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M affée

des Anciens. Il ajoute qu'elles font fi puBarberin, res, fi élégantes, fi Latines, fi remplies de toutes les graces Poëtiques, en un mot fi fort au goût des Jéfuites, que ces Peres n'ont pas crû pouvoir mieux faire que de les expliquer & les faire apprendre à leurs Ecoliers, du vivant même de ce Pape, comme fi c'eût été un Auteur Claffique: honneur qu'il prétend n'avoir été rendu à perfonne jufqu'alors. C'eft en quoi il feroit fort aifé de faire voir qu'il fe trompe par plus d'un éxemple, qu'on pourroit prendre dans la France feule.

Au refte Urbain VIII. auroit encore mieux établi fa réputation Poëtique s'il ne fe fût point mêlé de faire des Vers Italiens. On peut dire, felon le même Roffi, qu'il y échoua, puifqu'il n'y excella point, & que la Poëfie paffe pour mauvaise dès qu'elle ne paroît que médiocre. Il n'est pourtant pas jufte de le mettre de la cabale de ces Poëtes Italiens qui depuis le commencement du fiécle jufqu'à fon Pontificat, avoient voulu introduire un nouveau genre d'écrire, & un ftyle extraordinaire pour s'oppofer à la fimplicité naturelle des Anciens.

Il est vrai que le Tefti & le Ciampoli fe vantoient de l'avoir attiré dans leur parti, mais c'étoit afin de donner plus de credit à la nouveauté de leurs entreprises. Car on ne remarque rien dans toutes fes Poëfies Italiennes qui fe fente de ces affectations ridicules dont ces nouveaux Docteurs faifoient leurs délices. Au contrai

re

re (1) on n'y trouve rien qui ne foit pur, Maffée fimple & naturel, & l'on dit même, pour Barberin, faire voir combien il avoit d'éloignement & d'averfion pour ces nouveautés, qu'ayant vu une Piéce faite dans le ftyle & les maniéres de Virgile, il fe confola, en difant qu'il falloit remercier Dieu de ce qu'il fe trouvoit quelqu'un encore, au milieu de cette corruption qui devenoit prefque univerfelle, qui confervoit le bon goût des Anciens.

* Maphai Barberini Poëmata in-folio Parif. 1623. Idem in-4. Rome 1631.

*

MR. BOURBON,

(Nicolas) de Bar- fur- Aube en Champa- Bourbon, gne, petit-neveu d'un Poëte de même nom, qui vivoit cent ans auparavant, Profeffeur Royal à Paris, Chanoine de Langres, de l'Académie Françoise, puis Pere de l'Oratoire, mort l'an 1644. le même jour que le Pape Urbain VIII. felon quelques-uns, ou plutôt le 6. jour d'Août, felon d'autres, âgé d'environ 70. ans. Poëte Grec & Latin.

1454. Moulu que nous l'appellafions Pere) a été fans contredit un des plus grands Poëtes Latins que la France ait jamais

R. Bourbon (car il n'a pas

1. Idem part. 3. Pinacothec. num. 57. pag, 214. in Elog. Fulvii Tefta.

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Bourbon. mais produits, & quoique Mr. Patin (1) ait prétendu que Mr. Pelliffon s'étoit trompé dans l'Eloge qu'il a fait de cet Auteur, je ne crois pas que cette refléxion défobligeante ait dû tomber fur ce qu'il dit, que Bourbon fut eftimé du Public le meilleur Poëte Latin de fon fiécle (2), puifque c'étoit l'opinion commune de fon tems, & que les Critiques lui ont rendu un femblable témoignage d'un confentement affés univerfel (3).

On lui trouve un caractére de nobleffe dans tous les genres de Poëlie dont il a laiffé des monumens, une élévation qui vient de la véritable grandeur, une vivacité d'efprit qui paroît dans toutes fes penfées, & un ftyle proportionné à toutes ces qualités (4). C'est ce qui a porté Mr. Naudé à le préférer avec Buchanan & Cafimir, à tous les Poëtes de ces deux derniers fiécles (5); Mr. Halley de Caen, à l'opposer aux meilleurs de ceux que l'Italie a mis au monde (6) & un autre Critique à lui chercher des égaux parmi les Anciens (7).

