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commence par un nombre innombrable de ramifications qui font difperfées dans quelques vifceres du bas-ventre, lefquelles s'étant ramaflées dans un gros tronc qui traverfe le foye dans fa partie cave, se partage de nouveau par une infinité de branches dans toute la fubftance du foye. La principale fonction des artéres & des veines, eft, Ufage des comme on l'a déja dit, de la part des artéres, de porter arteres. le fang à toutes les parties du corps, tant pour leur nourriture & pour leur accroiflement, que pour les vivifier, & donner lieu à la féparation des differentes liqueurs que fournit la maffe du fang à differens vifceres; liqueur dont Usage dos la féparation eft abfolument neceffaire au maintien de l'œconomie animale; & la fonction des veines eft de rapporter au cœur le fang qui revient de toutes les parties, afin de les révivifier de nouveau par le nitre aërien qu'il reçoit dans les poûmons, & de le mettre en état de circuler encore avec toute la mafle fanguinaire, & de fournir une nouvelle matiere à toutes les fecretions qui fe font dans les differens vifceres.

veines.

connoître la circulation

du fang.

De ce que nous venons de dire de la fonction des ar- Maniere de téres & des veines, il eft évident que le fang pafle continuellement des unes dans les autres, & il eft aifé de s'en convaincre fur un chien vivant, en découvrant l'artére & la veine crurale; puifqu'après avoir lié l'une & l'autre, on verra la veine fe gonfler entre le lien & fon extrémité, & qu'elle fe flétrira entre le lien & le cœur, au lieu que l'artére fe gonflera entre le cœur & la ligature, & qu'clie fe defenflera depuis la ligature jufqu'à l'extrémité. Voyez Planche 2. fig. 3. A B.

En paflant il y a quelques années par la ville de Delft en Hollande, M. de Bleyfwyk Profefleur en Anatomie & en Chirurgie dans la même Ville, me fit l'honneur de me mener chez M. Leuvenhock, qui me fit voir au moyen d'un microscope la circulation du dang dans la queuë d'une anguille,&parce que les branches des veines reçoivent le fang des extrémitez des artéres, elles s'accompagnent & fe rencontrent par tout ensemble; mais les grandes branches font tantôt unies, & tantôt féparées, & même les veines montent bien fouvent par-deflus les artéres, ce qui femble avoir été fait pour défendre ces derniers con duits des injures exterieures, d'autant que leurs bleflures à caufe de l'impetuofité du fang quelles contiennent, oc. cafionnent une hemorragie plus dangereufe que celle des

vcines.

Communi

tion des

eaux de a méme ef

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Mais non-feulement les vaifleaux fanguins de differen te efpece communique entr'eux, mais auffi ceux de la mê me elpece, comme de veine à veine, & d'artére à artére, ce que les Anatomiftes ont jufqu'à prefent regardé comme une chofe particuliere à la tête & a la matrice.

La communication de tous ces vaisleaux de veine à veine, d'artére à artére, & des veines aux artéres par des Anaftomofes, n'a point été ignorée de Galien, non-feulement aux parties exterieures, mais auffi aux interieures, & particulierement dans la matrice, dont les veines & les artéret ont une telle communication enfemble, qu'on ne peut fouffier dans les unes, que les autres ne fe gonflent incontinent; c'est une obfervation de Galien au 10. de l'ufage des Parties, chap. 12. où il propofe l'exemple de la tête, afin qu'on connoifle par-là que la communication qui fe fait en cette partie, fe fait auffi en toutes les autres.

:

La nature, dit le même Auteur, a diversement mélangé dans la face, & dans toute la tête les veines avec les artéres les veines même avec les veines: celles du côté droit, avec celles du côté gauche : celles de celui-ci, avec celles de celui-là: celles du devant, avec celles du derriere: & celles du derriere, avec celles du devant, auffibien que celles du dehors avec celles du dedans.

Il étoit très-neceflàire que les vaifleaux fanguins eussent entr'eux une pareille communication, afin que dans les differentes flexions du corps, le cours du fang étant interrompu par la compreffion de quelque artére, il puiflè patler librement par d'autres, comme on le voit par l'operation que l'on fait à l'a ncurifme ou à la branche d'artére qui accompagne la bafilique étant liée, la partie du bras qui eft au-deflous de la ligature ne laifle pas de recevoir du fang arteriel pour fa vivification & pour La nourriture, au moyen des branches laterales qui fourniffent à cette partie autant de fang qu'elle auroit reçu de celle dont la ligature lui a ôté l'influence, ce qui eft un effet de la communication qu'elles ont entr'elles.

