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L'Original grand & fort a bien loin les

devants.

Il cherche dans fon cours les plus fortes

retraites,

La neige a par endroits quatre à cinq pieds de haut,

Et de Chaffeur ardent qui le fuit en raquette,

Ne l'atrape que lorfque fa force défaut.
Quand elle est toute diffipée,

Il s'arrête & pour

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d'effort,

fuir ne faifant plus

Du Chaffeur qui le joint le fufil ou l'épée,
Luy donne le coup de la mort.

C'est une des meilleures captures que les Sauvages puiflent faire, ils en mangent la chair fraîche ou boucanée, & elle eft trés-bonne. Quand ils l'ont bien fait fecher, ils pourroient la conferver toute une année; mais ils ne fçauroient s'empêcher de toûjours manger,tant qu'ils ont dequoy, ils ne ceffent point. La chair du mufle & de la langue en eft trés-délicate, c'eft ce qu'il y a de plus friant fur cet animal qui eft auffi gros qu'un Mulet

d'Auvergne, & qui porte un grand bois fur fa tête dont il ne fe défend point contre les Sauvages qui le challent. Ils en traitent la peau dont on connoît les ufages, & ils la vendent bien.

Il eft fort fujet au haut mal,

Mais dans les pieds fourchus de ce grand

animal,

La Nature a mis le remede

Quelle prévoyance ! quel foin!

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Il fe gratte la tête en ce preffant befoin
Et fe délivre ainfi du mal qui le poffede.
Voilà ce qu'on en dit, c'eft peut-être de là
Que la Medecine en pratique

Par les notions qu'elle emra,

S'en fert pour garantir de chûte Epileptique
Mais ce n'eft pas le feul d'entre les animaux
Dont elle ait apris Part de guérir d'autres

maux..

Le Caribou ne donne pas tant de peine aux Sauvages pour l'attraper; fans courir aprés ils en viennent à bout, autrement ils y perdroient leur temps; c'est

une maniere de Cerf, qui a pour la cour fe trop d'haleine & de difpofition. On le guête dans une embuscade où il ne fe défie de rien, & d'un coup de fufil on le jette à bas.

Il fert encor de nouriture

Au Sauvage peu dégoûté;
De fa peau de rase fourure,
Il envelope fa figure,

C'eft fon petit habit d'Eté.

peaux, mais

On en traite encore les cette pelleterie eft peu recherchée quoique le grain en foit extrêmement fin, & qu'elle dure trés-long-tems quand elle est bien apreftée. On en fera peut-être un jour un plus grand ufage quand la bonté fera mieux connue. Pour moy j'ay ex perimenté que rien n'eft plus fimple, plus molet, ny meilleur pour doubler des culotes.

La Chaffe aux Caftors eft celle qui produit le plus aux Sauvages, quoique le prix en foit bien diminué depuis quelque temps. On les tire ordinairement en fortant de l'eau, comme on tire les Lapins en fortant de terre, quand on les

guête fur leurs trous, ou bien ils s'enferrent d'eux-mêmes dans les pieges qu'on leur tend. Ils commencent à paroître quand le Soleil eft preft à fe coucher. Il faut les aprocher bien doucement, il est bien difficile de les furprendre, ils ont l'ouie fi fine, que le moindre bruit qu'ils entendent les fait plonger auffi-tôt, & lorfque la peur les fait defcendre au fond. des eaux, ils font trés-long-temps à revenir deffus, & c'eft toûjours bien loin de l'endroit où ils ont été effarouchez. Avant qu'ils plongent, ils frapent de leur queue fur l'eau, & font un fi grand bruit qu'on l'entend à plus d'une demylieuë de là, & c'est un avertiffement. pour leurs pareils qui les fait auffi retirer bien vite. Leur queue eft d'une nature fort particuliere, elle eft. longue d'une coudée, plus ou moins felon leur grandeur, plate, & faite en batoir, aucun poil ne la couvre, & la peau en paroît écailleufe; la chair en eft fort bonne quoique ce ne foit qu'un tiffu de graiffe ferme, & de nerfs dont elle tire la force qui luy fait faire tant de bruit en frapant fur l'eau. Si le fens de l'ouïe est si exquis en eux, ils ont l'odorat du moins auffi fin; ils fentent un canot aa fillage qu'il laiffe fur l'eau par où il a pallé.

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Dés qu'ils en ont le vent, ils font le plon geon, ou fuïent pour fe cacher; les Sauvages s'obstineroient en vain à les guê ter, ils ne reparoiffent plus. S'ils avoient la vûë auffi bonne, ils feroient bien plus en fûreté de leur vie ; mais ils ne voyent, comme les Lievres, que de côté, & ils ont les yeux fort petits, ainfi ils viennent quelquefois tout droit chercher le coup qui les tue, faute de voir devant eux. Quand on les tuë fur l'eau d'un coup de fufil, il faut courir bien vîte deflus pour s'en faifir; car comme ils plongent pendant qu'ils font vivans, ils coulent à fond quand ils font morts. La maniere eft plus fure de les prendre à des pieges, joint à cela que l'apât qu'on y met qui n'eft qu'un morceau d'écorce de Tremble, qu'ils aiment plus que toutes chofes, ne coûteroit pas tant que la poudre & le plomb qu'on ufe à les tirer. Voicy encore un autre moyen dont on fe fert pour les atraper: Quand l'hyver a endurci la furface des eaux où font leurs cabannes, & qu'ils s'y croyent à couvert de l'infulte des Chaleurs, on va fur la glace brifer les cabannes à coups de hache ils font forcez de les abandonner, & ils. fuient aux bords du Lac pour fe cacher

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