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mere; & fon fils; je fuis bien fa chée de lui avoir déclaré nos affaires. Jacob, fi je fuis auffi vieille à tes yeux que je le fuis aux fiens je ne te confeille pas de m'époufer.

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Eh! Ne voyez-vous pas, lui dis-je, que c'est un peu par rancune. Tenez, entrè nous, ma parente, je crois qu'elle me pren'droit fi vous me laiffiez-là, en cas que je le vouluffe, & je ne le voudrois pas il n'y a point de femme qui me fut quelque chofe après vous. Mais, attendez, je m'en vais vous montrer votre vieilleffe: & je courus en difant ces mors, détacher un petit miroir qui étoit acroché à la tapifferie. Tenez, lui dis-je, regardez vos quarante-cinq ans, pour voir s'ils ne reffemblent pas à trente, & gageons qu'ils en approchent plus que vous ne dites.

Non, mon cher enfant, repritelle, j'ai l'âge que je viens de dire; & il eft vrai que prefque perfonne

fonne ne me le donne, Ce n'est pas que je me vante d'être ni fraî che, ni jolie, quoiqu'il n'ait tenu qu'à moi d'être bien cajolée:mais je n'ai jamais pris garde à ce qu'on m'a dit là-deffus.

Nous n'eumes pas le tems d'en dire davantage, car Agathe arri

va.

Hélas! Mademoiselle, s'écriat-elle en entrant à Mademoiselle Haberd; vous me prenez donc pour une caufeuse, puisque vous n'avez pas voulu que je fçûsse ce que vous avez dit à ma mere? Elle dit qu'elle s'en va pour vous chez fon Notaire, & puis delà à la Paroiffe? Est-ce pour un mariage?

A ce mot de mariage, Mademoifelle Habert rougit, fans fçavoir que répondre. C'est pour un Contrat, dis-je en prenant la parole, & il faut même à caufe de cela, que j'écrive tout-à-l'heure une lettre qui preffe: ce que je dis exprès, afin que la petite fille nous Part. II,

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laiffat en repos; car je fentois que fa prefence péfoit à Mademoisel le Haberd, qui ne pouvoit reve nir de la furprise où la jettoit la conduite étourdie de la mere.

Et fur le champ je cherchai du papier, & me mis en effet à écrire à mon pere: Mademoiselle Ha berd faifoit femblant de me dic ter tout bas ce que j'écrivois ; de façon qu'Agathe fortit.

Toute indifcrette qu'étoit la mere, elle nous fervit pourtant à merveilles. En un mot, toutes les mefures furent prises, nous eumes le fur-lendemain un ban de publié. L'après-midi du même jour nous allâmes chez le Notaire, où le contrat fut dreffé: Mademoifelle Habert m'y donna tout ce qu'elle avoit pour en joüir pendant ma vie. Le confentement de mon pere arriva quatre jours a près, & nous étions à la veille de nos nôces fecrètes, quand pour je ne fai quoi, dont je ne me ref

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fouviens plus, nous fumes obligés d'aller parler à ce Prêtre de la connoiffance de nôtre Hôteffe. C'étoit lui qui devoit nous marier le lendemain, c'est-à-dire, pendant la nuit, & qui s'étoit même chargé d'une quantité de petits détails, par confideration pour nôtre Hôteffe à qui il avoit quel que obligation.

Ce fut Mademoiselle Habert ; qui donna le foir, à fouper à cellecià fa fille, & à quatre témoins. On étoit convenu qu'on fortiroit de table à onze heures ; que la mere & la fille fe retireroient dans leur appartement ; qu'on laifferoit coucher Agathe, & qu'à deux heures après minuit, nous partirions nôtre Hôteffe, les quatre témoins de fes amis, Mademoifelle Haberd & moi, pour aller à l'Eglife.

¡Nous nous rendîmes donc fur les fix heures du foir à la Paroiffe, où devoit fe trouver cet Eccles

fiaftique à qui nous avions à parlers il étoit averti que nous viendrions, mais il n'avoit pû nous attendre, & un de fes confreres nous dit de part, qu'il fe rendroit dans une heure ou deux chez nôtre Hôteffe.

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Nous nous en retournâmes, & nous étions prêts de nous mettre à table, quand on nous annonl'Ecclefiaftique en queftion; qu'on ne nous avoit pas nommé, & à qui on n'avoit pas dit notre nom non plus.

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Il entre. Figurez-vous notre é tonnement ! quand au lieu d'un homme que nous pensions ne pas connoître, nous vimes ce Direc teur qui chez Mesdemoifelles Habert avoit decidé pour ma fortie de chez elles.

Ma prétendue fit un cri en le voyant, cri affez imprudent, mais ce font de ces mouvemens qui vont plus vite que la réflexion Moi j'étois en train de lui tire

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