînes ; & «c ce qui eft beaucoup plus confidéra- «< ble, ils veulent mourir. Or comme «<< tout cela fuppofe du courage, ils en «<< demandent à la raison. Ils implorent << ; RéÁéx. [HE la poësie. |