Anatomie & la Chirurgie que j'ai mis au jour en Langue Flamande, depuis plus de vingt ans que te digne Magiftrat de notre célebre Ville de Gand me fit l'honneur de me charger de l'inf truction des Etudians en Chirurgie, ont beaucoup contribué dans les Pays-Bas Autrichiens, au progrès d'un Art finéceffaire ; j'ai cependant compris que la Traduction de mon Anatomie Chirurgicale en Langue Françoife, avoit befoin d'une puiffante protection. Un Ouvrage tranfmis dans une Langue qui me m'eft pas naturelle, ne fçauroit avoir également dans toute fa fuite l'élegance & la correction dont il auroit befoin pour fe faire goûter, non feulement des Chirurgiens François qui font répandus dans ces Provinces, mais encore à toute la Nation Françoife, envers laquelle j'ai prétendu par cette Traduction m'acquitter d'une ancienne dette, en lui faifant part des avantages que m'ont procuré les études que j'ai faites aux Ecoles de Paris que j'ai long-tems & affidûment frequentées dans ma jeunesse. Ceft, MONSEIGNEUR, ce qui m'a fait prendre la liberté de fupplier-très-humblement VOTRE EXCELLENGE de me permettre de la publier fous fes favora bles aufpices, parce que tout le monde fera perfuadé que VOTRE EXCELLENCE, dont les lumieres font fi pénétrantes, n'auroit pas permis de mettre for illuftre Nom à la tête d'un Livre, dont quelques défauts d'élocution ne feroient pas compenfez par la folidité & l'in tegrité de la doctrine qu'il contient. " La grace que m'a faite VOTRE ExCELLENCE de vouloir bien accorder à cet Ouvrage l'honneur de fa protection toute refpectable, m'engage indifpenfablement à vous donner ici ici un témoignage public de ma gratitude. Je faifirois même avec plaifir cette occafion de m'étendre fur l'ancienneté & la haute Nobleffe de votre origine, & fur les rares talens que poffede VOTRE EXCELLENCE, tant pour le gouvernement des peuples, que pourle commandement des Armées qui ont porté S.M. Impériale, après vous avoir confié à ces deux égards les emplois les plus importans en d'autres Etats de fa domination, à vous honnorer enfin du Premier Miniftere au Gouvernement de fes belles & riches Provinces des Pays-Bas. S Mais comme je ne me connois point la fupe-· riorité de génie, ni l'éloquence dont il faudroit que je fuffe amplement partagé pour donneraux éminentes qualitez de VOTRE EX-CELLENCE, tout le relief qu'elles méri tent, je m'en tiens, MONSEIGNEUR, comblé de vos graces, à la déclaration fimple & fincere que j'ai l'honneur de faire à VOTRE EXCELLENCE moins par mes foibles expreffions, que par mon filence, du dévouement. > ā iij le plus foumis, & du profond respect avec lequel mon devoir & ma reconnoissance m'obligent d'être, MONSEIGNEUR, DE VOTRE EXCELLENCE; Le très-humble & trèsobéiffant ferviteur J. PALFIN, Chirurgien & Anatomifte de la Ville de Gand. PREFACE QU Uand on m'a fourni l'idée de cette nouvelle Anatomie, je ne penfois à rien moins qu'à la compofer. Celle de M. Verrheyen mon intime ami, écrite en Langue Latine avec exactitude, & depuis traduite en Flamand, & les Démonf trations Anatomiques de M. Dionis, fameux Chirurgien de Paris, qui avoit été d'abord Chirur gien Ordinaire de la Reine, puis fucceffivement Confeiller & Premier Chirurgien des deux Dames Dauphines, & des Princes de France, déduites avec beaucoup d'ordre, d'élegance & de netetté, me paroiffoient fuffire pour donner à ceux qui commencent à exercer la Chirurgie, les juftes notions qu'ils doivent avoir de la ftructure du corps humain, & des parties qui entrent en fa com-polition. Mais il arriva inopinément qu'en parlant de mon Ofteologie à un célebre Chirurgien de Paris de mes bons amis, avec qui je fuis en commercedepuis plus de vingt-cinq années, & lui ayant marqué que ce petit Ouvrage avoit été affez bien reçû en Hollande & dans les Pays-Bas, il m'exhorta à composer en faveur des jeunes Chirur giens un Traité d'Anatomie, dans le cours du quel au lieu de me beaucoup étendre fur des explications de pure Phyfique, que l'on peut s'exem ter d'approfondir, fans rien faire perdre à la defcription des parties de fa jufteffe & de fa régula-rité, il feroit beaucoup plus avantageux aux Chi. rurgiens qui ne font pas fort avancez dans l'exers cice de cette Profeflion, de leur faire obferver en les inftruifant de la ftructure de chaque partie, ce qu'ils doivent faire ou éviter en opérant, pour maintenir ces organes, ou les rétablir dans leur intégrité, & les préferver des atteintes qu'une mauvaise manoeuvre pourroit leur donner; qu'un pareil Cours d'Anatomie étoit defiré depuis longtems, fans que perfonne fe fùt mis en peine de l'exécuter. Comme jé défere beaucoup aux avis de cet ami, dont je connois l'habileté, je me mis bientôt en devoir d'accomplir ce projet le mieux qu'il me fût poffible, & je le publiai d'abord en Langue Flamande, accompagné de Notes, que je crus utiles aux Praticiens de nos Provinces dans 'exercice actuel de leurs Opérations, & pour faciliter le fuccès de leurs traitemens dans la cure des Maladies Chirurgicales qui pourroient tomber entre leurs mains, méditant dès lors, en cas qu'il fût favorablemeut reçu, de le traduire en Langue Françoife, en confidération des jeunes Chirurgiens de cette nation, qui font répandus non feulement dans nos Provinces, mais auffi en Hollande, en Pruffe, en differens endroits de f'Allemagne, & dans les Etats du Nord, pour qui je n'ai pas une moindre prédilection que pour mes Compatriotes, prétendant en cela leur faire une egere reftitution des bons enfeignemens que j'ai puifé dans les Ecoles de Paris dès ma premiere jeuneffe, & dont j'ai tâché de faire encore un meilleur ufage dans un âge plus mûr, où je me fuis fenti beaucoup d'émulation à profiter des excellentes leçons que l'on y prodigue à tous ceux qui fe portent avec ardeur à fuivre ces fçavantes Ecoles, & à conferver avec foin la mémoire des utiles inftructionsque des Profefleurs confommez dans |