PRÉFA C E. AUSSI-TÔT que le goût de l'Aftronomie commença de se répandre en Europe, & fur la fin du quinzieme fiecle, il y eut des Calculateurs qui drefferent des Ephémérides, pour prévenir les Aftronomes fur l'état du Ciel à chaque jour, & fur les Obfervations importantes qui pouvoient se présenter. Regiomontanus, un des Restaurateurs de l'Aftronomie, en avoit calcule; mais le premier qui s'occupa avec ardeur de ce travail, fut Jean Stoffler, Professeur à Tubingue. Il calcula des Ephémérides, depuis 1482 jufqu'à 1551; & elles furent imprimées plufieurs fois. Jean Stadius fes calcula depuis 1554 jusqu'à 1606; Leovitius, de 6 à 1606; Jean-Antoine Magini, depuis 1 5 8 1 jusqu'à 1630; David Origan, depuis 1595 jufqu'à 1655; Kepler, depuis 1617 jufqu'à 1636; Eichstadius, de 1636 à 1665; André Argoli, depuis 1620 jusqu'à 1700; Hecker, de 1666 à 1680; Kirch, de 1681 à 1692; Noël Duret de Montbrison, de 1637 à 1700; ce fut le premier en France qui fe chargea de cet immense travail. Les Ephémérides de l'Académie des Sciences commencent à 1701; ce fut M. de la Hire le fils, qui calcula les trois premieres années : MM. Lieutaud, Defplaces & Bomie, firent en commun les Ephémérides de 1704 & de 1705, quoique M. Lieutaud y ait feul mis fon nom. M. Defplaces fit les trois années fuivantes; & M. Bomie publia les années 1709, 1710 & 1711, en copiant entiérement & jufqu'aux fautes, les Ephémérides que Beaulieu avoit données depuis 1700 jusqu'à 1715. Je ne parle pas ici de la Connoiffance des Tems qui avoit commencé en 1679, & qui a paru régulièrement chaque année jufqu'à 1774, dont j'ai donné le volume dès 1772; c'eft le quatre-vingt-feizieme de ce Recueil. La fuite des Ephémérides fut reprise à 1715, par M. Defplaces qui en donna trois volumes, finiffant à 1744. M. l'Abbé de la Caille a commencé à 745, & fini à 1774. C'eft la continuation de ces fix VOlumes que je publie aujourd'hui, comme M. Zanotti publie à Bologne la fuite des Ephémérides de Manfredi. a Mais, comme le travail de la Connoiffance des Tems & divers autres ouvrages, ne me permetoient guere de me livrer à celui des Ephémérides, j'ai profité de la bonne volonté de plufieurs perfonnes qui aiment le Calcul aftronomique: M. Guerin le fils, Receveur des Tailles à Amboife, a fait feul & en entier les calculs du Soleil & de la Lune. M. Wargentin, ceux des quatre Satellites de Jupiter; M. Jeaurat, de l'Académie Royale des Sciences, ceux de Mercure & de Jupiter; M. l'Emery, ceux de Vénus & de Mars, avec les Conjonctions de la Lune & des Planetes aux Etoiles. Les calculs de Saturne ont été faits par Madame le Paute, qui, depuis bien des années, s'occupe avec fuccès du Calcul aftronomique M. du Vaucel a calculé les Eclipfes, & perfonne n'étoit plus capable de le bien faire; enfin Dom Monniotte, Bénédietin de la Congrégation de Saint-Maur, a dreffé le Calendrier, suivant les rubriques de l'Eglife. M. l'Abbé de la Caille a donné aux Ephémérides une forme bien plus commode pour les Aftronomes, que n'avoit fait M. Defplaces dans les trois premiers volumes; mais auffi elle exigeoit de la part du Calculateur bien plus de précision & de travail, que dans les volumes précédens : non-seulement nous avons faivi son exemple, mais nous avons encore augmenté le travail à certains égards. Ces calculs ont été faits fur les Tables qui font dans la nouvelle édition de mon ASTRONOMIE, mais on n'a point fait ufage des petites Equations du Soleil & de la Lune; cela eût été inutile pour des Ephémérides où l'on n'emploie pas les fecondes, & qui ne doivent fervir, après tout, que d'avertiffement pour les Obfervateurs. Les Tables des Afcenfions droites & des Déclinaifons du Soleil étant fort utiles pour tous ceux qui calculent des Ephémérides, M. Guerin en s'occupant de ce travail, a commencé par calculer ces Tables avec plus d'exactitude qu'on ne l'avoit fait jufqu'à préfent; & j'ai cru enrichir ce volume, en les faisant imprimer avec quelques autres Tables utiles. LA CONNOISSANCE DES TEMS, que l'Académie publie chaque année, contient de bien plus grands détails fur les Mouvemens célestes; mais ce volume d'Ephémérides fuffira pour préparer les Aftronomes aux Obfervations, ou pour faire des Calendriers dans tous les pays du monde, AUX ÉPHÉMÉRIDES, CONTENANT L'EXPLICATION ET L'USAGE LA A premiere page de chaque année contient les articles principaux du Calendrier, les Fêtes mobiles & le Comput Eccléfiaftique : on en peut voir les regles & l'explication dans le huitieme livre de mon ASTRONOMIE, art. 1 590 & suiv. On y trouve enfuite l'Obliquité de l'Ecliptique de trois en trois mois, ou l'angle de l'Ecliptique & de l'Equateur, d'après la table que j'en ai donnée dans mon Aftronomie. Je fuppofe que l'Obliquité moyenne étoit, en 1750, de 23 deg. 28 min. 19 fec. fuivant les Obfervations de M. l'Abbé de la Caille. Je trouve que, par l'attraction de Jupiter & de Vénus, elle doit diminuer d'une min. 28 fec. par fiecle (article 2744), indépendamment de la nutation de 9 fec. qui fe rétablit tous les dix-huit ans, (art. 2861). Avec ces deux élémens, j'ai calculé l'Obliquité de l'Ecliptique pour chaque année. Au refte, il y a encore quelques fecondes d'incertitude fur cet élément : mais il fe paffera peut-être bien des années, avant qu'on puiffe le fixer avec une plus grande precifion. Explication des Calculs de la premiere page de chaque mois CHAQUE année contient vingt-fix pages de Calculs, deux pages pour chaque mois; la premiere & la derniere font pour les articles principaux du Calendrier, & les Eclipfes. Les deux pages de chaque mois font placées vis-à-vis l'une de l'autre, à chaque ouverture du livre; lune fert pour le Soleil & la Lune; l'autre pour les Planetes & pour les Satellites. Après la colonne où font les jours du mois, on trouve les Fêtes & Féries, fuivant l'ufage du nouveau Bréviaire de Paris. Celles qui font chomées dans ce Diocese, font marquées en caractere italique. On y a défigné les jours de Dimanches par la lettre initiale D; &, quand elle eft précédée d'un nombre, il fe rapporte au nombre des Dimanches après l'Epiphanie, après Pâques, après la Pentecôte, ou de l'Avent, felon les temps de l'année. Nous n'entrerons pas dans l'explication des articles principaux du Calendrier & des Rubriques de l'Eglife pour la célébration des Fêtes mobiles. Nous ne nous étendrons pas non plus fur plufieurs Ufages Eccléfiaftiques & fur les Regles du Calendrier. Ceux qui voudroient en avoir une ample notion, n'ont qu'à confulter le premier volume des Ephémérides de M. Defplaces, le huitieme livre de mon ASTRONOMIE, & les Auteurs qui ont écrit fur le Calendrier. Il me fuffit d'avertir que la partie des Fêtes a été revue par M. l'Abbé Jouannaud, qui compofe chaque année le livre intitulé: Ordo Divini Officii, à l'usage du Diocese; mais j'ai mieux aimé remplir tous les jours d'un nom de Saint, que de laisser en blanc, comme on le faifoit ci-devant, tous les jours où il n'y a pas de Saints fêtés dans l'Eglife. Dans la troifieme colonne intitulée : Tems moyen à l'inftant du Midi vrai, on a marqué en tems civil, l'heure, la minute, la feconde & dixieme de feconde que doit marquer une Pendule mife fur le Tems moyen, & réglée fur le moyen mouvement du Soleil, lorfque le véritable centre de cet aftre est au méridien de l'Obfervatoire Royal de Paris. Cette différence provient des inégalités du Soleil qu'une Pendule ne fauroit fuivre, fi elle eft réglée fur un mouvement uniforme, tel que le moyen mouvement du Soleil. Pour trouver exactement cette différence, qu'on appelle l'Equation du tems, il faut convertir, à raifon de 15 degrés par heure, ou en tems du premier mobile, (& non pas en tems folaire moyen) l'Equation du centre du Soleil, & la différence entre la Longitude vraie & l'Afcenfion droite de cet aftre. Voyez le quatrieme livre de mon Aftronomie. Les principaux ufages de cette colonne font, 1°. de réduire le Tems vrai en Tems moyen, ou le Tems moyen en Tems vrai pour les Calculs aftronomiques à toutes les heures du jour : 2°. d'examiner la marche d'une Pendule, pour voir fi elle fuit le Tems moyen, & de combien elle avance ou retarde fur ce Tems qu'elle devroit toujours marquer, celui-ci étant le feul qui fe trouve dans les Tables aftronomiques. Ainfi le premier Janvier 1783, le Tems moyen eft 4 min. 7. fec. 4, 4, c'est-à-dire, qu'une Pendule bien réglée doit marquer 4 min. 7 fec. au moment qu'il fera Midi vrai fur une Méridienne ou fur un Cadran folaire. Il y a des exemples très-détaillés de ces ufages dans les Ephémérides de M. de la Caille, qu'il faut lire attentivement. L'ufage du Tems moyen & du Tems vrai étant fréquent dans l'Aftronomie, & même dans les ufages de la fociété pour la regle de la vie civile, il eft bon d'avoir une idée exacte de ces deux fortes de Tems, & de leur différence. Dans la quatrieme colonne, on a mis la diftance de l'Equinoxe au Soleil, ou de la section du Bélier au Méridien pour le midi vrai de chaque jour. Cette distance n'eft autre chofe que la différence entre 24 heures, & l'Ascension droite |