De la mort elle peut fouvent être fuivie. Ils refiftent long-temps à fes preffans befoins Il femble que la Providence Qui pour leur entretien les partagea le moins, Les bons & falutaires foins De les rendre plus forts contre la défaillance. Ils feront fans manger huit jours & mê me plus,. Ils ont toûjours de l'eau pour boire, Alors les pauvres Gens rapellent la mé moire Des feftins qui les ont repus. Car lors qu'ils ont mis bas quelque Bête farouche, Ils fçavent se bien regaler ; Des mets qu'ils ont goûtez l'eau leur vient à la bouche, Et c'est tout ce qu'alors ils peuvent avaler. Je vais commencer leurs Exploits de Chaffe par un coup qui me furprit extrêmement, ce qui ne furprendra peutêtre pas moins ceux qui l'aprendront.. Un Sauvage allant à la Chasse Avec les Compagnons de fon fufilarmé, Que fur un vafte Lac l'hyver avoit formé S'arrêta L'air glaçant qui l'environnoit, Dit à la troupe qu'il menoit ; Je fens un Ours il eft fur ces hautes Colines. A plus d'un quart de lieuë il en montroit Sa Compagnie alors en fut toute étonnée; Si-tôt qu'elle fe vit par eux environnée, Mais un plomb meurtrier en arrêta le cours, Voilà comme perit cet Ours, Dés que l'Hyver qui commence dans ces lieux de bonne heure eft venu, cet animal fe bâtit une loge dans terre, & la couvre de plufieurs branches de Sapin bien eüillues, pour n'être pas incomodé de la neige jufqu'au Printemps L bien tardif à venir la faire fondre, & engager l'animal à fortir de fa demeure foûtorraine. Pendant qu'en fa Cabanne un long hyver le mâte, De quoy vit-il? je n'en ́sçay rien, Et qu'il en fort un fue qui fait fon entretien. A tout ce qu'on voudra mon efprit fe Je dis feulement qu'il arrive Qu'il en reffort toûjours plus gras qu'il ne s'y met. pen Quand le Sauvage l'a fait perir, il en leve la peau qui luy fert de fourure dant l'hyver, & il en mange la chair qu'on dit être trés-bonne. L'Orignal ou l'Elan coûte bien plus à atraper. Il faut le galoper, c'eft le mot du Pays, pendant deux ou trois jours dans les Bois. C'est un animal fedentaire Qui cherche pour fa vie un fertile canton, Où fa nourriture ordinaire Eft d'un Bois qui porte fon nom. On connoît fon bâtis par les rameaux qu'il broûte, Il n'en fortiroit point dans le temps des frimâts, Si le Chaffeur ne venoit pas On le fuit au pied fur la neige, comme on fait un Lievre en France: Quand il est une fois debout, il ne s'arrête point, & va jour & nuit jufqu'à ce qu'il n'en puiffe plus, c'eft dequoy bien exercer le Chaffeur qui court aprés dans les Bois, dont l'épaifleur refifte fouvent à l'ardeur qu'il a de les percer. Les arbres renverfez par monceaux fur la terre, Dont les branches des morts accablent les vivans, L'empêchent de courir grand erre, |