Les artéres, comme nous avons déja dit, font d'une font confiftence plus fol.de & plus épaifle que celle des veines, & tant les unes que les autres font compofées de quatre atre tu- tuniques très-bien diftinguées dans les grandes artéres & dans les grandes veines, mais dans les petits conduits, elles font i minces, qu'elles y font indivisibles.

S.

More &

Ja premiere tunique de l'artére ou la plus exterieure alburetu- eft tendincufe, & même offifiée dans des fujets extréme

sent vieux; elle reçoit quelques branches de nerfs & un nique des an allez grand nombre de vaiffeaux fanguins, comme on le teres. peut voir clairement dans les cadavres de gens qui font morts fans hemorragie.

La feconde tunique de l'artére eft parfemée d'une in- Seconde finité de petits grains glanduleux blanchâtres, & de quan- nique. tité de vaisseaux de toute efpece, qui font très-évidens au tronc de l'aorte.

La troifiéme tunique eft mufculeufe, & formée de fi- Troifiéme bres charnues qui entourent le corps de l'artére en for- tunique. me de cercles.

Quatrieme

La quatriéme qui eft l'interieure, eft la plus mince & la plus déliée de toutes; elle eft membraneufe & même ten- tunique. dineufe, & aflez forte. Ses fibres font longitudinales, & coupent les fibres de la tunique précedente à angles droits. Ses fibres font auprés du cœur prefque toutes charnuës.

Les tuniques de l'artére fuppofées telles que nous venons Ufages de de les décrire, outre qu'elles forment le canal de l'artére, tuniques. elles forment auffi un muscle creux, dont la tunique exterieure & interieure font les tendons, & les fibres charnuës de la troifiéme tunique font le ventre du muscle. Les nerfs & les vailleaux fanguins qui fe diftribuent à ces tuniques y portent la matiere de leur nourriture, & les elprits necellaires à leur mouvement, comme dans les autres mufcles. Ainfi ce mufcle creux, que l'on appelle ar tére, fert à pouffer le fang qu'il a reçu du cœur à toutes les parties du corps, & le mouvement de ce mufcle qui confifte dans fa dilatation & fa contraction, eft ce qu'on appelle le battement de l'artére.

Les tuniques des veines font moins folides & plus min- Premieres ces que celles des artéres, & elles font auffi fituées diffe, exterieuse remment: car la premiere tunique eft membraneule & tif- tunique des fue de fibres longitudinales, qui ne font pas difpofées comme font celles de la quatrième des artéres, puisqu'elles fe croifent le plus fouvent.

veines.

Quatriema

La feconde tunique des veines eft vafculaire comme la Seconde tu-premiere des artéres; la troifiéme eft glanduleufe comme nique. la feconde des artéres ; la quatrième comine la troifiéme de Troitiéme l'artére, eft compofée de fibres charnues circulaires, mais tunique. fort minces, parce qu'il faut beaucoup moins de force pour tunique., pouller le fang dans les venes, que dans les artéres, parce que le fang venal n'a rien à fournir aux fécretions qui doivent enfiler des routes fort étroites, fi ce n'eft au foye, Sutre que le fang que les arterioles fourniflent aux veines,

Il eft necef

faire que le fang circule plus lentement par les

veines.

Pourquoi le fang circule plus lente

ment dans les veines.

vient de canaux fort éroits & fituez lateralement, d'où il paffe dans des conduits plus droits, & qui s'élargiffent de plus en plus. Voyez Planche 2. fig. 4. & s.

Il étoit neceflaire que le fang qui circule avec impetuofité dans les artéres, trouvât quelque réfiftance dans les vcines, afin que les fucs qui doivent être féparez du fang arteriel dans le cours de fa circulation en differens vifceres, fuflent plus aifément fequeftrez; car fi le fang venal par fon cours moins rapide, ne formoit quelque obftacle à l'impetuofité du fang des artéres, le fang arteriel prendroit fi promptement la place de celui qui couleroit dans les veines, qu'il ne fe feroit prefque aucune féparation ni pour la nourriture des parties, ni dans les glandes pour les differentes filtrations: & comme le fang qui pafle de la veine porte dans la veine cave, y coule auffi d'un tronc gros & droit dans de petits conduits qui forment plufieurs angles qui retardent un peu fon cours, & que la bile en doit être féparée par les petits pores des glandes du foye; ce tronc eft auffi compofé de tuniques plus épaiflès; en forte qu'il eft en état de faire prefque la fonction d'une artére.

