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THEOPHILE,

Surnommé VIAUT, Poëte François, mort à Paris après deux ans de prifon dans la Conciergerie du Palais, l'an 1625. (1).

Theophile. 1418. Fent feparément de fon vivant, L

Es Poëfies de Theophile paru

mais elles furent raffemblées après la mort en deux Recueils différens qui ne renferment pas encore tout ce qu'il a fait, & ceux qui font curieux de ces fortes de Monumens en confervent encore affés pour faire un autre volume, en y joignant ce que fes amis lui envoyoient dans fa prifon..

Theophile pouvoit compter au nombre de fes difgraces celle d'avoir vécu en même tems que Malherbe qui l'obfcurciffoit, au lieu qu'il auroit brillé un demi fiécle auparavant. Ce n'eft pas qu'il n'éblouît quelques perfonnes de fon temis, & qu'il ne fe trouvât dans Paris (2)

Des fots de qualité

Pour juger de travers avec impunité:

A

1. q. Baillet fort fujet aux expreffions équivoques, femble avoir voulu dire que Theophile étoit mort à la Conciergerie du Palais de Paris après deux ans de prifon; cependant il eft für, comme Ménage l'a remarqué p. 359. du tom. 1. de l'Anti-Baillet c. 90. qu'il mourut à l'Hôtel de Montmorency. Le Mer cure François dit que ce fut le 25. Septembre 1626. Il n'avoit quc 36. ans. Mairet fon intime ami fit imprimer en 1642. à Paris un Volume in-8. de fes Lettres Françoifes & Latines, au devant defquelles eft

fon

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A Malherbe, à Racan préferer Theophi- Theophile, le, &c.

En effet, Mr. Pelliffon a remarqué (3) que Théophile avoit plus d'efprit que de jugement. Et le P. Rapin dit en un endroit de fes Réfléxions (4), que ce Poëte ne s'eft piqué que d'efprit, & qu'il a fait fon capital de fon imagination. En un autre, il témoigne que par une trop grande affectation du ftyle aifé, il tomba dans le puérile; que le fonds de fon caractére étoit plutôt une fertilité d'imagination qu'u ne vraie fécondité d'esprit.

Le même Pere écrit encore ailleurs, que Théophile a des hardieffes heureuses à force de fe permettre tout, & qu'il a le fens auffi petit qu'il a l'imagination grande (5).

Mr. Gueret eftime qu'il avoit plus de ta lent pour les Stances que pour les autres efpéces de vers (6), mais il n'en a pourtant pas trouvé le tour entiéreinent.

Il eft inutile de parler du mauvais ufage qu'il a fait des facultés qu'il avoit reçues de la nature pour la Poëfie, fes Adverfaires nous l'ont affés fait connoître, foit dans

leurs

fon portrait avec la qualité de Gentilhomme de la Chambre du Roi.

2. Nicol. Boil. Defpr. Satire 9. Vers 173.

3. Paul Pelliff. Fontan. Relat. de l'Hift. de l'Acad. Franç. pag. 288.

4. René Rapin, Réfléx. génér, xvIII. fur la Poëtique, & dans le même Traité. XXXI.

5. Le même Auteur 2. Partie ou Réfléxion xxx. &c.

6. Gueret de la guerre des Auteurs, pag. 177. &c.

Theophile, leurs écrits, foit dans leurs Prédications. Il mettoit dans leur nombre le P. Garaffe, & c'eft particuliérement contre les accufations de ce Pere, qu'il a fait l'Apologie que nous avons aujourd'hui au Recueil de fes Piéces de l'an 1627. avec fa Pasiphaë, &c. (1).

GREGORIUS PORTIUS,

Italien, Poëte Grec & Latin, vers l'an 1630. ou 1631.

Portorius 1419. CEt Auteur a fait un affés grand

nombre de Poëfies dans les

deux Langues des Savans. Elles confiftent en Odes, en Elégies, en Epigrammes, en Piéces diverfes. Mais il réuffifloit parfaite ment dans le genre Lyrique (2).

