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gnes de paroître dans une Cour où la vertu fe faifoit voir dans fon plus beau luftre. Elvire devint un prodige de fageffe & de beauté, & Dom Alvare fit voir en lui l'affemblage merveilleux des grandes qualitez de fon pere & des charmes de fa mere; comme il furpaffoit fes Maîtres dans tous les exercices, il fut bien tôt en état de n'en plus avoir. Son humeur naturellement belliqueufe lui faifant préferer la chaffe aux autres amusemens qu'on cherchoit à lui procurer. Un jour. qu'il s'étoit fatigué plus qu'à Fordinaire, il s'écarta de fa fuite à deffein de fe repofer

& de rêver en liberté aux moyens de quitter la vie oifive qu'il menoit dans un tems où toute la jeuneffe d'Espagne cherchoit à fe fignaler. I defcendit de cheval, & s'étant affis au pied d'un arbre,ces reflexions l'emporterent fi loing, que le jour finiffoit qu'il ne fongoit pas encore à prendre le chemin du Château, lorsqu'un grand bruit d'épées & de voix le tira de fa rêverie. Il fe leva promptement, & fans fonger à remonter à cheval, il courut où fe paffoit le combat. Il vit trois hommes contre un, qui deffendoit sa vie avec autant de valeur que d'a

dreffe: cet Inconnu en avoit déja bleffé un mortelement. Quand Dom Alvare arriva, il ne balança point à fe ran-. ger du parti le plus foible. Du premier coup qu'il porta, il tua un de ces affaffins, & l'Etranger contraignit le dernier à fuivre les autres au tombeau. Lorfqu'il fe vit fans ennemis, il s'approcha de Dom Alvare, & le faluant avec une grace qui lui étoit particuliere: Quel bonheur, lui dit-il en langue Caftillane vous a conduit ici pour me fauver la vie, & quelle fera la récompenfe quidoit payer un rel fervice? La gloire de vous l'avoir rendu, lui répondit

Dom Alvare; mais vaillant Inconnu, continua-t-il, apprenez-moi la caufe d'un combat fi inegal & le nom de celui à qui le hasard m'a pu rendre utile. Pour vous y engager par mon exemple, je ne feindrai point de vous. dire que je fuis Dom Alvare fils du Duc de l'Infantade, fa maison n'eft pas loin d'ici; & fi vous trouvez que ce que j'ai fait pour vous merite quelque reconnoiffance, je vous conjure de me la témoigner en y venant prendre le repos dont je juge que vous avez befoin.

L'Inconnu pendant ce difcours fit voir un trouble fur

fon vifage dont lui feul fçavoit la caufe, mais la crainte de fe découvrir lui fit bientôt calmer cette agitation. Il en a trop couré aux Maures,. lui dit-il, pour que le Duc vôtre pere foit inconnu à un Grenadain, je le fuis, Seigneur, mon peu de fortune ne foûtien pas la maison dont. dont je fuis forti, je m'appelle Zeluma, la Peinture fait mon occupation, & j'ai quelquefois trouvé par elle une partie des richeffes que je devrois tenir de mes ancêtres: difpenfez-moi, Seigneur, de vous en dire davantage, j'accepte l'offre que vous me fai-. te en vous fuppliant de ne me

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