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allume un incendie prodigieux, furtout à la faveur d'un Parti confiderable, & quand une foule d'Ecrivains fouffle & irrite ce trifte embrasement.

,

Il n'y a de la part d'un Auteur, qui s'eft égaré, de correctif fuffilant à fes erreurs qu'une nette & entiere rétractation. "C'eft la Loi canonique que l'on a fuivie dans l'affaire du Janfenifme. Leporius a laiffé un exemple de foumiffion qu'il feroit à defirer que les Difciples de Janfenius vouluffent imiter. Il suivit en cela, au raport de Gennadius, l'impulfion de S. Auguftin & des Evêques

des Gaules.

b

Voici ce qu'en écrit Caffien qui lui avoit infpiré la même chose. Leporius, alors moine & maintenant Prêtre, Sectateur de l'herefie Pelagienne qu'il avoit foutenue dans les Gaules, s'étant converti aprés nos avertiffemens, fit une fi folemnelle rétractation, qu'on peut dire que fa converfion n'eft gueres moins à admirer, que la Foi inviolable de plufieurs i parceque le premier bonheur eft de ne point tomber dans l'erreur, & le fecond est d'en faire une fincere abjuration. Etant donc revenu à lui, il ne fe contenta pas de faire dans l'Afrique, où il demeuroit alors & où il eft encore à prefent, une confession publique de fes erreurs, qui étoit autant pleine de douleur que d'une fainte impudence à déclarer fes anciens égaremens mais il écrivit encore des lettres à toutes les villes des Gaules, remplies du même aveu & des mêmes gémissemens ; afin de faire connoitre fon changement dans tous les lieux qu'il avoit fcandalifez par fa faute.... Nous avons jugé à propos, continue Caffien, d'en inferer ici quelque chofe pour deux raifons. La 1o. afin de conferver parmi nous un temoignage de fon retour édifiant. La 2. 'afin qu'il ferve d'exemple à ceux qui béfitent à le fuivre...

Le defir d'abolir cette Secte obligeant l'Affemblée de fuivre les moiens qui font preferits pour

cela dans l'ancien & le nouveau Droit canonique, Elle ordonne que les Auteurs qui ont écrit contre

la teneur des Conftitutions, outre la foufcription qu'ils. eteront par écrit ce qu'ils ont enfeigné. Affemblée du Clergé

doivent faire, rétra

du 1. Fevrier 1661. Voulons que ceux qui ont écrit, enfeigné, ou prêché aucune chofe contraire auxdites Bulles,

foient tenus en fignant ledit Formu

faire de se rétracter ; tion dans l'acte qui fera expedié de leur foufcription. Declar.

dont fera fait men

du Roi pour l'exccutio de la Bulle duis.

Fevrier 1665. enregiftrée au Parlement

le 29. Avril 1665..

nachus modo prefbyter, qui ex Pelagii,

Leporius tunc mo

ut fuprà diximus, inftitutione, vel po

tius pravitate defcédens, apud Gallias adfertor prædictæ hærefeos, aut inter

primos aut inter ma

admonitus, à Deo

emendatus: ita male conceptam perfuafioné magnificè con

demnavit, ut non

randa fit correctio il

qu'étant frapez de la même maladie ils aient recours au ximos, fuit à nobis même remede. Leporius donc aiant reconnu combien fon erreur étoit pernicienfe, & aiant ouvert les yeux à la lumiere de la Foi, commence ainfi les Lettres de fa rétractatation aux Evêques des Gaules. Je ne fçai, mes venerables minus pæne admi- Seigneurs, par où je commencerai mon acufation ; & je ne lius, quàm illæfa fçai auffi par où commencer à m'excufer. Ignorance, ormultorum fides:quia gueil, fotte fimplicité, perfuafion pernicieuse, ardeur exprimum eft errorem ceffive, & pour parler plus veritablement, une foi foible, rere,fecundum bene qui m'a manqué, font les caufes de ma perte. Je me repudiare. Is ergo in trouve coupable de tous ces vices; enforte que je fuis dans fe reverfus non fo- la derniere confufion d'avoir obéi à tant de passions fi condamnables, je ne fuis pas moins étonné de me pouvoir flater à prefent d'en être délivré par la grace.

penitus non incur

lum in Africa, ubi

tunc erat atque nunc eft, tam errorem fuum cum do

lore, quàm fine pudore confeffus eft : fed etiam ad omnes admodum Galliæ civitates, Alebiles confeffionis ac planctus fui litteras dedit: fcilicet ut ubi deviatio ejus prius cognita erat, illic etiam emendatio nofceretur: & qui teftes erroris antea fuerant, iidem poftea correctionis effent.

