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Qu'eft-ce

la même année. Je fis l'ouverture de fon corps, & je trouvai les os de la cuiffe, des jambes, des bras, les clavicules, les côtes, les vertebres, les os des ifles tous moulus & brifez, & il n'y avoit aucun os de fon corps fans fracture.

Ils étoient même fi menus & fi tendres, qu'on ne pouvoit les tenir entre les doigts fans qu'ils fe fondiffent en petits fragmens mous comme une écorce d'arbre moüilléc & pourrie. Ils étoient fi fort remplies d'une moëlle rougeâtre, qu'ils fembloient fe fondre & fe diffoudre en cette

matiere.

Les os du crane s'enfonçoient fous les doigts comme eeux des enfans de 15. jours. Les cartilages & les jointures n'avoient aucune marque d'alteration. Les parties internes étoient fott faines, & il n'avoit paru en tout fon corps aucun figne de mal précedent: car la verole carie les os ; au contraire ceux-lâ étoient fondus & ramolis par un diffolvant.

J'ai vû démontrer quelques-uns de ces os ramolis par M. Duverney, au Jardin du Roi, en fes Cours publics & particuliers.

Le cartilage eft un corps d'une fubftance compacte, d'uque le carti- ne blancheur luifante & polie, fur-tout aux extrémitez lage? des grands os; ils font pourtant moins durs & moins caffants que les os; mais auffi moins fouples & moins fenfibles que les ligamens, & ne different des os que par leur molleffe;leur nombre eft plus grand aux enfans qu'aux adultes, parce que dans les premiers il y en a plufieurs qui doivent s'offifier dans la fuite, par le défaut du fuc onctueux qui les entretenoit dans leur flexibilité.

Ufage des Cartilages.

Il y en a auffi qui s'offifient contre l'ordre naturel, com-
me on le remarque aux fujets d'un âge fort avancé, où
l'on trouve les cartilages des côtes, & ceux des os pubis
tout-à-fait offifiez.

On trouve des cartilages prefque à toutes les extrémi-
rez des os qui forment des conjonctions, & l'on en re-
marque de très-forts & de très-épais aux grandes jointu-
res, comme font celles des hanches & des épaules. Ily
en a auffi de minces & de flexibles, comme font ceux
de l'afpre artére: Ils ont auffi des figures differentes, en
ce que
les uns forment des éminences, & les autres des
cavítez; de-plus les uns font longs & ronds, les autres
larges & plats, & d'autres repréfentent d'autres figures.
Les cartilages ont differens ufages dans le corps animé;

eux qui fe trouvent aux extrémitez des os dans la plûpart des jointures, facilitent & adouciffent le mouvement des os, dont les extrémitez s'uferoient par leur collifion fréquente, fi eiles fe touchoient immédiatement. Il y en a d'autres qui fervent à couvrir & à défendre des vifceres, auffi-bien qu'à foutenir des muscles, comme font les cartilages qui forment les extrémitez des côtes qui fe joi gnent au fternum; d'autres fervent à former des organes, comme ceux des oreilles & du nez ; d'autres entretiennent des conduits toûjours ouverts, comme ceux du larinx & de l'afpre attére; mais leur ufage le mieux marqué, eft de fervir de moyen pour l'union des os.

LES

CHAPITRE III.

Des Membranes & des Ligamens.

Es membranes font des toiles dont la trame eft for- Ce que c'eft mée de fibres, qui ont de la foupleffe & du reffort, que membra & qui font étendues fur toutes les parties du corps tant nes. interieurement qu'exterieurement.

Ces toiles font felon les lieux où elles fe trouvent plus Leurs diffe minces ou plus épaifles, plus lâches, ou plus tendues, plus ou tences. moins fenfibles; leurs dimenfions felon la longueur ou la largeur, fe moulent fur les parties qu'elles environnent; enfin la blancheur qui eft leur couleur naturelle, auff bien que leur tranfparence, ont auffi du plus ou du moins, felon qu'elles font plus ou moins parfemées de vailleaux fanguins.

