condamné le fens de Calvin dans la premiere & dans la cinquiéme Propofition, qu'on fçait tresdifferente du fens de Janfenius: c'eft dire par une fuite neceffaire, que l'Eglise n'a pas condamné le fens de Janfenius dans ces Propofitions, qui en est cependant le fens propre & naturel. Le P. Juenin devoit éviter avec d'autant plus de foin cette interpretation infoutenable des Decrets de l'Eglife, qu'on fçait le grand ufage qu'en ont fait ceux qui ont figné le Formulaire, fans vouloir condamner interieurement le Janfenifme. Ils ont prétendu cenfurer le Calvinifie, en fignant avec un ferment folemnel le Formulaire, lequel étoit la condamnation formelle du Jansenisme. C'est là leur fecret, pour jurer contre la verité & contre l'intention de l'Eglife fans être parjures. To. 4. Concilior. S. Gelafe fe plaignoit aux Evêques de Dardanie de la fauffe prétention de ceux, qui défendoient Acace, fous pretexte qu'il n'avoit pas été nommément rejetté par une cenfure précife de quelque Concile: Ideo Acacium non putare jure damnatum, quòd non fpeciali Synodo videatur fuiße dejectus. Ici Pon tend que les condamnations les plus fpeciales fulminées contre le Janfenisie, n'ont rien operé contre le dogme particulier des cinq Propofitions de Janfenius. Voici une herefie d'un caractere nouveau. Quelques foudres que l'Eglife ait lancé contre elle, tout est retombé fur le Calvinisme; quoique le fens de Calvin ne puiffe être attribué aux Propofitions de Janfenius dont nous venons de parler, que par une malignité particuliere, & avec des glofes étranges qu'on ne peut fupposer sans bet... manifefta fit veritas, nunquam defit quod pernicio fa depromat & falfi •Cum quamli- une infigne mauvaise foy. Si cette ruse peut fauver le Jansenisme, je dis hardiment qu'on ne le peut pas condamner; felon la grave penfée du Pape S. Gelafe. « Car quelque évidente que foit la verité, l'erreur trouvera toujours dans fon opiniâtreté de quoi se défendre ; & au défaut de la raison & de l'autorité, elle fçaura l'art de difpu» ter toujours & de ne jamais ceder. tas, tametfi ratione vel authoritate de ficiens, folâ tamen contentione non cedens. Ibid. II. EVASION du Parti, adoptée par le P. Juenin: L'Eglife, en attribuant un fens heretique au Livre de Janfenius, a pû fe trom Not. In Conci b Voici encore une nouvelle évafion des Jansenistes, qui contient une erreur pernicieufe, que Clement XI. vient de cenfurer avec toute l'Eglise. Notre Theologien la auffi embraffée à l'aveugle. Le P. Juenin favorife ouvertement la maxime pernicieufe des Janfeniftes, Qu'il fuffit de garder le fiper, & on ne lui lence fur la Definition des Conciles Generaux dans doit au plus en ce point, qu'une fou- tout ce qui regarde les faits purement humains. miffion de filence. Voici comme il juge à propos de diftribuer fes mauvaises préventions contre l'autorité de l'Eglife. Aprés avoir foigneusement distingué le fait & lio de quo agitur le droit, en traitant du V. Concile: il dit, dans sa (Conftantinopolitano H.) duo clari- 1o. conclufion, que ce Concile a toujours été d'une tatis caufà, diftin- autorité divine quant au droit ; &, dans fa 2°. conguenda funt. Prius clufion, il fe contente de dire, que c'est à tort que damnatio nimirum plufieurs ont parlé publiquement contre le V. hærefis tum Nefto- Concile touchant les trois Ecrits dogmatiques, que rianæ, tum Euty chianæ. Alterum eft les Peres de ce Concile ont cenfurez; donnant à quæftio facti, nem- entendre par les termes artificieux de ces deux pe utrum tria Capi- conclufions, 1°. que les Conciles n'ont point reçû Neftorianam conti- l'autorité de J. C. pour juger du fens des Ecrits & nerent. To. 1. p. 325. des Livres en matiere de Religion, 2°. qu'on ne doit Concilium Conftan- à leurs Decifions qu'un