Imágenes de páginas
PDF
EPUB

MR. PETIT,

(Pierre) Parifien, Docteur en Médecine & Philofophe, aujourd'hui vivant, Poëte Latin (1).

8. Petit. 1539. Moetes Latins qui vivent au

R Petit eft un des fept illuftres

jourd'hui dans Paris, & dont on fe met en tête de vouloir faire une nouvelle Pléia de depuis qu'on a vu éclipfer ou difparoitre celle d'Alexandre VII. dite la Romai ne, par la mort de Mr. Favoriti & de Mr. de Furftemberg Evêque de Munster.

Cette conftellation Poëtique s'appelle la Pléiade Parifienne. Elle eft composée de trois Jéfuites, favoir le P. Rapin, le P. Commire & le P. de la Ruë; d'un Chanoine Regulier Mr. de Santeuil de faint Victor; d'un Abbé féculier, Mr. Ména ge; & de deux Laïcs, Mr. du Perier, Gentilhomme, & Mr. Petit Médecin. C'est la feconde qu'on ait vu former à Paris, & elle différe de la premiére qui étoit de l'invention de Ronfard, & qui parut au fiécle paffé, en ce qu'elle n'est que de Poëtes Latins tous vivans, au lieu que l'autre n'étoit que de Poëtes François (2).

née.

Mais comme une Pléïade feule ne fait

pas

T. Mort le 13. Décembre 1687. dans fa 71. an

2. Dorat, comme l'a fort bien remarqué Mé

page,

pas tout l'ornement du Ciel, il ne faut P, Petit pas s'imaginer auffi que la France n'ait pas encore d'autres excellens Poëtes Latins qui lui font autant d'honneur que ces fept. C'est ce qui fait que ce nombre n'eft pas encore fi bien établi, que quelques perfonnes ne puiffent fe donner la liberté d'y faire des changemens, & d'en retirer ceux qui ne leur plaifent pas, pour y en fubftituer d'autres felon leur fantaisie. Ces perfonnes veulent abfolument que Mr. Huet foit du nombre des fept, parce qu'il n'y a point de rang d'honneur qu'il ne mérite pour fa Poëfie comme pour le refte de fes Ecrits. Mais ce Prélat a bien un autre Olympe à orner que celui de Theffalie, ni qu'un Ciel expofé aux infultes des Geans: il a bien d'autres Terres à éclai rer que le Parnaffe d'Apollon.

Les difcoureurs du tems qui favent que dans la Pléiade celefte il y a une des fept étoiles plus obfcure & moins honorée que les autres pour avoir époufé un homme mortel, & qui fe fouviennent de la Pléïa de Grecque de Ptolomée Philadelphe (3), où Lycophron a tenu parmi les fix autres Poëtes le rang de l'étoile difgraciée, font affés perfuadés qu'il doit auffi fe trouver un Poëte dans notre Pléiade Parifienne qui eft moins brillant & moins divin que les fix autres; mais comme je ne fuis

[ocr errors]

3.

étoit, quoique de la Pléïade de Ronfard, Poë-
in de profeffion.

Ainfi appellée, quoiqu'elle n'ait point paru tous te entiére fous ce Prince.

P. Petit. fuis point chargé d'en faire le difcernement, je me contenterai de dire que ce n'eft pas Mr. Petit, & que le Public en a été très-perfuadé dès qu'il a vû paroître le Recueil de ses Poëfies Latines à Paris in-8. l'an 1683.

Ce Recueil comprend deux livres de Piéces choifies, qui font mêlées de diverfes efpéces dans le premier, mais le second ne comprend que des Piéces Héroïques.