Jacques Biderman rapporté par Allatius, loue quelques-unes de fes Odes en vers Saphiques. Il dit qu'elles font fort nettes, fort correctes; que les vers font limés, châtiés & polis, qu'ils font agréables & nombreux, qu'il y a de l'érudition & de la bonne latinité: qu'il prend ordinairement des fujets capables de relever encore la di

gnité

1. Mr. Pradon après Mr. Sorel témoigne que fa Tragédie de Pirame & Thisbé a bien réussi, & qu'elle lui a fait honneur.

2. T. Janus Nicius Erythreus Pinacoth. 3. n. 32. n'en parle pas fi avantageufement à beaucoup près. Il dit que ce Portius, quoique né Grec, devint pour s'être trop ataché à l'étude de la Langue Latine en tiérement incapable, foit en profe, foit en vers, de réuffir dans la Grecque. Qu'à l'égard du Latin quoique l'on eût vu de lui des Poëmes d'une grande élé

gance,

gnité de fa Poëfie. Quoique fes vers foient Gregorius pleins, ils ne font point enflés. Ce qui Portius. eft d'autant plus remarquable qu'il vivoit dans un tems & dans un pays où c'étoit la mode d'écrire en ftyle bouffant & ampoullé. Sa maniére est toute naturelle, fans contrainte & fans embarras, quoiqu'il foit éxact jufqu'au fcrupule pour obferver les régles de la verfification, & il paroît tant de facilité dans fes vers qu'il femble que les chofes fe font préfentées à lui d'elles-mêmes fans avoir été recherchées (3).

JEROME ALEANDRE,

Le jeune, natif de Frioul, Sécrétaire du Cardinal François Barberin, mort à Rome de la trop grande chére qu'il fit en France avec fes amis, lorfque fon Maître y étoit Légat du S. Siége, Poëte Latin & Italien. Sa mort arriva l'an 1631. (4).

1420.

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N ne peut pas douter qu'A- Jerome Aléandre n'ait acquis de la gloi- leandre. re à faire des vers en l'une & l'autre Lan

gue

gance, on n'avoit pas laiffé d'y trouver des faute's de quantité.

3. Jac. Biderm. apud Leon Allat. in lib. de Apib. Urban. pag. 127. 128. 258. 259.

4. 9. Ce fut le 11. Mars 1629. felon le Crefcimbeni pag. 291. de la 2. part. du 2. vol. de fon Commentaire fur l'Hiftoire de la Poëfie vulgaire. Mais qu'il foit mort l'an 1629. ou l'an 1631. la difficulté de favoir s'il mourut de la trop grande chère qu'il fit à Paris, ou de celle qu'il fit à Rome, fubfifte

reit

Jerome A leandre,

gue dont Leo Allatius a loué particuliérement les Anacréontiques, ou les divertiffe mens licentieux de fa jeuneffe pour leur élégance & leur douceur (1). Mais il a fait des Ouvrages plus férieux & plus capables de le rendre immortel, quoiqu'on puiffe mettre au nombre de fes occupations les plus folides, la verfion ou Paraphrafe qu'il a faite en vers Italiens des fept Pfeaumes de la Pénitence. Le Roffi témoigne que fes Poëfies auffi bien que fa Profe ont beaucoup de pureté, d'élégance & de netteté (2).

On a diverfes Piéces Latines de fa façon parmi celles des freres Amalthées dans l'é

dition

roit toujours felon Rayle, qui prétend que de la ma-
niére dont Erythræus a rapporté la chofe, il y a
autant & plus de raifon de croire que ce fut la trop
grande chère qu'Aléandre faifoit à Rome qui le tua.
Voici les termes d'Erythraus: Sed qui itineris tam
longi, il entend le voyage d'Aleandre en France,
lorfqu'il fuivit le Cardinal François Barbérin Légat,
labores fortiter conftanterque subiisset, pertulissetque, vim
morbi ferre non potuit, ex frequentibus concanationibus
compotationibufque cum amicis, & contubernalibus aliquet
fuis contracti, quos inter convenerat, ut tertio quoque die
mutuis fe conviviis exhilararent. Ces conventions, dit
Bayle, de fe régaler deux ou trois fois la femaine, fentent
mieux des gens qui font en repos chés eux
que
des Voya-
geurs: outre que le voyage que le Légat François Barbérin
fit en France l'an 1625, ne dura que peu de mois & qu'A-
léandre ne mourut qu'en 1631. Four moi je trouve fort
jufte l'explication de, Baillet: qu'Aleandre ruina tel-
lement fa fanté pour avoir fait trop grande chére à
Paris, qu'il lui en refta une indifpofition, dont il
mourut à Rome quelques années après. Les paro
les d'Erythræus conduifent naturellement à ce fens:
dire en effet qu'Aléandre qui avoit foutenu la fati-
gue du voyage de Rome à Paris ne put foutenir l'in-
difpofition que lui cauférent fes grands & fréquens

repas

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