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Chacun l'y foûtient à l'envy,

Car du côté qu'il fait fa chûte,

Un certain prix que l'on difpute

Par les plus adroits eft ravy.

Les Efquinos ne se donnent point la peine de faire cuire leurs viandes comme les autres ils les mangent toutes cruës. On croit que ces Sauvages ont été engendrez par les premiers Bafques qui fe font perdus à la Pêche de la Balaine; cela pourroit bien être, car ils ont confervé quelque chofe de leur patois ne faifant que bredoüiller quand ils parlent. Lors qu'ils font pris d'une tourmente fur la Mer, qui eft fouvent trés-rude dans leur Païs, ils s'enferment dans leurs Canots qui ont des couvercles exprés, & qui joignent fi exactement, qu'il n'y entre pas une goute d'eau ; ils fe laiffent rouler enfuite au gré des Ondes, jufqu'à ce que le calme revienne, & permette de reprendre les Avirons.

Pour finir avec les Sauvages, difons encore quelque chofe des Pla-côtez des Chiens

,

Chiens les plus fots, & les plus miferables de tous. Ils n'ont aucun Commerce & font toûjours en guerre avec les Savanois, braves Gens, & qui les prennent fouvent pour en faire leurs Efclaves. Tous les autres ne font rien de particulier qui mérite d'être rapporté.

Je ne dois pas quitter ce Sauvage Pays,

Sans parler des divers Tapis,

Qu'étale dans ces lieux l'Auteur de la

Nature;

Tout eft rare, tout eft nouveau >

Quelle diverfité de fleurs & de verdure?

On ne peut rien voir de plus beau.

Mille Plantes, divines Herbes,

Que la terre y produit fous les Sapins

fuperbes,

Et que pour la fanté des hommes Dieu créa¿

Ne fe trouvent point dans nos terres,

Il faut aller les chercher là,

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Les Bois de l'Acadie en font les feules

ferres.

J'étois chargé du soin glorieux d'en cüeillir

Pour le Jardin Royal du plus grand des Mo

narques,

Et j'ay fçû donner quelques marques

Du plaifir que j'ay pris à pouvoir l'embellir.

RETOUR

DU

VOYAGE.

?

L ne me refte plus qu'à dire comment je fuis revenu de la Nouvelle France, ce fut fort agréablement. Dans le temps que je commençois à m'y accoûtumer & que j'en connoiffois mieux le mal & le bien, je reçûs des ordres pour la quitter & revenir en France, dont je fus bien aife. Je ne devois repaffer les Mers qu'avec des Matelots dans une petite Fregate de Rochefort, fretée par une Compagnie qui negocie dans ce Païslà, & avec laquelle celle dont j'avois la direction, avoit traité des Marchandifes qui me restoient, fur les avis que j'a

:

vois donnez du peu de profit qu'il y avoit à faire. Mais pendant que je travaillois à regler mes affaires pour m'aprêter à partir, l'Avenant bon Navire du Roy monté de quarante-quatre canons, & qui avoit aporté les provifions de guerre & de bouche que Plaifance, & le Fort de la Riviere Saint Jean reçoivent tous les ans, arriva au Port Royal pour y charger trente ou quarante beaux Mâts que les Habitans fournifloient au Roy, & les joindre à ceux que quatorze Charpentiers & Mâteurs entretenus par Sa Majefté, avoient embarquez à la Riviere Saint Jean. Mrle Chevalier de Chavagnac qui commandoit ce Navire eut la bonté pour moy de m'y offrir une place pour mon retour le plus obligeamment du monde, me reprefentant que je ferois beaucoup mieux que dans l'autre Vaiffeau qui devoit me raporter: J'acceptai. le parti avec plaifir, & je lailai à deux Commis que j'avois le foin du peu d'affaires qui demeuroient à regler. Nous partîmes le fixiéme d'Octobre, & eux trois femaines aprés dans la Fregate où je devois m'embarquer: Ils penferent y perir dés la premiere journée; dans ce danger ils firent un væn dont je les vis s'aquitter à la Rochelle

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