Ex cujus confeffione, vel potius deploratione, nonnulla inferenda existimavimus, duplici ex caufa: ut correctio corum & nobis teftimonio, & his qui nutant, exemplo effet: quorumque errorem fequi non erubuiffent, corum emendationem fequi non erubefcerent; ac ficut fimili ægritudine infirmarentur, ità fimili remedio fanarentur. Is ergo agnitâ opinionis fuæ perverfitate, & infpectâ fidei luce fcribens ad Epifcopos Gallicanos, ita exorfus eft: Quid in me primum, ô Domini mei venerandi, & beatiffimi facerdotes, accusem nefcio, & quid in me primum excufem, non invenio. Sic imperitia & fuperbia, fic ftulta fimplicitas cum perfuafione noxia, fic fervor cum intemperantia, fic, ut verius dicam, cum fui diminutione debilis fides, fimul in me omnia recepta viguerunt, ut tot & tantis fimul fit & obediffe confufio, & hæc eadem ab animo potuiffe cedere mihi ftupenda gratulatio. Caffian. Lib. 1. de Incarn. Chrifti contra Neftorium, cap. 4. & ș.

Leporius fait enfuite une confeffion dans le plus grand detail de la Foi Catholique, fur tous les points opofez à l'herefie de Neftorius, & fur quelques-unes des erreurs de Pelage qu'il avoit aufli embraffées ; & il paroit évidemment que fon plus grand soin, est de ne laiffer aucune équivoque ni aucun foupçon

V

fur la fincerité & l'integrité de fon retour.

&

Il s'eft toujours trouvé des ames droites, qui aiant eû le malheur de fe méconter, ont réparé leurs fautes par une vraie & entiere rétractation. S. Auguftin lui-même s'eft rétracté. Un Prelat distingué par fa pieté, par fon rang, par rang, par fon efprit, par tant d'autres qualitez,aiant écrit dans une matiere de Religion que plufieurs Myftiques avoient embaraffée, n'a pas tardé d'un moment à cenfurer, par un Mandement public, fon propre Ouvrage, dés qu'il a été rejetté par le S. Siege. N'y a-t-il donc pas lieu d'efperer pour l'édification de l'Eglife, que notre Auteur, qui a eû le malheur de femer fes erreurs dans toute l'Europe, n'hésitera pas à les rétra&ter; puisqu'il a promis une entiere foumission, & qu'il a le bonheur d'être encore dans une pieuse & fçavante Compagnie, dont fans doute il écoutera les fages confeils. Ce font là les dignes fruits de la penitence. Celui qui ne peut pas réparer en entier le dommage qu'il a caufé à l'Eglife, doit le faire du moins autant qu'il lui est possible.

Il faut qu'il ne refte rien d'obscur & d'ambigu dans la rétractation de ceux qui ont eû le malheur d'autoriser les duplicitez du Parti; parce qu'une funefte experience ne fait que trop voir, que les Janfeniftes qui fignent aujourd'hui le Formulaire, pratiquent les mêmes équivoques & diffimulations, que S. Leon condamnoit dans les Sectateurs de Pelage; ce qui faisoit dire à ce grand Saint ces belles paroles: a Qu'ils condamnent ouvertement les Auteurs de leur Superbe heresfie, & qu'ils deteftent leur mauvaise doctrine que l'Eglife univerfelle a rejettée avec horreur : Qu'il n'y ait

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• Voiez les paroles de S. Leon ci-dessus,

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fuum occultare ftudent, etiam poftea

Vons

• Dum morbum rien d'obfur ni d'ambigu dans leur foumiffion : car nous fÿa,. que par une mauvaise finesse, ils pretendent avoir quam convicti funt, mis en fureté tous les mauvais fens de leur dogme, dés impudenter negant, qu'ils peuvent par leur duplicité en mettre la moindre partic· cofque condemnant à qui eadem fentiunt, & couvert de la cenfure.