Or, comme on a dit ci-devant que le fang ne doit pas être pouflé avec tant de force par les veines que par les artérés, afin de ralentir fa circulation, il y a encore des raifons de cette lenreur de circulation, tant de la part du cœur, que du côté du fang: de la part du cœur, en ce que le mouvement d'impulfion que le fang a reçu de ce premier mobile diminuë beaucoup dans fon cours, tant parce que fes particules heurtent fans ceffe contre les parois des conduits qu'il parcourt, joint que dès qu'il a patlé dans les velnes, la premiere impulfion qu'il a reçu du cœur fe rallentit beaucoup par l'éloignement de ce premier mobile du côté du fang, à caufe qu'il perd beaucoup de fes parties les plus fines & les plus volatiles dans les differens filtres où il eft obligé de les dépofer; & par conféquent ces particules déliées manquent au fang venal, ce qui le rend moins fluide,moins animé& plus épais. Puifque le fang circule plus lentement dans les veines que dans les artéres, (je ne parle point des vaiffeaux pulmonaires) ils font aufli pour cette raifon beaucoup plus amples: car par-tout où le fang circule plus lentement, il s'arrête plus long-tems en chemin, & en s'accumulant il doit occuper plus d'étenduë. Il paffe plus Et quoique les veines foient plus amples que les artéde fang par res, il palle plus de fang par les artéres que par les veines, ce qui s'employe pour la nourriture, & ce qui eft féparé

les artères.

dans les differens couloirs, ne paffant point dans les veines, à l'exception du petit trajet qu'il y a de la veine foutlaviere au cœur, par où passe tout le chyle qui fe décharge du canal thorachique dans cette veine, d'où il pafle dans la veine cave, qui le verfe dans le ventricule droit du cœur. Voyez l'infertion du canal thorachique chap. 1o.da 11. Traité.

celle d'une

Puis donc qu'il pafle plus de lang par les artéres que L'ouverture par les veines, qu'il y eft plus fluide & plus animé, qu'il d'une artere y eft pouflé avec plus de force, tant par le mouvement eft plus dans d'impulfion du cœur, que par celui des artéres ; il eft d'une gereuse que conféquence neceflaire que le fang arteriel doit fortir de veine.. l'ouverture d'une artére avec plus d'impetuofité que de celle d'une veine, & par conféquent que fa playe d'une artére. eft plus dangereufe que celle d'une veine, parce que l'hemoragic qui procede d'une artére, eft beaucoup plus difficile à réprimer.

C'eft aufli pour cela même que dans un corps mort prefque Pourquof tout le fang fe trouve dans les veines, & que les artéres les veines font prefque vuides, parceque dans les mourans, le dans uncor foible mouvement du cœur & des artéres, n'a de force que pour pouffer le fang jufques dans les veines, & que venant du fang. à celler abfolument, le ang ne peut pas être pouflé plus

loin.

mort font plusremplice

La diminution du mouvement du fang dans les veines, Valvules eft même fi confiderable, que le fang s'y arrêteroit, fi dans les vei des efpeces de foupapes que l'on remarque dans l'interieur nes. des conduits veineux d'efpace en efpace, ne fecondoient fon mouvement, particulierement dans celles qui font fituées perpendiculairement, excepté dans les veines de la matrice, & dans celles de la veine porte, on les nomine des valvules; quelquefois il n'y en a qu'une, & quelquefois il y en a deux, & jufqu'à trois enfemble. Ces petits cercles membraneux font tellement difpofez dans l'interieur des veines qui y étant attachées d'un côté, elles font libres de l'autre de maniere qu'elle peuvent s'ouvrir du côté du cœur, & fe fermer du côté des extrémitez; de telle forte qu'elles empêchent le retour du fang, lorfqu'il a une fois paflé au-delà de l'endroit où elles fe trouvent, & qu'elles le fupportent contre fon propre poids ; & leur. ufage eft fi neceffaire, que lorfque le poids du fang a for cé le reffort de ces valvules, le fang s'arrête dans les veines, &y forme des tumeurs que l'on appelle des varices; ce qui arrive aux perfonnes qui font de violens exereices, qui partent des fardeaux bien pefans, ou aux fer

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