áu IV. Il diffimule que les Schifmatiques convenoient avec les Catholiques, qu'il falloit fe foumettre entierement aux Décifions de l'Eglife univerfelle, & que Les Jugemens étoient irrevocables.

Nul d'entre eux n'oppofoit fon évidence prétenduë & fes lumieres particulieres à celles de l'Eglife universelle, mais feulement l'autorité du Concile. de Calcedoine, reconnu par toute l'Eglife comme Oecumenique, à celle du Cinquième qui l'avoit fuivi, & qu'ils ne recevoient pas encore comme tel, ainfi que nous l'avons évidemment prouvé dans notre Ordonnance contre le Cas de confcience.

Facundus lui-même, adoptant les paroles de l'Empereur Marcien, dit nettement, Quea c'est une impieté de fe donner la liberté d'opiner contre la Décision de l'Eglife univerfelle, Que c'est une extreme folie de chercher une fauffe lueur aprés que l'Eglife a répandu le jour éclatant par fa Décifion, Qu'aprés la decouverte de la verité, qui>> conque veut encore examiner cherche le menfonge. Il fuppofe donc que la verité fe montre à nous par la Décifion de l'Eglife univerfelle.

Voila ce que le P. Juenin devoit relever dans Facundus, pour s'opposer à tout ce que les Défenfeurs de Janfenius ont écrit fans fondement fur cet article.

pas

En exaltant la tolerance de l'Eglife à l'égard des François, Espagnols, & Hybernois : il devoit faire remarquer, que leur resistance n'étoit fondée fur la fuffifance du filence refpectueux à l'égard des Décifions generales de l'Eglife, mais fur ce que ces Eglifes particulieres ne regardoient pas le V. Concile comme Oecumenique, & fur une fauffe perfua

fion qu'ils avoient, que les trois Chapitres con-
damnez le V. Concile, avoient été approuvez
par
par le précedent Concile general qui étoit reçû de
toute l'Eglife.

Cette tolerance portée jusqu'au point où l'étend la Theologie du P. Juenin, qui feroit fans fermeté & pour toûjours à l'égard même des opiniâtres, & qui tend à ne blâmer que ceux qui ofent combattre les Définitions de l'Eglife en ces matieres par des écrits publics, autoriferoit non feulement la maxime erronée des Jansenistes, (Que le filence refpectueux fuffit à l'égard de ces Condamnations de l'Eglife contre les Livres heretiques,) mais encore l'orgueil, la préfomption, & l'hypocrifie, qui defuniroit l'efprit des Fideles des fentimens de l'Eglife leur mere fur des matieres tres-importantes à leur falut.

Diligentioren

præcedentium tem

La Regle d'œconomie, que l'Eglife a toujours fuivie dans ces Décifions qui font fi liées à la caufe me... fcandala fecu de la Foy, eft d'ufer dans les commencemens de ta fecerunt. Fortè inter initia locus pomenagement & de douceur à l'égard de ceux qu'il tuit effe lenitati: faut inftruire mais de punir enfin la contumace malè (ficut notum de ceux qui ne veulent pas obeïr à fa décision. eft) per acceffus C'est ce que dit admirablement bien le faint & fça-porum, vant Pape Hormifdas: « La fuite des fcandales augméta creverunt. m'a rendu plus foigneux & diligent à remedier au mal. Peut-être au commencement pouvoit- « ISSI. on ufer d'indulgence: avec le tems le mal s'est « augmenté.

Ceferoit une chose bien affligeante, que ceux qui combatent pour l'unité de la Foy, fûllent moins fermes que ceux qui la divifent. Qu'on

errorum

Hormifd. Epift. 78
To. 4. Concill. p.

b Durum eft, ut "efficacior fit eorum « pertinacia qui dividunt pacem, qua corum qui afferunt « unitatem. Ibid,

Et quis hoc poffit admittere, ut ad illa per pacem cre

damur adduci, ad

difcordię neceffitate compelli ? Ibid.

"

fouffre, dit-il, avec charité les plaies pendant un », certain tems, » certain tems, pourvûque ce foit dans le deffein d'y appliquer le remede. "Et pourroit-on croire quæ non potuimus >> que l'amour d'une paix mal-entenduë nous fera confentir à la fin à ce que la crainte de la discorde n'a pû nous arracher?" Quand il est question du falut, convient-il à ceux, qui ont l'autorité de JESUS-CHRIST, de ceder à la volonté de ceux, qui dans les chofes du falut leur doivent une en» tiere foumiffion?

b Et putetur equum, ut contra

faluté Princeps fubjectorú volútaté potiùs fequatur, quàm pro fua falute fubjecti Principis famulentur imperio? Ibid.