Les membranes les plus remarquables font au foetus, le chorion & l'amnios,qui l'enveloppent,& qui contiennent les eaux dans lesquelles il nage pendant tout le tems qu'il féjourne dans la matrice, & qui s'échappent au tems de l'accouchement. L'épiderme, la peau & la membrane graiffeufe environnent le corps humain de toutes parts; d'autres membranes revêtent interieurement les principales cavitez, & fe replient même fur les vifceres qui y font contenus, comme les meninges à la tête, la plevre à la poitrine, & le peritoine au bas-ventre. Il y a des membranes qui couvrent le corps de tous les mufcles: prefque tous les os font couverts de leur periofte; le pericarde enveloppe le cœur.

Un repli de la plevre forme dans le milieu de la poi

trine une cloifon membraneufe, qu'on nomme le Mé diaftin, qui la fépare en deux parties; elle fe replie auffi fur le poûmon, & l'afpre artére en a une particuliere qui accompagne toutes les divifions.

Dans la cavité du bas-ventre, le peritoine fe replie auffi fur tous les vifceres qui y font compris ; comme font le foye, la ratte, l'eftomac, le mezentere, les inteftins les reins, la veffie, l'épiploôn, & le refte. Enfin plufieurs membranes ou tuniques forment les conduits qui fe diftribuent dans toute la machine animale, qui font les artéres qui conduifent le fang du cœur aux extrémitez, & les veines qui le rapportent des extrémitez au cœur, & font ainfi circuler le fang fans cefle & fans interruption. Les membranes forment auffi les tuniques déliées des vailfeaux lymphatiques qui contiennent la lymphe, & elles accompagnent auffi les nerfs qui diftribuent dans toute l'étendue du corps l'efprit animal pour le fentiment & le mouvement de toutes les parties. Voyez Planche 2. fig. 2. A. B.

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Ufage des De ce que l'on vient de dire, il eft aifé de recueillir membranes. quels font les ufaget des membranes. 10. Elles couvrent & défendent d'autres parties, comme la dure & la piemere qui couvrent le cerveau. 20. Elles forment tous les conduits qui fe diftribuent dans toute l'étenduë de la machine pour la circulation des fucs dont elle a befoin pour fa fubftance, & elles forment auffi beaucoup d'autres parties qui font toutes membraneufes comme l'eftomac, les inteftins, la veffie urinaire, celle du fiel, & d'autres parties. 30. Elles fervent à attacher & lier ensemble certaines parties qui feroient autrement vagues & confules, comme le mefentere qui lie & attache le conduit intefti nal depuis l'orifice inferieur de l'eftomac jufqu'à l'anus. 40. A féparer la cavité de la poitrine en droite & en gauche au moyen du mediaftin. so. A fervir d'organes aux fenfations exterieures, comme la retine à la vision; la membrane qui tapifle les lames du nez, à l'odorat; celle qui revet la langue, au goût; la membrane du timpan, á l'ouïe; la peau à l'attouchement.

Comme les membranes font fort fufceptibles d'inflammation, on donne aux inflammations qui leur arrivent differens noms felon les differens lieux où elles fe trouvent : L'inflammation qui arrive à la tunique de l'œil la plus exterieure, dite conjonctive, eft appellée ophtalmie elle qui arrive aux membranes qui enveloppent le cer

veau,

veau, eft appellée phrenefie; celle qui arrive a la plevre, pleurefie; aux membranes qui couvrent les glandes & les mufcles du gofier, fquinancie; & au peritoire, difpofition inflammatoire.

Les ligamens font des tiflus de fibres forts & fermes Ce que c'eft comme des cordes ou de fortes toiles, qui ont neanmoins que ligabeaucoup de foupleffe, & dont la couleur eft blanchâtre, ment.

Ces parties different à raifon de leur confiftence, & de Leurs diffe leur fenfibilité; par rapport à leur confifter ce, on nomme rences. les ligamens cartilagineux, membraneux & nerveux, felon qu'ils ont plus de rapport aux cartilages, aux membra nes, ou aux nerfs à l'égard de leur fenfibilité, ceux qui font des productions des parties tendineufes ou nerveufes, font plus fenfibles que ceux qui ne font attachez qu'à

des os.

