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Je ne faurois pourtant ne pas avouer que c'eft moi qui procurat la cinquième édition de fes Poëfies en 1709. Je m'en reffouviens d'autant plus volontiers, que fans cette édition, qui réveilla fes Mufes endormies,, vrai femblablement il n'eût jamais fongé aux cinq (8) nouvelles Métamor phofes, qu'il compofa en 1710 &1711.Tout fon efprit s'y retrouve. Quelle délicateffe, & pour un Savant de ce rang-là, & dans un âge fi avancé: Quelle fleur, &, fr nous ofions parler ainfi, quelle jeuneffe d'imagination!

Aurefte, fi l'on veut bien confidérer qu'il a vêcu quatre-vingts& onze ans, moins quelques jourss qu'il fe porta dès fa plus tendre. enfance à l'étude ; qu'il a toujours eu prefque tout fon temps à lui, qu'il a prefque jour tou

(8) Lampyris, Galerita, Mimus, ¿e.

jours d'une fanté inaltérable; qu'à fon lever, à fon coucher, durant fes repas, il fe faifoit li re par les valets; qu'en un mot, & pour me fervir de fes termes, ni le feu (9) de la jeuneffe, ni l'embarras des affaires, ni la diverfité des emplois, ni la fociété de fes égaux, ni le tracas du monde, n'ont pu modérer cet amour indomptable de l'érudition, qui l'a toujours poffedé une conféquen ce, qu'il me femble qu'on pour roit tirer de-là, c'est. d'Avranches eft peut-être. de tous les hommes qu'il y eut jamais, celui qui a le plus étudié. Outre qu'il étoit naturelle, ment robuste, il vivoit de régime. Dès l'âge de quarante ans il ne foupoit point. Encore dînoit-il fobrement. Il ne man

que M

(9) Huetiána, p. 4. Voyez auffi Comment ter. lib. I. p. 15. & lib. V. p. 278.

geoit que des viandes communes, point de ragoûts; & à peine mettoit-il dans fon eau une huitième partie de vin. Sur le foir il prenoit une forte de bouil lon (10) médicinal. A la vérité, lors même qu'il fe portoit le mieux, il avoit le teint d'une pâleur à faire craindre qu'il ne fût malade.

Une fingularité bien remarquable, c'est

que deux ou trois jours avant fa mort, tout fon efprit fe ralluma, toute fa mé moire lui revint. Il employa ces précieux momens à produire des actes de piété, & mourut tranquille, plein de confiance en Dieus

Je ne connois de fes manuf crits, que ceux-ci. Une Traduction Latine des Amours de Dai

(10) C'est un bouillon connu fous le nom de bouillon rouge du médecin Delorme.

Yncas

phnis & de Chloé, faite à dix-huit, ans; un Roman intitulé Le faux fait à vingt-cinq; un Traité Philofophique de la fai bleffe de Pefprit humain, fait dans le même temps que les Quæftiones Alnetan; une Réponse à M. Regis, touchant la Métaphyfique de Defcartes, fes Notes fur la Vulgate, & un recueil de cinq à fix cens lettres, tant Latines que Françoises, écrites à des Savans. Pour ce qui eft de fes livres imprimez, les voici, dans l'ordre qu'ils ont paru.

De Interpretatione libri duo. Paris, 1661.

Origenis Commentaria in Sa tram Scripturam. Rouën, 1668. De l'Origine des Romans. Pa ris, 1670.1711.

Difcours prononcé à l'Acade, mie Françoife. Paris, 1674. Animadverfiones in Manilium

& Scaligeri notas : à la fin du Manile Dauphin. Paris, 1679. Demonftratio Evangelica. Pa

ris, 1679. 1694.

Cenfura Philofophiæ Cartefiana. Paris, 1689.1694. Quæftiones Alnetana. Caen,

1690.

De la fituation du Paradis terreftre. Paris, 1691. Nouveaux Mémoires pour fervir à l'Hiftoire du Cartéfianifme. Paris, 1692. 170.

Statuts Synodaux pour le Diocéle d'Avranches. 1693. 1695. 1696. 1698.

Carmina. Hollande, 1664. 1668. 1672. 1700. Paris, 1709. De Navigationibus Salomonis, Amfterdam, 1698.

Nota in Anthologiam Epigrammatum Græcorum: à la fin de fes Poëfies, édition de Grævius, Utrecht, 1700,

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