"

Si ce faint Pape a parlé ainsi dans la cause d'Acace fauteur declaré de l'herefie Eutychiene: qu'auroit-il fait dans celle d'un Livre qui eft bien plus liée au dogme de la Foy; dont tout le procés, pour ainsi parler, est par écrit, dont toutes les preuves font invariables & toutes entre les mains de l'Eglife, qui feule a reçû de J. C. l'autorité fuprême & le commandement d'en juger en dernier reffort? Le Pape Pelage I. dans la caufe des trois Chapitres fi femblable à celle de Jansenius, ' veut que, s'il fe trouve des gens qui ne fe rendent dociles aux inftructions du S. Siege Apoftolique, mais qui par une obftination infurmontable refiftent à ses Décifions: on ait recours felon les Canons à l'autorité féculiere, pour reprimer leur audace, & pour empêcher que leur exemple ne devienne contagieux, & ne foit à d'autres une occafion de chute & de fcandale.

с

pas

Le Theologien qui prend fur lui le foin de compofer une Theologie à l'usage des Seminaires, n'auroit-il pas dû établir folidement ces maximes indubitables, & faire voir la neceffité indispensable

qu'ont tous les Fideles, de fe foumettre interieurement aux Décisions de ce fuprême tribunal touchant la censure des livres dogmatiques?

Ne devoit-il pas mettre devant les yeux de notre Clergé, ces belles paroles de S. Auguftin: "Je ne croirois pas à l'Evangile, fi l'autorité de l'Eglife ne m'y déterminoit. Ceux donc en qui j'ai crû, quand ils m'ont dit, Croïez à l'Evangile: pourquoi ne les croirai-je pas, quand ils me disent, Ne croïez pas aux Manicheens?

a

Ego Evangelio

non crederem, nisi

cc me catholicæ Ecclefiæ commoveret autoritas. Quibus ergo obtemperavi dicentibus mihi, Crede Evangelio cur eis non obtéperem di

cc.

L'Eglife n'eft-elle donc pas aujourd'hui également digne de créance, quand elle nous dit, Ne croïez pas au Livre de Janfenius, croïez au contraire que fon Livre contient une doctrine heretique, impie, blafphématoire, & dérogeante à la bonté de Dieu dans le mystere fondamental de notre Redemption par JESUS-CHRIST?

La fouveraine raifon d'un chrétien c'eft l'autorité de l'Eglife. Toute évidence prétendue, oppofée à celle de notre Sainte Mere, eft une illufion. C'eft l'Eglife qui a reçû, dans la perfonne des Pafteurs, l'ordre de JESUS-CHRIST, & le pouvoir de noter les faux Prophetes & les Novateurs, & de preferver les Fideles du mauvais levain de leurs erreurs. C'est à Elle à nous conduire dans le chemin de la verité. Le Fils de Dieu nous ordonne de l'écouter, pour n'être pas du nombre des Infideles & des Publicains.

Le P. Juenin ne devoit-il pas enfeigner & inculquer même dans fa Theologie ces anciennes & importantes maximes, que la Religion a gravées dans le cœur des vrais Fideles, dont on avoit déja fait

centibus, Noli credere Manichæis? S. Aug. Lib. contra Epiftolam Fundamenti, c. 5.

afage en tant d'occafions contre les Janfeniftes que Clement XI. a fi bien réunies dans fa derniere Conftitution; Que prétendre qu'il fuffit de garder un religieux filence fur ces points impor"tans, & en particulier sur le sens du Livre de Janfenius, ce n'est pas renoncer à l'erreur, mais la » cacher : ce n'est point guerir la plaïe, mais la cou» vrir : ce n'eft point obeir à l'Eglife, mais s'en moquer: c'eft ouvrir une voie large aux enfans de defobéiffance, & fomenter par ce filence l'herefie de Janfenius; (à quoi il ajoute ) que, c'est une impudence, qui bleffe non feulement la fincerité chrétienne, mais encore l'honnêteté naturelle: d'affûrer, comme l'ont fait quelques-uns, qu'il eft permis de foufcrire au Formulaire d'Alexandre VII. quoiqu'on ne croye pas interieurement l'herefie foit contenuë dans le Livre de Jan

23

"

que

» fenius ?

"

C'est ainsi que doivent penser & écrire ceux qui fe chargent de l'inftruction du Clergé, & qui ne veulent point favorifer l'erreur.

Mais il ne faut pas omettre icy, que le P. Juenin. ne garde pas lui-même le silence religieux, dont il fembloit avoir reconnu l'étroite obligation. Jugeons de fa Theologie felon les maximes erronées auxquelles il s'eft borné. Il faut AU MOINS, dit-il, respecter par un religieux filence les Décifions des Conciles generaux qui regardent un fait purement humain. Facundus & les autres font blamables d'avoir osé écrire publiquement contre la Définition du V. Concile general (que plufieurs ne regardoient pas encore comme un Concile general. )

Que