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mandatum, & dans l'original Gree noxarar, qui ne peut fignifier autre chofe , que fe tinrent en repos. Mais pour remonter à la premiere fource, ce fileo, & cet nouxála, viennent de l'Ebreu up qui fignifie il ferepofa, il fut tran. quille, il demeura en paix. On lit dans Ifaie 14.7. Conticuit & filuit omnis terra, gavija eft, & epulavit. L'Ebreu por

Il eft bien conftant quif גחה שקטה te

n'y a pas de fublime dans n quievit. Peut-on s'imaginer que le mot qui lui eft joint immédiatement comme fon fynonyme, foit fublime? Ce même mot fe trouve employé dans le livre de Jofué, 11. 23. lorfqu'après le récit des conquêtes de Jofué, l'Auteur dit conticuit terra à præliis, nopy nonho0 Les Septante traduifent κατέπαυσε πολεμου

un ceßavit bello vexari. Il ne paroît en cela ni filuit, ni figure, ni fublime. Le mot Ebreu 17 a encore les deux mêmes fignifications, filuit, & quievit. C'est fort mal juger de la fignification, & de la force d'un mot original d'une langue, par la fignification & la force du mot d'une autre langue, dont on s'eft fervi pour le traduire. C'eft ainfi que dans ces paroles de la Genele, 1.3. Dixitque

Deus, fiat lux, & facta eft lux, Longin a cru trouver du fublime, faute de favoir que cette expreffion concife, qui paroît vive & forte dans la langue Grecque, dans la Latine, & dans celles qui en font dérivées, à caufe de cette répétition des mêmes termes qui femble avoir été étudiée & recherchée, eft un Ebraïfme très-commun & très-fimple dans les langues Orientales, comme je F'ai fait voir ailleurs.

XXXIII.

Des Brucolaques & des Tympanites de P'Ile de l'Archipel.

C'eft une chofe affez étrange, que ce qu'on nous rapporte (1) des Brucolaques des Ifles de l'Archipel. On dit que ceux qui après une méchante vie font morts dans le péché, paroiffent en divers lieux avec la même figu re qu'ils portoient pendant leur vie;

(1) Plegon de Mirabil.cap. 1.Turquie Chrétien, de la Croix, liv. 1. c. 25. p. 116. & feq. ex Leone Allatio, p. rr8. & Caffiano p. 119. Etat de l'Eglife Grecque du Sieur de la Croix, ch. 25.p.78. & fuiv.Voyage au Levant de Paul Lucas, tom. 2,ch, 21. p. 328,

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qu'ils font fouvent du défordre parmi les vivans, frappant les uns, tuant les autres; rendant quelquefois des fervices utiles, & donnant toûjours beaucoup d'effroi. Ils croient que ces corps font abandonnez à la puiffance du démon, qui les conferve, les anime, & qui s'en fert pour la vexation des hommes. Let Pere Richard Jefuite , employé aux Miffions de ces Ifles. il y a environ cinquante ans, donna au Public une Relation de l'Ile de Santerini, ou de Sainte Irene, qui étoit la Thera des 'anciens, dont la fameufe Cyrene fut une colonie. Il a fait un grand chapitre de l'hiftoire des Brucolaques. Il dit lorfque le peuple eft infefté de ces apparitions, ils vont déterrer le corps; qu'ils le trouvent entier & fans corruption, qu'ils le brûlent ou le mettent en pieces, & principalement (1) le cœur ; après quoi Tes apparitions ceffent, & le corps fe corrompt. Le mot de Brucolaques, vient du Grec moderne Bopros, qui fignifie, de la bouë, & de naaxos, qui fignifie foffe, cloaque, parce qu'on trouve ordinairement comme ils l'affûrent, les

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que

(1) Relat, de Santerini du P. Richard, ch... 18. p. 28

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tombeaux où l'on a mis ces corps, pleins de bouë. Je n'examine point ici fi les faits que l'on rapporte font véritables, ou fi c'eft une erreur populaire : mais il eft certain qu'ils font rapportez par tant d'Auteurs habiles, & dignes de foi, & par tant de témoins oculaires, › qu'on ne doit pas prendre parti fans beaucoup d'attention. Il eft certain auffi que cette opinion, vraie ou fauffe, est fort ancienne, & les Auteurs en font pleins. Lorfqu'on avoit tué quelqu'un frauduleufement & par furprife, ik croyoient lui ôter le moyen de s'en vanger en lui coupant les pieds, les mains, le nez, & les oreilles. Cela s'appelloit ακρωτηριάζει. Is pendoient tout cela au cou des défunts, ou ils le plaçoient fous leurs aiffelles, d'où s'eft formé le mot uagaxilar qui fignifie la même chofe. On en lit un témoignage bien exprèsdans les Scholies Grecques (3 de Sophocle. C'eft ainfi que fut traité par Menelas Déïphobe mari d'Helene, & cé fut en cet état qu'il fut vu d'Enéedans les Enfers.

(3) Vide Èleûr. v. 448. Meurfium in Ly-”cophr. p. 309. Stanleium in Æfthil. Choëph."

4375/

Atque hic Priamiden laniatum corpo

re toto

Deiphobum vidit, laceram crudeliter

ora ;

Ora, manufque ambas, populataqa tempora raptis

Auribus,& truncas inhonesto vulne

re nares.

Les anciens ont traité de fable l'hi'ftoire d'Hermotime de Clazomenes, dont on dit que l'ame fortoit fouvent de fon corps pour voyager dans des régions éloignées, & s'inftruire de ce qui s'y paffoit, & de ce qui s'y préparoit ; qn'a fon retour il inftruifoit fes compa triotes de l'avenir:mais qu'enfin fes enne mis ayant obtenu de fa femme la liberté de brûler fon corps, l'ame à fon retour fe trouvant privée de fa retraite ordi naire, s'étoit retirée pour ne plus re

venir.

Suétone écrit qu'après la mort violente de Caligula, fon corps n'ayant été brûlé qu'à moitié, & enterré fort fu÷ perficiellement; tant que ce corps fut en cet état, la maifon où il fut tué, & les jardins où il fut mis en terre, furent inquietez de fpectres toutes les nuits, jusqu'à ce que cette maifon fut brûlée, &

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