refpectueux filence. quæftio juris eft, tula reverâ hærefim CONCLUSIO I. tinopolitanum II. in Il faut bien obferver que l'Auteur n'a marqué en en aucun endroit de fa Theologie, que l'Eglife ait. iis, quæ ad jus spereçû de J. C. une autorité fouveraine de décider du fens des écrits dogmatiques, ni que tout Fidele foit obligé indifpenfablement de foumettre fon efprit à la definition fur ce point. Le V. Concile n'avoit-il donc pas reçû de JESUS-CHRIST, l'autorité pour juger la question des faits dogmatiques des trois Ecrits: & les Fideles ne doivent-ils point d'autre foumiffion à ces fuprêmes Décifions de l'Eglife, que celle du filence? C'eft la maxime favorite du Parti, qu'il a plû au P. Juenin d'embraffer dans fa Theologie. tant, divinæ fuit femper authoritatis. Plures olim oblocuti funt V. generali Syfacti: fed immeritò. nodo in quæftione To. 1. p. 326. CONCLUSIO 2. a Generalíum Syno dorum definitionibus, in iis etiam que facti, exhibenda eft, meri funt humani religiofo faltem filentio, reverentia, To. I. p. 327 parle des faits do trinaux tels qu'étrois Ecrits confarez dans le V. Concile general, dont l'Au toient les fens des Il faut, dit-il, refpecter ces Décifions AU MOINS par un religieux filence; c'est-à-dire, qu'en rigueur on ne peut pas exiger davantage. C'eft ainfi que les Theologiens parlent, quand ils expliquent l'obligation rigoureufe de quelque precepte: par exemple, on dira qu'on eft obligé de fe confeffer au moins une fois l'an, pour fatisfaire au precepte de la confef-ro; il étend fion annuelle; qu'on doit entendre la Meffe au moins les Fêtes & Dimanches, pour fatisfaire au commandement d'affifter au Sacrifice de la Loy nouvelle. En effet entre tous ceux qui ont refufé de fe foumettre à la Censure du V. Concile general contre les trois Ecrits dogmatiques en question, notre Auteur ne trouve de blâmables que ceux qui ont ofé la combattre par des écrits publics: Culpandi funt igitur Facundus & aly... qui quinta generalis Synodi definitionem.... publicis fcriptis exagitarunt; donnant entendre par-la, qu'ils ne font coupables que pour n'avoir pas gardé le filence. C à cette maxime à tous les faits non reveIn corum etiam opilez; car il ajoute : nione qui... fentiut Ecclefiam effe in fallibilem in folis factis quæ feripturâ. aut traditione con tinentur, non autem in cæteris quæ minimè revelata fút. Culpadi funt igitur quinta generalis Šypublicis feriptis exanodi definitionem... Facundus & alii, qui gitarunt.T.i.p.327 Ecclefia eft folùm infallibilis circa ea, quæ revelatione aut explicitâ aut impli Comme il n'excepte ici que les faits contenus dans la revelation de l'Ecriture & de la Tradition: cette maxime s'étend à tous les faits dogmatiques; cità continentur, è c'eft-à-dire au fens des Ecrits que l'Eglife même contra verò falli po- universelle a cenfurez comme heretiques : fur lefquels l'Eglife n'a besoin d'aucun autre temoin que le livre même, & fur lefquels elle a constamment exigé dans tous les fiecles une entiere foumiffion d'efprit de ses enfans. teft circa res & facta lo modo continentur. To. 1. p. 641. quæ revelatione nul b Laudanda verò eft quàm maximè œconomia Romanæ Sedis, quæ nufquá à fua cómunione removit Gallos, Hifpanos, Hy : faits Il est visible, que les Inventeurs de cette maxime ont pretendu mettre à couvert le Livre de Jansenius contre les Cenfures de l'Eglife; comme fi elle n'avoit pas l'autorité fouveraine pour nous obliger à nous foumettre entierement & indispensabernos, quòd quin- blement à ces fortes de Décifions. tam Synodú propter trium Capitulorum œcumenicas Syno To. 1. p. 327. b De là cette affectation du P. Juenin à exalter damnationem inter au-deffus-de-tout le menagement du Siege Apodos non admitteret. stolique à l'égard des Evêques