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LA RIME.

le texte de M. Trublet, & la réfutation qu'il en fait, eft en même-tems cel- ECRITS SUR le de M. Soubeyran de Scopon autre apologiste de la profe contre les vers, comme vous avés dû le voir dans fes obfervations fur les remarques de grammaire de M. d'Olivet fur Racine dont il a été question, lorfque je vous ai entretenu des obfervations fur notre langue. Il faut lire ces differentes piéfi vous voulés avoir une jufte idée de cette difpute littéraire. En finiffant le compte que je vous en rends, je veux vous rapporter le jugement qu'un homme d'efprit porte de plufieurs de ces écrits dans un ouvrage que j'ai lû manufcrit, & qui a été auffi communiqué à M. l'abbé d'Olivet.

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« Une Lettre à M. le Préfident Bouhier, dit l'anonyme, termine le «< livre de M. d'Olivet, & des Réfléxions fur l'objet de cette lettre finiffent «<< celui de M. l'abbé des Fontaines. «c Ils foutiennent l'un & l'autre une cau- «e fe fort bonne,& qui fournit fi bien d'el- «< le-même tout ce qui peut fervir à sa «c fa défense, qu'on auroit lieu de s'éton- «< ner qu'ils n'euffent pas réüffi. Dans «< tout ce qu'ils difent des vers rimés, « je ne vois prefque rien qui ne foit fo- «

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» lide, & peut-être fans réplique. Si ERITSSUR » je ne fuis pas en tout de leur avis, LA RIME.» ce n'eft que fur quelques propofitions » incidentes qui n'appartiennent pas » proprement au fond de la matière. » Mais en leur rendant juftice, je » n'en dois pas moins aux deux criti» ques éclairées qu'ils combattent. Il » faut l'avouer, fi jamais une mauvai»fe caufe a dû paroître avec éclat, » c'est celle des vers non rimés. Quel» les reffources n'a-t'elle pas trouvées » dans la vive & féconde imagination » de l'Auteur du Pour & contre, & » dans les profondes réfléxions du ju» dicicieux Ecrivain des Effais fur di»vers fujets de morale & de littérature. » Défendus par de tels Avocats, les >> vers non rimés gagneroient infailli»blement leur procès, s'ils n'étoient pas abfolument incompatibles avec la > nature de notre langue.

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» Le but de M. Soubeiran de Sco» pon dans fes Obfervations critiques, eft » de mettre la profe au-deffus des vers, » comme M. l'abbé d'Olivet, à ce qu'il » prétend, a voulu mettre les vers au» deffus de la profe. Je doute que ç'ait été le projet de ce dernier. Il » me femble par le commencement de

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LA RIME.

fa lettre à M. le Préfident Bouhier, «< que fon but eft de maintenir la profe « ECRITS SUR & les vers dans une parfaite égalité. Quoi qu'il en foit, tout ce que je puis dire fur le fujet de cette difpute, «< c'est que la profe ne l'emporte pas fur сс les vers, ni les vers fur la profe. L'un «< & l'autre genre d'écrire a fes avanta- << ges qui lui font particuliers. Ils s'é- « galent, ils fe furpaffent mutuellement <<< à différens égards. Rien n'eft mieux <<< imaginé que ce que dit l'ingénieux « Académicien de Toulouse en faveur «c de la profe: mais par malheur tout << cela ne conclut que contre les mau- « vais vers. »

Je croyois ne vous plus rien citer fur la rime: mais en ouvrant le tome premier des Oeuvres mêlées de feu M. l'abbé Nadal, je trouve encore une apologie de la rime dans la Lettre de cet Auteur à Madame la Préfidente Ferrand. Je ne prétends rien diminuer de l'éloge qu'il en fait, ni des avantages qu'il lui attribuë. Mais quand il exhorte le Poëte à profiter de la fupériorité qu'il lui donne au-deffus de celui qui écrit en profe, & à la chercher dans le nombre & dans les inverfions des paroles, Savans, je ne fçai fi cette reffource qu'il lui of 1739

Journ des

Mai

LA RIME.

fre, fera d'un grand ufage pour ceux ECRITS SUR qui favent bien notre langue, & qui veulent la parler exactement. Il n'eft pas vrai non plus, comme il le dit, que chaque mot ait fes fynonimes; & il est bien prouvé au contraire qu'il n'y a point de fynonimes parfaits. De-là la difficulté de n'employer jamais en vers que le mot propre; mais difficulté qui peut être vaincuë, & qui a d'ailleurs fes avantages, comme le prouvent les écrits dont je vous ai rendu compte.

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Si je ne vous ai prefque rien dit de ceux où l'on examine lequel eft préférable ou de traduire les Poëtes en profe, ou de les traduire en vers, c'elt qu'il auroit fallu vous citer prefque toutes les préfaces des différens traducteurs des Poëtes : détail ennuyant, & qui me paroît affès inutile. Chacun y prend parti pour ou contre, felon qu'il a luimême traduit ou en vers ou en profe. Chacun fait de grands efforts pour perfuader qu'il a raifon, & la question n'en eft peut-être pas moins problématique. Toutes chofes égales, une bonne traduction d'un Poëte en vers, me paroîtroit préférable à une bonne traduction en profe. Madame Dacier donne la préférence à la derniere dans la préface

de fa traduction de l'Iliade. Le fieur Gacon la réfute avec plus de vivacité, ECRITS SUR ce femble, que de folidité, dans la troi LA RIME. fiéme partie du difcours dont il a groffi fa traduction d'Anacréon fans l'enrichir. On difpute encore fur ce fujet & il y a lieu de croire que l'on pourra difputer encore longtems fans s'accorder. De tout ce que j'ai lû fur ce fujet, rien ne m'a plû davantage que ce qu'en a écrit M. le Préfident Bouhier dans la préface dont je vous ai fuffifamment parlé.

CHAPITRE XV I.

Des Ecrits fur les regles de la Verfification: & des Dictionaires de

Rimes.

HAQUE art a fes regles qui lui

C font propres pour y réüffir, il

:

faut les connoître & les obferver. La
verfification Françoife eft l'art de bien.
faire des vers François. Le but de cet
art eft de plaire, & l'on ne peut plaire
en s'écartant des regles :

Un faux brillant en vers eft auffi faux qu'en profe,
On n'extravague plus en vers impunément;

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