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meilleure que la commune, & à meilleur marché. On dit que le Prince Régent, dont le fuffrage ne fera ici compté, ft l'on veut, que pour celui d'un habile Chymifte, avoit affez approuvé fes vues. L'Académie, accoutumée aux discussions rigoureufes, lui fit des objections qu'elle favoit bien mettre dans toute leur force. Il les effuya avec une douceur qui auroit pu fervir d'exemple à ceux qui ne font que Gens de Lettres : mais il ceffa de s'expofer à des efpèces de combats auxquels il n'étoit pas affez exercé. Il a laiffé un Ouvrage confidérable manufcrit fur le falpêtre & la poudre.

ou les

Dans les dernières années de fa vie, il tomba dans un grand affoibliffement, qui ne fut pourtant pendant un temps affez long que celui de fes jambes dont il ne pouvoit plus fe fervir : tout le refte étoit fain. Il n'avoit point attendu l'âge infirmités pour fe tourner du côté de la Religion; il en étoit bien pénétré, & je fais de lui-même qu'il avoit écrit fur ce fujet. Je ne doute pas que la vive perfuafion & le zèle ne fuffent ce qui dominoit dans cet Ouvrage : mais fi la Religion pouvoit fe glorifier de ce que les hommes font pour elle, peut-être tireroit-elle autant de gloire des foibles efforts d'un homme de guerre en fa faveur

que des plus favantes productions d'un Théologien. Il mourut le 31 Janvier 1735, âgé de 75 ans, ayant fait tout le chemin qu'un bon Officier devoit faire par de longs fervices; feulement peutêtre un meilleur Courtifan auroit-il été plus loin.

Son caractère étoit affez bien peint dans fon extérieur; cet air de guerre hautain & hardi, qui fe prend fi ailément, & qu'on trouve qui fied fi bien, étoit furmonté ou même effacé par la douceur naturelle de fon ame; elle fe marquoit dans fes manières, dans fes difcours, & jufques dans fon ton. A peine toute la bienféance d'un état abfolument différent du fien auroit- elle demandé rien de plus.

Il avoit époufé Anne-Catherine Berrier, fille de Jean-Baptifte Berrier de la Ferriere, Doyen des Doyens des Maîtres des Requêtes, & de Marie Potier de Novion. Il en a eu deux enfans.

ELOGE

DE M. SAURIN.

Jos OSEPH SAURIN naquit en 1659 à Courtaison, dans la Principauté dorange, Pierre aurin, Miniftre Calvinifte à Grenoble, ett trois garçons, qu'il deftina tous trois au Ministère, & dont il fut le feul Précepteur, depuis l'alphabet jufqu'à la Théologie & à l'Hébreu. Jofeph étoit le dernier des trois ; & il fut reçu, quoique fort jeune, Miniftre à Eure en Dauphiné.

Beaucoup d'efprit naturel, &, ce qui eft encore plus important, beaucoup de Logique naturelle; un caractère vif, fer

noblement audacieux, & qui rendoit Péloquence plus impérieufe; un extérieur agréable & animé, qui s'accordoit au difcours, & le foutenoit ; ce furent les talens qu'il apporta à la Prédication, & qui ne manquèrent pas d'être applaudis par fon parti, dans un temps principalement où le Calvinifme, vifiblement menacé d'une ruine prochaine en France avoit befoin plus que jamais d'Orateurs véhémens. M. Saurin ne le fut

apparem

ment que trop; il s'échappa dans un Sermon à quelque chofe de hardi ou d'imprudent; & il fut obligé de quitter le Royaume, & de fe retirer à Genève, d'où il paffa dans l'Etat de Berne, qui fe reçut avec toutes les diftinctions dues à fa grande réputation naiffante, & à fon zèle pour la caufe commune.

Si fes Sermons ne lui avoient pas été volés avec d'autres effets qu'ils accompagnoient, nous pourrions parler avec encore plus de sûreté du genre de fon éloquence mais nous favons d'ailleurs quels étoient fes principes fur cette matière. Il rejettoit fans pitié tous les ornemens; il ne vouloit que le vrai rendu dans toute fa force, expofé avec fa feule beauté naturelle. Une éloquence fi févère eft affurement plus chrétienne, plus di gne d'hommes raifonnables mais ne parle-t-on pas toujours à des hommes ?

:

MM. de Berne donnèrent à M. Saurin, quoiqu'étranger, une Cure confidérable dans le Bailliage d'Yverdun. Il étoit bien établi dans ce pofte, lorfque la révocation de l'Edit de Nantes, arrivée en 1686, difperfa dans tous les Etats Proteftans prefque tous fes Confrères François, fugitifs, errans, incertains du fort qui les attendoit. Mais le bonheur dont jouiffoit en comparaison d'eux, ou dy

ELOGE

DE M. SAURIN.

JOSEPH

OSEPH SAURIN naquit en 1659 à Courtaifon, dans la Principauté d'Orange, Pierre Caurin, Miniftre Calvinifte à Grenoble, ett trois garçons, qu'il deftina tous trois au Miniftère, & dont il fut le feul Précepteur, depuis l'alphabet jufqu'à la Théologie & à l'Hébreu. Jofeph étoit le dernier des trois ; & il fut reçu, quoique fort jeune, Miniftre à Eure en Dauphiné.

Beaucoup d'efprit naturel, &, ce qui eft encore plus important, beaucoup de Logique naturelle; un caractère vif, ferme, noblement audacieux, & qui rendoit Péloquence plus impérieufe; un extérieur agréable & animé, qui s'accordoit au difcours, & le foutenoit ; ce furent les talens qu'il apporta à la Prédication, & qui ne manquèrent pas d'être applaudis par fon parti, dans un temps principalement où le Calvinifimme, vifiblement menacé d'une ruine prochaine en France avoit befoin plus que jamais d'Orateurs. véhémens. M. Saurin ne le fut apparem

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