François, Efpagnols, & Hybernois, qu'il falloit inftruire, & qui fe foumirent à la fin. De là son affectation à taire au contraire la fermeté du Siege Apoftolique, qui ufa de • Prædicta itaque tria impia Capitula severité quand la question fut fuffilamment éclairanathematizamus et cie, & qu'il eût fait voir que le V. Concile geneimpium Theodo- ral n'étoit pas opposé au IV. Car on fçait qu'il prorum, &c.... Quin nonça alors anatheme contre tous ceux, qui refuferoient de condamner les Ecrits & les Auteurs, que l'Eglife avoit condamnez dans le V. Concile. condénamus,fcilicet etiá QUEMCUMQUE, qui crediderit, aliquo ullo tempore ca Capitula debere fuf C cipi, aut defendi, vel conatus fuerit hanc præfentem condemnationem fubvertere, SIMILI ANATHEMATI SUBJICIMUS. Vigilius, Ep. ad Eutychium Archiep.CP. To. 5. Concill. p.596. De Liguribus atque Veneticis & Iftriis Epifcopis quid dicam ? quos idonea eft Excellentia veftra & ratione & poteftate reprimere, & dimittitis cos in contemptum Apoftolicarum Sedium de fua rufticitate gloriari: cum, fi quid cos de Judicio univerfalis Synodi, quod Conftantinopoli per primam nuper clapfam Indictionem actum eft, fortè movebat, ad Sc L'Auteur a fuivi en cela le ftile des Ecrivains du dem Apoftolicam, fuis, qui dare & accipere rationem pof fent, dirigere debue electis aliquibus de runt; & non claufis fti Dei noftri, hoc eft, fanctam Ecclefiam lacerare. No Parti, qui ont donné le même tour à la grande affaire des trois Chapitres, c'est-à-dire des trois Ecrits cenfurez par le V. Concile general. Ils ont fenti le poids de cette autorité, qui prouve évi- oculis corpus Chridemment l'obligation qu'ont tous les Fideles, de fe foumettre interieurement & exterieurement aux Condamnations que l'Eglise fait des livres heretiques. Car ce Concile exigeoit fous peine d'anatheme une foumiffion entiere à la Cenfure qu'il avoit faite, & frapoit de la même peine ceux qui refufoient de condamner les trois Ecrits qu'il avoit cenfurez, ou qui les défendoient fous quelque prétexte que fût, foit en leur donnant un bon fens, foit en tâchant de juftifier la mauvaise doctrine qu'ils contenoient, foit en infirmant l'autorité du S. Concile qui venoit de les rejetter comme heretiques. се LITE ergo DUBITARE hujufmodi homines pricipali velJudiciaPRIMERE. Pelag. I. Epift. ad Narfen li Autoritate COM 34. To. 5. Concill. P. 792. Vide & Epist. ejufdem ad eumdem sam. Sicut fancti Evan gelii quatuor libros, fic quatuor Concilia fufcipere & ve nerari me fateor.... Quintum quoque Concilium pariter veneror... Cunctas verò, quas præfata veneranda Concilia perfonas refpuunt, refpuo; quas venerantur, amplector: Quia dum univerfali funt confenfu conftituta, SE ET NON ILLA DESTRUIT, quifquis præfumit aut folvere quos ligant, aut religare quos folvunt. Quifquis ergo aliter fapit, ANATHEMA SIT. S. Greg.M. Epift. ad Joann. ČP. 24. Lib. 1. Eos autem, quicumque ab eifdem fanctis Patribus in memoratis quatuor Synodis vel quintâ fub piæ memoria Juftiniano confectâ, diverfis vicibus damnati leguntur, Ego, meaque Ecclefia, corumdem venerandam Patrum autoritatem fequentes, INSOLUBILI DAMNATIO NE PERCELLIMUS. Diurn. Romanor. Pontiff. Tit. VI. Il paroit par ce paßage du Journal on Liber Diurnus des Papes, que tous les Evêques, au moins ceux qui étoient confacrez par les Papes, étoient obligez, avant leur confecration, d'anathematiser, tant pour eux que pour leurs Eglifes, les trois Chapitres & rous ceux qui les défendoient. Le P. Jucnin, à l'exemple des Défenfeurs de Janfenius, n'a rien oublié pour affoiblir cette preuve; en diffimulant que les Fideles qui faifoient difficulté de fe foumettre, ne regardoient pas cette Cenfure comme étant de l'Eglife univerfelle, parce qu'ils croïoient fauffement le V. Concile contraire |