Il ne pouvoit manquer de bien réuffir,

ayant

1. Guy Patin, Lettre 43. du xx1. Octobre 1653. pag. 745. du Recueil.

2. P. Pelliff. Fontan. Rélation Historiq. de l'Acad. Franç. pag. 270. & devant.

3. Jac. Davy du Perron in Collectan. Perron. pag. 37. J. L. Guez de Balzac, Franc. Vavafl. Soc. J. Claud. Lantufius, Petr. Smicrelius, &c.

4. Obfervat. Stilii feu Van-Stile ad recentior. Poësar. Carm.

s. Gabr. Naud, ou Maseurat avec S. Ange au Jug.

des

ayant tous les fecours que l'étude peut Bourbon fournir à un efprit difpofé naturellement à toutes chofes : & il auroit été moins excufable qu'un autre s'il n'eût réuffi que médiocrement, étant d'ailleurs un des grands Maîtres en l'art d'écrire, fi nous en croyons Paul Romain (8) qui affure que perfonne ne connoiffoit mieux que lui les ftyles & les caractéres, que perfonne n'étoit plus pénétrant, plus judicieux, plus fin, plus délicat que lui dans le difcernement des écrits de bon & de mauvais goût, & que perfonne n'étoit en même tems plus enclin à cenfurer les autres, & à trouver à redire à tout, quoiqu'il fût grand approbateur des Ouvrages d'autrui en préfence de leurs Auteurs. Mais il avoit la difcrétion de renfermer ordinairement la demangeaifon qu'il avoit de juger les autres dans les bornês de la Poëfie, dont il favoit parfaitement les régles.

Ce n'eft pas que Mr. de Balzac ne l'ait accufé d'être tombé plus d'une fois dans les mauvais pas qu'il avoit marqués aux autres (9), & d'avoir quitté fon Virgile

des Ecrits contre Mazarin, pag. 152.

pour

6. Anton. Hallæus Profeff. Cadomeus inter Poëmat. ubi Borbonii elogium vifitur.

7. Hadrian. Scaur. Smick, in memor. viror. aliquot, hujus Sæculi, &c.

8. Paul. Romanus five ut aliis placet Franc. Vav. Differtation. adverf. Anton. Godellum Elogii Aurel. Auctorem pág. 26.

9. J. L. Guez de Balzac livr. 3. des Lettres familiéres à Chapelain Lettr. 1. pag. 140. de l'édition d'Hollande in-12, dattée du 2. Janvier 1638,

Bourbon. pour le Lucain & le Claudien des autres. Mais il fe peut faire que ce jugement désavantageux ait été un effet des mauvaises impreffions que la méfintelligence entre Bourbon & lui avoit laiffées dans fon esprit avant leur reconciliation.

Ses Poëties Latines parmi lesquelles il y en a quelques-unes de Grecques, parurent à Paris l'an 1630. in-12. par les foins d'une perfonne à qui la fatisfaction du Public n'étoit pas fi indifférente qu'à lui. Et quoique la plupart des Piéces que ce Recueil renferme foient bonnes, il faut avouer pourtant que l'Imprécation contre le Parricide d'Henri IV. paffe toutes les autres & que c'est fon chef-d'œuvre (1).

Il fe trouve auffi parmi ces Vers quelques Piéces de Profe, comme des Prefaces & des Lettres (2), & Mr. Pelliffon dit qu'encore qu'elles ayent fait moins de bruit que fes Poëfies, elles ne méritent peut-être pas moins de louanges que fes Vers.

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CORNELIUS LUMINEUS
DE LA MARCK,

Bénédictin, natif de Gand en Flandres,
mort vers l'an 1644. ou 1645. Poëte
Latin.

1455.

1. L'Abbé de S. Leu, le Sieur Pierre Petit le Médécin, & les autres Critiques de ce tems.

2. ¶. Au devant & à la fuite des Voyages de Char

les

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