Les ufages des ligamens font, 10. De lier les os enfem- Ufages des ble dans leurs conjonctions, & d'empêcher qu'ils ne puif- ligamens. fent le difloquer que par d'extrémes violences. 20. De fufpendre & arrêter certaines parties, comme la matrice, le foye, & d'autres. 30. De former des efpeces d'anneaux où de poulies, qui empêchent l'écartement des tendons de certains muscles, comme on le voit aux ligamens annulaires de la jointure du poignet, & de celle du pied, quí brident les tendons extenfeurs & fléchifleurs des doigts, & en empêchent l'écartement.

Ces ligamens fe ramolliffent & fe relâchent quelquefois lorfqu'ils font trop abrevez par des humeurs fuperfluës, & qui fait que les os ou d'autres parties qu'ils maintenoient dans leur fituation s'en échappent; en forte que le relâ chement de ces ligamens caute de diflocations de caule interne, & des defcentes de matrice.

CHAPITRE IV.

Des Artéres & des Veines.

Es artéres font des conduits formez de plufieurs tu

Ce que

Lniques denfes & fenées, aufquels on fent une pulfa- que l'accert

tion qui dépend de leur dilatation & de leur contraction, lefquels ont leur origine aux ventricules du cœur, où ils reçoivent le fang qu'ils diftribuent enfuite à toutes les parties du corps par une infinité de divifions & fubdivifions qui fe terminent à des tuyaux imperceptibles.

B

Combien il Toutes les artéres qui fe trouvent dans le corps, font ya d'artéres. des propagations de deux troncs principaux, dont l'un D'où elles fort du ventricule droit du cœur, on la nomme l'artére fortent. pulmonaire, & l'autre fort du ventricule gauche, que l'on appelle l'aorte ou la groffe artére. Le premier tronc porte le fang aux poumons, & le fecond le diftribue à toutes les parties du corps par une infinité de branches & de ramifications, qui ont leurs noms particuliers, comme on peut le voir fur la Planche 38.

Fa quelles

artéres on

tion.

Le mouvement de dilatation & de contraction des artérés dépend du fang dont elles fe rempliffent continuelTent la pulfa- lement, & dont elles fe vuident dans les veines pour entretenir le mouvement circulaire. La pulfation de ces conduits fe remarque principalement aux artéres qui font fituées peu profondement, comme à l'artére du carpe, où les Medecins touchent le pouls, & en touchant l'artére temporale. Ce mouvement des artéres devient douloureux dans les fortes fiévres, à caufe des efforts que ces tuyaux font obligez de faire pour chaffer le fang en avant, dont le cours eft ralenti par le levain étranger qui s'y mêle, & qui le rend plus épais & moins propre à fe mouvoir. Cette pullation eft encore plus douloureufe dans la formation des tumeurs phlegmoneuses, où les artéres fe trouvent fi fort comprimées, qu'elles ne peuvent lancer le fang qu'en faifant des efforts très-violens, & heurtant rudement contre les parties qui les environnent.

Ce que c'eft Les veines font des conduits dont les tuniques font moins. que la veine. fortes & plus fouples que celles des artéres, dont ils reçoivent le fang pour le reporter au cœur felon les loix de la circulation.

Au lieu que les artéres fortent du cœur, comme nous l'avons déja marqué, les gros troncs des veines s'y terminent & partent des extremitez des artéres par une infiniCombien il té de tuyaux capillaires. On remarque trois principaux ya de veines, troncs de veines, qui font la veine cave, la veine pulmo Veine cave. naire, & la veine porte: La veine cave fe décharge par eine pulmo- une large embouchure dans la cavité droite du cœur,

Baire.

& y verfe fans celle le fang qui revient de toute l'habitude du corps: La veine pulmonaire eft adherente à la cavité gauche du cœur par une grande ouverture, & elle fe vuide dans cette cavité de tout le fang qui a paffé au travers des poûmons.

Veine porte. Lastructure de la veine porte est toute differente de elle des autres veines dont nous venons de parler : elle

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