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Ne crains point que fuivant une route vulgaire,

Et de la dedicace empruntant tous les

traits,

Foffafque tes vertus d'un encens ordi

naire,

Et t'en faße à tes yeux d'énergiques portraits.

Ainfi que l'Univers, je les vois, les admire,

C'est l'ouvrage immortel de l'Auteur des bumains i

Mais pour les pouvoir peindre, ou pour

les bien décrire,

Ce Dieu n'a point formé d'assez sçavan

tes mains.

Ma plume dés long-tems cherche à te rendre hommage,

Sur fes foibles travaux daigne jetter les yeux.

Et pour rendre fon fort à jamais glo

rieux,

Princeße, accorde-lui ton auguste fuf

frage.

HISTOIRE

HISTOIRE

SECRETE

DE LA CONQUESTE

DE GRENADE·

D

U tems que les Rois de Caftille Ferdinand & Ifabelle faifoient une rude guerre aux Maures, Dom Alphonfe Hurtade de Mendoce, Duc de l'Infantade, s'y étoit fignalé en tant d'occafions, & y avoit fait voir une fi prodigieuse va

A

leur, qu'il s'acquit avec juftice l'eftime de ces Maîtres & la confideration de toute l'ELpagne. Ce Seigneur avoit époufé par les ordres de Ferdinand & d'Ifabelle, Eleonor, de Portugal, fille du malheureux Duc de Bragance auquel Jean II. Roy de Portugal avoit fait couper la tête. La protection que les Rois de Caftille avoient accordée aux enfans de ce Prince infortuné, s'étoit manifeftée aux yeux de tout l'Univers par le mariage d'Eleonor avec le Duc de l'Infantade, dont la tendreffe pour fa vertueuse épouse répondoir avec ardeur aux fenti

mens de ces auguftes Protecteurs. Il ne pouvoit rien naître que de merveilleux d'un couple auffi illuftre, le Ciel favorable à leurs vœux leur donna pour fruits d'une fi parfaite union un fils & une fille, dignes fujets de l'admiration de l'Espagne. Ce fut pour élever avec plus de foin & d'attention cette charmante famille,que la Duchesse de l'Infantade fe retira à une de ces terres; & que tandis que fon illuftre époux donnoit fon tems aux foins de la guerre, elle s'occupa à perfectionner les vertus de fes enfans par une éducation proportionnée à la grandeur de

leur naiffance.

Dom Alvare fon fils n'avoit pas encore atteint l'âge de douze ans, que dans une fi tendre jeuneffe il faifoit remarquer dans toutes fes actions l'illuftre fang dont il étoit forti. Dona Elvire fa fœur, quoyque de deux ans plus jeune, ne laissoit pas de s'attirer des regards que l'on ne pouvoit refuser à fes charmes naiffans, & l'un & l'autre furent fouvent l'objet des loüanges & de l'envie des Efpagnols.

La Ducheffe ne negligea rien pendant cinq ans d'une retraite volontaire pour rendre fes aimables enfans di

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