Meffieurs de Leipfick témoignent (1) que dans toutes fes Poëfies on ne trouvera rien de bas, rien de trivial, rien d'affecté, rien d'inutile, rien de forcé, rien de tiré de trop loin, ni rien enfin qui ne foit très-naturel enfin ils jugent que l'Auteur a toutes les parties que demande Ho race pour un Poëte accompli. Mais ce n'eft pas de ce feul témoignage qu'il faut prendre le commencement de la réputation Poëtique de Mr. Petit, puis qu'elle étoit déja bien établie long-tems auparavant, & que dès l'an 1653. nous voyons que fa Poëfie étoit eftimée de Mr. Patin le Pere (2), c'est-à-dire d'un homme trèsavare d'éloges, qui avoit l'odorat délicat pour fentir les bonnes & les mauvaises pro

1. Acta eruditor. Lipfienf. anni 1684. mense Julio pag. 328. 329. &c.

2. Gui Patin, Lettre 43. dattée du xx1. O&obre de 1653. pag. 145.

3. Le nom Grec de cette femme Philosophe étant izrazia devoit être rendu en François par Hipparquie, & en Latin par Hipparchia, Pierre Petit l'a

changé

productions; mais qui avoit une inclina- p. Petit tion particuliére pour taire les premiéres & publier les fecondes.

On remarque dans la plupart des Piéces qui font dans le Recueil de Mr. Petit un certain goût des Anciens qui en rehauffe le prix, on lui trouve auffi beaucoup de cette fureur Poëtique dont il a donné une favante Differtation au Public, & c'est elle qui produit dans fes vers tous ces nobles tranfports que l'on y voit, accompagnés de beaucoup de force & d'élévation.

On eftime particuliérement le Poëme appellé Codrus ou de l'Idée d'un bon Roi, tout y eft magnifique, les penfées & les expreffions y font véritablement grandes & heureufes la verfification y eft naturelle, éxacte & correcte, comme dans tout le refte. Celui de la Cynogamie ou du Mariage du Philofophe Crates avec Hipparche (3), eft rempli de beaucoup de beaux endroits qu'on ne peut fe laffer de lire (4). On peut mettre encore celui de la Bousfole intitulé Gilbert, au nombre de fes meilleures Piéces. Il y traite de la Phyfique en vers avec une facilité merveilleufe, en quoi il a imité la plupart des Philofophes de l'Antiquité, qui jufqu'au tems de

Py.

changé fans néceffité en Hipparché, puis qu'Hippar chia, dont les trois derniéres fyllabes font en Latin un dactyle, auroit pu trouver place en fes vers. J'ajoute à cela qu'on ne peut non plus faire d'Hipparchia Hipparché, que de Monarchia Monarché, Sitarchia Sitarché, Phylarchia Phylarché, & ainfi du refte. Extrait d'une Lettre écrite à M... le îs, d'A

4.

yrl 1683.

P. Petit. Pythagore ou de fon Maître, ont presque tous mis en vers ce qu'ils ont compofé touchant la Nature ou la Morale.

On dit que cet Auteur fe difpofe à donner encore un autre Recueil de Pocfies qui font répandues dans fon cabinet, & dont quelques-unes ont déja vû le jour. Celle qu'il fit fur le Thé l'an 1685. fous le titre de Thia Senenfis en fera fans doute le principal ornement. C'est un Ouvrage qui a été reçu avec approbation, non feulement en France, mais encore en Hollande, en Allemagne, & en Italie. En effet Mr. Grævius célébre Profeffeur d'Utrecht mande d'Hollande, qu'on ne trouve rien de plus noble_ni de plus limé en ce genre que l'eft ce Poëme (1). Mr. Carpzovius écrit d'Allemagne, que l'Ou vrage eft eftimé parmi les Savans du Pays, & que Mr. Fellerus Profeffeur célébre de Leipfick n'a point fait difficulté de l'enfeigner publiquement à fes Ecoliers (2). Honneur qui n'est dû qu'aux Auteurs du premier ordre, & qui nous fait juger, fi l'on continue, que Mr. Petit pourra bien être un jour du nombre des Auteurs Clasfiques. Enfin pour marquer auffi les fentimens qu'on en a eus en Italie nous avons fujet de croire que c'eft le Poëme du Thé qui a porté principalement Mesfieurs les Ricovrati de Padoue à incor

porer

1. Johan. Georg. Gravius, Epift. ad Pet. Pet. Parifienf.

2. Carpzovius junior B. F. Epift. ad eumd.
3. Nous avons vu un remerciment de l'Auteur en

« AnteriorContinuar »