Hift. Eccl. c. III.

b En 427.

thematifmum fue

, numquam

amplius in pofterum

locum habeat, ne

que

b

C

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a

que ipfi in pectore Les heretiques Meffaliens étoient de ce caractere.. habétrecódita. L.4. Voulant cacher leur maladie, dit Theodoret, lorfqu'ils Je trouvent convaincus, ils nient tout avec impudence, & Si quis poft anails condamnent hautement les mauvais fentimens qu'ils renrit aliquando depre- ferment dans leur cœur. C'est pour cela que le Concile henfus vel verbo, tenu à Conftantinople écrivit une lettre aux vel opere in fufpi- Evêques de Pamphilie, portant Que fi quelqu'un cionem hujus morbi lapfus à l'avenir étoit convaincu par paroles ou par effet d'être fufpect de l'herefie des Meßaliens il devoit être fi decies millies déposé quelque promesse qu'il fist d'acomplir fa penipolliceatur fe effe pa- tence. Long-tems auparavant, le Concile de ratum ad omnia, Syda " & le celebre Evêque Flavien d'Antioche ad poenitentes avoient condamné Adelphius heretique Meffacill. p. 1686. ex lien avec fes complices, quoiqu'ils temoignâffent alors Je repentir & renoncer à leur herefie; parceque cet heretique & fes Sectateurs avoient donné des preuves de leur duplicité.. Et en effet on les convainquit enfuite lui & fes Affociez de leur peu de fincerité; phius licet pænitentiam polliceretur, & malgré leur foumiffion aparente, on decouvrit non cft admiffus, qu'ils étoient encore liez au parti & à la doctrine quavis hærefim de des Meffaliens.:

que

attinent. To. 2. Con

Photii Cod. 52.

d En 383. V. Photium ibid.

In eo Concilio

Syde habito, Adel

teftari videretur: quoniam non ex corde pœnitentia & re

nuntiatio facta effet. 7.2.Concill.p.1015.

d

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Selon la fageregle de S. Auguftin, On ne peut connoitre avec certitude l'entiere 'guerifon de ceux qui ont erré, que lorsqu'ils auront autant de zele pour confeffer hautement & pour deffendre les veritez de la Foi, qu'ils en ont eu autrefois pour la diffimuler & pour la comnifi cum non folùm battre.

Bec Phat. ibid.

f Nec utrum fa nati fint fciri poteft,'

b

a

Quand il feroit vrai (ce qui n'eft pas, comme nous l'avons fi évidemment démontré) que le P. Juenin pour le fond du Dogme n'auroit pas embraffé le fyfteme erroné de Janfenius; il ne pourroit excufer la complaifance qu'il a eûë pour cet Auteur, & les menagemens qu'il a gardez pour ne le point condamner. C'eft en vain qu'il fe couvriroit du pretexte fpecieux d'en avoir ufé ainfi par un efprit de paix. Car la paix ne doit jamais être recherchée au préjudice de la verité. Nous devons la procurer à nos freres, qui fe font égarez; en les faifant rentrer, comme dit S. Jacques, dans la voie qu'ils ont quittée, & non pas en nous égarant avec eux. C'est uniquement par là que nous fauverons leur ame & la nôtre. C'est à eux à fe repentir du mal qu'ils ont fait : & non à l'Eglife, qui n'a rien preferit aux Fideles que de neceflaire contre l'erreur. Et quand la Foi n'y feroit point intereffée, & que fans la bleffer il feroit poffible de fe réunir avec ceux qui foutiennent le Livre de Janfenius: le parti feul agreable à Dieu, feroit de les faire revenir à la foumillion dûe à l'Eglife, fans nous départir en rien de ce qu'elle a décidé. Il ne nous eft pas permis d'aller à eux en nous écartant des Décifions & de la conduite de notre fainte mere; comme fi les Janfenistes avoient eû raifon de deffendre le Livre de Janfenius, & que l'Eglife eût manqué en le condamnant dans le fens propre & naturel de cet Auteur. C'est aux partifans de Janfenius à fe repentir de leur obftination, & non à l'Eglife & à fes enfans à revenir de fa fermeté & de fes Décifions. Car il eft évident, dit le Pape S. Hormifdas, que la

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viæ fuæ, falvabit ani mam cjus à morte,

& operiet multitudinem peccatorum. Jac. 5. V.19. 20.

Rogo, Clemcn

fiffime Imperator ne me aut ad de

ferenda hæc quæ dudum beneplacita funt, aut mutanda compellas... cum in evidenti fit,quia pœnitentia malorum eft operum, non bonoenim & magis Deo placitum, fi falvâ fide ecclefiaftico corpori jungantur abfciffi, quam in abfciffos tranfeant qui in Beati Petri imnione manferunt. Hormidas Pava Ep. 78. ad JustiAugustum

rum.... Melius eft

maculatâ commu

num

7.4. Concil. p.15 51.

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